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« Les gens n’ont pas à être des appendices de la machine ou de l’argent » : Mélenchon défend nos retraites et le droit au repos

Jean-Luc Mélenchon était ce soir invité de l’émission « L’événement » sur France 2 en direct de la Guyane. Il s’est exprimé en profondeur sur la réforme des retraites que veut imposer le gouvernement alors que 80% des Français sont contre. Il a rappelé que la retraite est aussi un droit au temps libre, où l’on s’occupe des siens et de la société. Contre ceux qui veulent faire travailler tout le monde plus longtemps et ne les voient que comme des chiffres, Jean-Luc Mélenchon a défendu les aspirations populaires au sens et au travail bien fait. Notre article.

La journaliste de France 2 Caroline Roux a beau tenter de pousser Jean-Luc Mélenchon à admirer les non-mesures sociales de la réforme des retraites du gouvernement, dont personne ne veut, il ne perd pas le fil des combats du temps long. Après avoir rappelé que la réforme allait pousser « au bout du bout […] tout le monde à travailler davantage », il est revenu sur la longue évolution du temps de travail depuis le XXe siècle. « L’histoire longue, c’est la diminution par deux du temps de travail depuis le début du XXe siècle, et pendant ce temps, on a multiplié par 50 la richesse produite ».

Ainsi, il a expliqué comment la question des retraites est celle de la répartition de la richesse produite, issue des gains de productivité accumulés au fil des évolutions techniques de la production. « À l’heure où des profits gigantesques vont dans la poche de quelques-uns et que les autres en sont à devoir travailler deux ans de plus », il faut à tout prix reprendre ce fil historique de la lutte pour le partage du temps de travail, seule condition pour « pouvoir travailler tous et travailler mieux pour avoir des produits de meilleure qualité ». 

Pour Mélenchon, la bataille des retraites est une bataille pour le temps libéré

Plus tard, face aux obsessions financières sur les comptes de retraites qu’il n’a pas manqué de démentir, il en a profité pour y opposer le coût du malheur que fait peser une telle réforme. « Combien coûte le malheur ? Parce que tous les gens qui ne partiront pas à 62 ans mais à 63 ou 64, ou qui ne partiront pas à 60 ans comme nous sommes un certain nombre à la proposer, pour eux, qu’est ce qu’il va se passer ? C’est du bonheur que vous retirez de la société. Quel genre de bonheur ? Le temps utile socialement ce n’est pas seulement le temps contraint par le travail. »

Le droit à la retraite, que La France insoumise défend à 60 ans avec 40 annuités, est celui d’un droit au temps libéré après le travail salarié. Un temps inutile ? Où l’on ne fait rien ? Jean-Luc Mélenchon répond : Le temps libre ce n’est pas un temps où on fait rien (si on veut rien faire on ne fait rien) mais 50% des présidents d’association sont des personnes retraitées et 40% des maires des petites communes sont des gens retraités ». Les personnes à la retraite sont utiles à la société et autour d’eux, et la réforme du gouvernement ne ferait que coûter à la société autant d’engagement pour les autres. 

Mais le temps à la retraite est aussi un temps pour les siens sur lequel repose toute la société, hors des cadences et des travaux usants, et hors des mises à profit du capital. « Quand vous êtes grands-parents, vous vous occupez de vos petits-enfants. Mais le fait qu’il y ait une vie de famille, qu’il y ait une cohérence intergénérationnelle, c’est possible comme ça. Et celui dont le conjoint est malade, et s’en occupe, mais qui va payer pour ça ? S’il n’y a que les chiffres qui vous intéressent ».

Cette réalité sociale, de la vie des gens, c’est ce que le gouvernement souhaite mettre à profit du capital. 330 milliards d’euros de retraites socialisées par an, c’est autant à privatiser dans des systèmes d’épargne et de capitalisation. En poussant les gens à travailler deux ans de plus, c’est autant de vie et de bonheur qu’ils veulent nous retirer. Jean-Luc Mélenchon place la bataille dans les pas de ce combat quotidien de tous pour un travail bien fait et sensé. Une bataille pour leur rappeler haut et fort, comme il a pu le dire, que « les gens n’ont pas à être des appendices de la machine et de l’argent ».