Factures d’électricité. Face à l’augmentation incessante des prix de l’électricité – une hausse de 45% en deux ans, la France insoumise se tient en ordre de bataille. À l’origine des hausses : le marché européen de l’électricité. Contrairement à ce que racontent les macronistes et autres défenseurs de ce marché qui marche sur la tête, la réforme qui vient d’être votée n’y changera rien. Pire, elle privatise davantage encore cette ressource essentielle qu’est l’électricité, et acte la fin des tarifs règlementés pourtant essentiels aux citoyens.
Alors que le candidat du parti socialiste Raphaël Glucksmann a récemment déclaré être contre la sortie du marché européen de l’électricité, et que les Écologistes menés par Marie Toussaint ont, eux, voté pour cette réforme absurde, Marina Mesure, députée européenne de la France insoumise publie une tribune à charge contre ce système qui étrangle les Français.
Elle revient sur la supercherie de ce marché qui ne bénéficie qu’aux grandes firmes productrices, et porte avec force un projet alternatif : sortir du marché de l’électricité et revenir à un service public national de l’électricité. Un objectif : sauver le porte-monnaie des Français. « Le 9 juin votez pour la liste LFI, la seule liste qui remettra les biens essentiels entre les mains du peuple » conclut l’eurodéputée. Notre article.
Un marché européen de l’électricité qui fait flamber les factures
Marina Mesure pose les bases : comment cette hausse est-elle rendue possible par ce marché ? Tout simplement, car les prix de l’électricité des différents marchés nationaux sont indexés sur le prix de la centrale la plus chère à faire fonctionner à l’heure où l’électricité est vendue. Naturellement, tous les prix sont tirés vers le haut, au bénéfice des producteurs d’électricité. Un système absolument absurde, qui a fait augmenter les factures des français de plus de 45% en deux ans.
Pour aller plus loin : Marché européen de l’électricité : ce système absurde qui fait flamber les factures
Comment la mise en place d’un tel système a-t-elle pu être justifiée ? Le marché européen était censé inciter l’investissement dans de nouveaux moyens de production électriques à forte rentabilité, nous dit Marina Mesure. Pourtant, force est de constater que l’objectif est loin d’être atteint. Depuis la libéralisation du secteur, la quantité d’énergie produite en France stagne, tandis que les prix s’envolent. Un échec total donc.
Marina Mesure, expliquait déjà à nos équipes en 2023 : « Le coût réel de l’électricité ne varie pas depuis dix ans… Les factures flambent, car les hausses de prix sont liées au gavage des producteurs et des fournisseurs… Seul le retour à la gestion publique par la sortie du marché européen, avec un pôle public de l’énergie, permettra des tarifs réglementés qui correspondent aux couts de production et non à la spéculation des marchés ».
Les petites entreprises françaises comme les particuliers ou encore les collectivités territoriales sont profondément affectés par cette volatilité du prix, explique Marina Mesure. 45% d’augmentation en deux ans. Des millions de Français qui ne peuvent plus se chauffer. Des entreprises qui mettent la clé sous la porte et des collectivités territoriales contraintes de couper les vivres à leurs services publics. La réponse de l’Union européenne et de Macron ? Une réforme qui empire la situation.
Pour aller plus loin : Les boucheries et boulangeries bientôt rayées de la carte en France ?
La réforme du marché de l’électricité : une impasse totale
« La réforme du marché de l’électricité, loin d’apporter des solutions, creuse les inégalités d’accès à l’électricité, en particulier entre petites et grandes entreprises » tacle Marine Mesure. Et pour cause, la réforme entend généraliser le recours à des contrats appelés « PPA », qui constituent une véritable privatisation de l’électricité et excluent de fait les petits consommateurs de l’électricité la moins chère. Cette réforme achève donc de retirer à l’État ses derniers leviers d’action, abonde l’insoumise. Actant la fin des tarifs règlementés, la réforme passe sous silence total la question des superprofits des géants de l’énergie, pourtant à l’origine de l’explosion des prix à la consommation.
Alors que la réforme interdit tout bonnement le retour à un monopole public sur la production et la vente d’électricité, le camp insoumis appelle au contraire à un retour à un service public national de l’électricité, seul à même de satisfaire les besoins des citoyens et des petites entreprises à un prix raisonnable.
Le 9 juin, les insoumis sont déterminés à sauver les factures des Français
Par cette tribune, Marina Mesure remet donc les points sur les i : il est impossible de sauver les factures d’électricité des Français en restant dans ce marché européen de l’électricité. Pourtant, face à cette impasse soutenue coûte que coûte par le Gouvernement, la France insoumise est bien seule à défendre un autre modèle.
Au Parlement européen, le 11 avril dernier, la réforme a non seulement été votée par les macronistes et l’extrême droite de Bardella, mais aussi par une partie de la gauche qui semble avoir perdu sa boussole et oublié ses engagements signés autour du programme de la NUPES. Marie Toussaint, tête de liste des Écologistes aux élections européennes, a voté pour ce texte aux côtés de la droite. Raphaël Glucksmann, candidat du Parti socialiste, a lui opté pour la politique de la chaise vide : il n’a pas daigné être présent pour ce vote pourtant crucial. Une simple marque de désintérêt aux questions sociales ou un soutien au néolibéralisme qu’il n’assume pas ?
Il a récemment déclaré être opposé à la sortie du marché européen de l’électricité, une mesure pourtant portée par le programme de la NUPES que le Parti socialiste a signé et sur lequel il s’est fait élire en juin 2022. Marine Mesure n’a pas manqué de lui faire remarquer l’incohérence de son discours, tout comme la députée Clémence Guetté qui a adressé un courrier sévère au premier secrétaire du PS pour comprendre leurs positions incohérentes.
Pour aller plus loin : Hausse des factures d’électricité – Manon Aubry lance l’alerte sur RTL sur un sujet ignoré par ses concurrents
Dans sa tribune, l’eurodéputée Marina Mesure rappelle aussi la nécessité d’un retour au service public national de l’électricité, comme c’était le cas à partir de 1946 via le monopole public sur la production et la vente d’électricité par EDF. « EDF vendait son électricité en fonction de ses coûts moyens de production à l’échelle nationale, assurant ainsi un accès équitable à l’électricité à un coût prévisible. Les bénéfices dégagés étaient directement réinvestis dans de nouveaux moyens de production électriques selon les besoins prévisibles du pays » explique-t-elle. Elle plaide aussi pour l’instauration d’un réel tarif réglementé pour tous les usagers.
Face à ses détracteurs qui caricaturent la position insoumise, elle rappelle enfin que « sortir le secteur de l’exigence de concurrence ne signifie pas se couper du reste de l’Europe : le système électrique français resterait intégré aux mécanismes d’échange européens ».
Pour aller plus loin : « Face au défi énergétique : démarchandiser l’électricité, la solution ? », note de l’Institut La Boétie
« Le combat continue », affirme Marina Mesure sur les réseaux sociaux. « Le 9 juin, votez pour la seule liste qui remettra les biens essentiels entre les mains du peuple ». Avec sa tribune, cette députée européenne remet le sujet des prix de l’énergie au cœur des élections du 9 juin, un combat essentiel pour le bloc populaire et les insoumis.