En France, en 2020, Eurostat dénombre 623 654 accidents de travail. Près de 3% des travailleurs et des travailleuses. C’est le pire bilan de l’Union européenne. Depuis 10 ans, la France conserve cette ignoble médaille d’or. En matière de mort au travail, ce n’est pas mieux. Juste un peu moins pire que dans quelques pays. Pour les bourgeois tranquillement assis dans leur fauteuil en cuir, la pénibilité est un mot. Pour le peuple, c’est un drame qui détruit les victimes. Un spectre qui terrorise celles et ceux qui n’ont pas encore subi la meurtrissure du travail dans leur chair, mais qui savent que cela peut arriver d’un jour à l’autre. Notre article.
623 654 accidents de travail en France en 2020
C’est, largement, le bilan le plus lourd rapporté à la population total de travailleurs et de travailleuses. 2931,24 sur 100 000, presque 3 pour 100. Le Danemark, 2ème de ce sinistre palmarès de la violence de classe, est à 2565,19 sur 100 000. La moyenne de l’Union européenne : 1443 sur 100 000. Il y a donc deux fois plus de risques d’accident du travail en France !
La France et les accidents du travail : une lourde tendance historique
Aussi loin que remonte Eurostat, la France n’a été détrônée qu’une seule fois : en 2012. Ce n’était nullement du à une amélioration des conditions de travail. Seulement une brusque aggravation au Portugal. Et la France conservait une solide deuxième place, loin devant l’Espagne.
La France et la mort au travail : pas mieux, juste un peu moins pire
Dernière statistique dramatique. Avec le Portugal, la France et le seul pays de l’Union européenne à figurer à la fois dans le haut du classement des accidents non-mortels et des accidents mortels.
Si la situation s’est légèrement améliorée par rapport à 2019, année à laquelle la France se payait carrément le désastreux luxe d’être en plus championne d’Europe des accidents mortels, le travail tue encore beaucoup en France.
Pour aller plus loin : Morts au travail : la France leader européen
La première violence est la violence sociale
La première de toutes les violences est la violence sociale. Elle se fait sans bruit, sans outrage. A l’ombre d’un conseil d’administration, on décide de limiter les budgets de protection. Dans la douceur d’un salon de ministre, on supprime les CHSCT et des critères de pénibilité.
Alors certes, ces bourgeois satisfaits n’appuient pas directement sur le bouton de la machine outil qui broie le bras. Ils ne poussent pas dans le dos le malade qui s’écroule et écrase le dos. Mais par les choix politiques, l’organisation du travail qu’ils décident de mettre en œuvre, oui, ils sont personnellement responsables de ces blessures et de ces morts.
Cette violence sème la colère qui conduit à la résistance contre l’oppression. Alors oui, parfois, il y a des chemises arrachées, quelques noms d’oiseaux vont s’écraser sur les mines policées de la bonne société. Mais est-ce vraiment comparable avec le drame d’un père ou d’une mère tué par le travail ou si affaibli par les années de labeur qu’il ne leur reste aucune force pour jouer avec leurs enfants le soir ?
Par Ulysse