19 juin 2022. Dans le Var, carton plein pour l’extrême-droite. Le département fait entrer à l’Assemblée nationale sept députés Rassemblement National (RN) pour huit sièges disponibles. Parmi eux, Laure Lavalette, élue d’une courte tête dans la deuxième circonscription du département. « Catho-trad » revendiquée, anti-IVG qui ne s’assume plus et papa fasciste… En quelques mois, l’ancienne porte-parole de la campagne présidentielle de Marine Le Pen s’est imposée comme un des nouveaux visages du parti.
Au second tour des élections législatives, le RN a percé le plafond de verre du Palais Bourbon. Le chef de l’État a une lourde responsabilité dans la crise qui s’ouvre : pendant 5 ans, la stratégie politique macroniste a consisté à faire monter l’extrême-droite. Macron a joué avec le feu, il s’est brûlé. La période qui s’ouvre est décisive. Le RN a aujourd’hui près de 90 députés, il est temps de les démasquer.
Onzième épisode de notre série sur les 89 députés du RN. Portait de Laure Lavalette.
Les chiens ne font pas des chats
Née à Paris en 1976, Laure Lavalette a aujourd’hui 46 ans. Elle n’en a que 15 lorsqu’en 1991, elle adhère au FN depuis la Gironde où elle a grandi. « C’est par des potes que j’ai adhéré au FN » confie-t-elle à Marianne en octobre. Sans doute, cette diplômée en « Droit de la vigne et du vin » oubliait-elle alors que Jean-Philippe Lavalette, son père était adhérent au parti dès sa fondation. Il était également membre du mouvement fasciste Ordre Nouveau.
Une carrière politique récente
En 1998, Laure Lavalette se présente pour la première fois devant les électeurs. Candidate FN aux élections cantonales à Bègles, elle échoue. L’année suivante, elle cède aux sirènes du frondeur frontiste Bruno Mégret. Elle rejoint le Mouvement National Républicain, né d’une scission avec FN. Bruno Mégret a d’ailleurs soutenu Éric Zemmour pendant la campagne présidentielle. La félonne rebroussera chemin après quelques mois, la queue entre les jambes.
Cinq enfants et quelques articles sur des blogs d’extrême-droite plus tard, c’est dans le Var où elle s’est installée en 1999 que Laure Lavalette est élue pour la première fois. D’abord en 2014 comme conseillère municipale FN à Toulon, avant de devenir conseillère régionale RN de Provence-Alpes-Côte-d’Azur en 2021.
L’abrogation de l’IVG : le cheval de bataille de Laure Lavalette
Soutien de Marion Maréchal, proche de Philippe Vardon et de la Manif pour tous, Laure Lavalette incarne aujourd’hui l’aile la plus dure du RN. Si la députée a bien sûr voté contre l’augmentation du SMIC à 1 500 euros, le blocage des prix, le gel des loyers et pour la suppression de l’allocation chômage aux salariés en CDD refusant un CDI, elle a une obsession : les avancées sociétales en général, l’IVG en particulier.
Pour aller plus loin : Le RN a choisi son camp : celui des riches
Laure Lavalette, c’est pêle-mêle l’opposition au retrait de la notion de détresse dans la loi Veil ; la défense de la suppression des subventions au planning familial et de la « responsabilisation des femmes » ; l’opposition à l’allongement du délai de l’IVG, au mariage pour tous et à la PMA ; c’est encore la dénonciation des « théories nauséabondes » de la « propagande LGBTQ »… Des propos abjects.
C’est aussi, en tant que députée, le dépôt d’un amendement réfutant le droit de vote des étrangers aux élections professionnelles.
En 2014, Laure Lavalette signe la charte de l’association Choisir La Vie, réclamant d’« abroger à terme la loi sur l’avortement ». Contactée à ce sujet par Libération en mai dernier, la députée soutient qu’ « à aucun moment il n’a été mention dans cette charte de remettre en cause le droit à l’avortement ». Mais, pas de chance pour Laure Lavalette, non seulement la charte mais la liste archivée de ses signataires sont disponibles sur internet. Mise face à ses contradictions par Libération, l’élue se contente, à rebours des faits, de se défendre d’avoir jamais « remis en cause le droit à l’avortement ». Menteuse.
Elle n’assume plus
Si la députée membre de la commission des affaires sociales se défend aujourd’hui d’être anti-IVG, et se revendique en « totale adéquation avec la ligne sociétale de Marine Le Pen », elle et son parti ont une histoire, une histoire qui parle pour eux. L’histoire d’un parti fondé par un Waffen SS, d’extrême-droite, défendant les puissants. L’insoumission sera toujours présente pour rappeler leurs déclarations éhontées, et pour démontrer qui ils défendent réellement.
Par Eliot