Désintox : les ultra-riches payent 2% d’impôts, les classes populaires et intermédiaires 50%. L’insoumission.fr réalisait ce désintox il y a tout juste deux semaines, en se basant sur le travail de l’économiste Gabriel Zucman. À l’époque, plusieurs personnes taclaient les chiffres de celui qui a été élu meilleur jeune économiste de France. Deux semaines plus tard, l’enquête explosive de l’Institut des Politiques Publiques (IPP), en collaboration avec l’administration de ministère de l’Économie, non seulement confirme ce chiffre de 2% d’impôts sur le revenu (IR) seulement pour les 370 premières fortunes françaises, mais, comme si cela ne suffisait pas, vient apporter des chiffres d’imposition encore plus faible plus on monte dans les cimes du paradis pour milliardaires qu’est notre pays.
Pour rappel, entre 2009 et 2022, le patrimoine des milliardaires a bondi de 439 % dans l’hexagone, faisant de la France la championne du monde des milliardaires (source : Ubs). Le France n’est pas un enfer, mais bien un paradis fiscal. Les chercheurs de l’IPP ont eu accès, pour la première fois, à des données fiscales de 2016 qualifiées « d’exceptionnelles ». Elles ont été obtenues grâce à un travail conjoint du fisc, de l’administration de Bercy, et de l’IPP. Les chercheurs expliquent ce résultat grâce aux holdings familiales : les actions et les dividendes de ces ultra-ultra-riches restent souvent dans ces structures et ne sont pas soumis à l’IR.
Et plus les milliardaires sont riches, plus les taux d’imposition de leurs revenus personnels tendent vers zéro : dans les annexes de la note de l’IPP, on constate ainsi que les 75 foyers les plus riches ne payent que 0,3 % d’impôts sur le revenu et de prélèvements sociaux en proportion de leurs revenus économiques. Pire encore, selon Quentin Parrinello, Senior Policy Advisor à l’observatoire européen de la fiscalité, les 37 ultra-ultra riches payeraient moins de 0,2% d’IR, voir même 0,11% selon Éric Coquerel, président de la Commission des Finances. Le constat est terrible : l’IR est régressif en France. Plus on monte haut, moins on paye d’impôts en proportion. L’injustice fiscale est immense dans notre pays : les petits payent gros, les gros payent petit.
Nous publiions, avant même la sortie de l’enquête de l’IPP, un autre désintox économique pour répondre à Bruno Le Maire sur la proposition de Jean Pisani-Ferry d’instaurer un ISF climatique : plus rien ne justifie l’injustifiable, refuser le rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) face à l’urgence climatique absolue.
ISF vert : les ultra-riches payent 2% d’impôts et non « 75% » comme l’affirme Bruno Le Maire
Face à un tel scandale démocratique, comment le gouvernement peut-il continuer à justifier le non-rétablissement de l’impôt sur la fortune (ISF) pour financer la révolution écologique dont l’humanité a pourtant besoin de toute urgence ? Nous publiions, avant même la sortie de l’enquête de l’IPP, un autre désintox économique pour répondre à Bruno Le Maire sur l’ISF vert : non les ultra-riches ne payent pas « 75% » d’impôts comme l’affirme Bruno Le Maire.
Bruno Le Maire tente un grossier tour de passe-passe : parler des 10% des contribuables qui payent « 75% de l’impôt sur le revenu ». Mais l’impôt sur le revenu ne représente qu’une partie de l’impôt payé par les Français (moins de 25% du budget général). Il est dérisoire par rapport à la TVA par exemple. Et il est concentré sur les plus riches, car les revenus sont concentrés tout en haut, il faut déjà être dans les 47% les plus riches pour payer 1 euro d’impôt sur le revenu. Tous prélèvements confondus, ce sont les riches qui contribuent le moins : à peine 50 % de leur revenu pour les 10 % les plus riches, contre presque les 70 % chez les 10 % les plus pauvres (source : INSEE). De plus, parmi ces 10% les plus riches, l’ISF serait progressif : très faible pour les premiers assujettis, l’effort serait surtout porté sur les très riches. Pour rétablir, enfin, un peu de justice fiscale dans ce pays.
L’étude de l’IPP vient bien confirmer les chiffres de Gabriel Zucman : les ultra-riches ne payent pas 75%, mais 2% d’impôts. Bruno Le Maire ne sait pas compter. Embêtant pour un ministre de l’Économie. Dramatique quand on connaît l’urgence écologique. Rien ne justifie de refuser un ISF vert. À part continuer à protéger des super-profits dans un monde qui brûle. Mais cette fois-ci, ce ne sont pas les Gilets Jaunes qui réclament le rétablissement de l’ISF, mais Jean Pisani-Ferry, l’ex économiste en chef d’Emmanuel Macron. L’urgence est absolue.
Pour aller plus loin : Désintox : « trop de taxes » ? 4,5% d’impôts pour le CAC 40, 25% pour les PME