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Accidents du travail : la nouvelle note de l’Institut La Boétie qui accuse Macron 

Accidents du travail. Une note de recherche démontre la responsabilité d’Emmanuel Macron. Depuis son lancement, l’Institut La Boétie se présente comme une passerelle, une interface entre le monde universitaire et le mouvement social et politique. On se souvient notamment des notes qui ont accompagné l’an dernier le grand mouvement contre la retraite à 64 ans. Que ce soit pour décrypter la réforme, donner des argumentaires militants, remettre notre système de retraite dans son histoire longue ou faire le bilan de luttes victorieuses dans la période contemporaine. La force de la fondation insoumise avait alors été de travailler à décloisonner le monde scientifique, à sortir les savoirs de leur vase clos pour les mettre à disposition des luttes. 

Une hécatombe dans le monde du travail 

En ce 1ᵉʳ mai, journée internationale de lutte pour les droits des travailleurs, le département de sociologie de l’Institut La Boétie s’ancre à nouveau dans cette démarche en publiant une note de la sociologue Anaïs Bonnano et du député et sociologue Hadrien Clouet « Accidents du travail : les victimes invisibles du libéralisme ». Cette thématique est un sujet central. Les accidents du travail et les maladies professionnelles font une hécatombe dans notre pays. Et pourtant, cela passe généralement sous les radars médiatiques. 

Imaginez pourtant : chaque jour, 2000 travailleurs subissent un accident sur leur lieu de travail. En comptant ces accidents, les accidents de trajet domicile-travail et les maladies professionnelles, chaque jour, 3 personnes meurent du travail. Qui pour en parler sur BFMTV ? Qui pour leur rendre hommage ? Cette note de l’Institut La Boétie est salutaire pour cela d’abord : rendre visible un phénomène massif et invisibilisé. La France est mauvais élève dans l’Union européenne. Seules la Lettonie et la Lituanie font pire que nous ! 

Une situation loin d’aller en s’améliorant : la fréquence des accidents ne diminue plus depuis 2014, et même, leur gravité augmente. Il s’agit là d’une inversion historique d’une courbe qui diminuait depuis les premières lois sur le travail, à la fin du 19e siècle. Pourquoi ?

Anaïs Bonnano et Hadrien Clouet démontrent dans leur note la responsabilité des transformations néolibérales du travail dans ce résultat. La précarisation des travailleurs les a placés dans une situation de faiblesse pour revendiquer des conditions de travail plus sécurisées. Le travail s’est aussi beaucoup intensifié ces dernières décennies. 35 % des salariés sont aujourd’hui exposés à au moins 3 contraintes physiques, contre 12,9 % en 1983. Enfin, la fragmentation du travail par l’externalisation ou la sous-traitance a eu pour effet de casser les collectifs qui sont d’après la littérature scientifique les meilleurs préventifs des accidents. 

Macron responsable des accidents du travail

Cette situation, expliquent les deux co-auteurs, a été largement aggravée par Emmanuel Macron depuis son arrivée au pouvoir en 2017, et ce n’est pas un hasard si les années Macron battent des records de morts au travail. Car le Président des riches a considérablement affaibli le pouvoir et la représentation des salariés dans les entreprises. Or, ceux-ci sont les moyens les plus efficaces de lutter contre les accidents. En effet, les travailleurs sont toujours les mieux placés pour adapter de manière sécurisée leurs postes de travail.

Or, les ordonnances de 2018 ont supprimé les Comités d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail (CHSCT) dans lesquels des représentants des salariés se consacraient précisément à cela. Depuis, plus d’instances dédiées, mais dans le meilleur des cas une sous-commission du CSE (Comité Social et Économique). En réalité, dans la majorité des cas, plus rien du tout. 

Macron a par ailleurs supprimé les critères de pénibilité qui permettaient un départ anticipé à la retraite. Bien sûr, il a reculé de deux ans le départ en retraite alors que plus de 40 % des travailleurs de 55 ans déclarent ne pas se sentir capables de continuer dans leur travail jusqu’à 60 ans. Il a poursuivi le démantèlement des services publics de l’inspection du travail (17% d’inspecteurs en moins en 10 ans) et de la médecine du travail : 39% des salariés déclarent avoir eu accès à une visite médicale santé-travail dans l’année contre 70% en 2005.

Enfin, il pique dans la caisse de la branche accidents du travail / maladies professionnelles pour financer sa réforme des retraites au lieu d’utiliser ses excédents pour augmenter les indemnités ou financer un plan ambitieux de prévention des risques. En somme, Macron le libéral est responsable de l’augmentation des morts du travail dans notre pays. 

Pour retrouver la note de l’Institut La Boétie en intégralité : https://institutlaboetie.fr/note-accidents-du-travail/