Le dégel du point d’indice des fonctionnaires a lieu ce 1er juillet 2022 : une augmentation de 3,5% alors que l’inflation devrait atteindre les 7% dès la rentrée. Et la communication gouvernementale ose parler d’une augmentation historique. Une nouvelle grossière arnaque de la macronie. Une provocation pour l’ensemble des agents publics. Un mépris affiché pour des professions marquées par une paupérisation sans précédent, où les départs et crises de vocations ne se comptent plus, comme à l’Hôpital Public et dans l’Éducation nationale.
Le point d’indice était gelé depuis 2010 suite à la crise financière de 2008. Ces dernières années, il n’avait été revalorisé que deux fois : de 0,6 %, en 2016 et en 2017 lors des deux dernières années du quinquennat d’Hollande. Soit + 1,2 % en douze ans. Les fonctionnaires attendent ni plus ni moins qu’un rattrapage de leur salaire des douze dernières années. Les miettes annoncées mardi 28 juin par Stanislas Guerini, le ministre de Transformation et de la Fonction publiques, ne font que nourrir la colère des agents, qui voient leur pouvoir d’achat baisser drastiquement. Nouvelle preuve du mépris macroniste pour ces « femmes et ces hommes qui font tenir notre pays tout entier et que nos économies rémunèrent si mal ». Notre article.
Inflation : Le gouvernement se gargarise, les fonctionnaires crèvent
« C’est la plus importante revalorisation depuis 1985, depuis plus de 37 ans » affirme Stanislas Guerini. Or, cette mesure est absolument dérisoire dans un contexte inflationniste sans précédent : la revalorisation du point d’indice à 3,5% ne compense même pas pour moitié l’inflation qui devrait approcher la barre des 7% en septembre. Comme le souligne Romaric Godin dans son article paru le 30 juin sur Mediapart, « l’inflation annoncée par l’Insee dans sa dernière note de conjoncture pour l’ensemble de l’année (5,5 % en moyenne) serait aussi la plus forte depuis 1985, soit depuis… 37 ans. »
Il s’agit bel et bien d’une perte sèche de salaire. Les fonctionnaires subissent en réalité la troisième plus forte dévalorisation depuis trente ans, la pire année étant celle de 2021. Une part non négligeable de leur salaire (23,6% selon le gouvernement) correspond aux primes cumulées. C’est le cas par exemple de la prime Grenelle pour les enseignants. Or la hausse du point d’indice ne concerne pas les primes. Seul le salaire indiciaire sera augmenté de 3,5%.
Ainsi un enseignant qui gagne 1 500 euros brut mensuel sur sa grille peut voir son salaire augmenté par des primes de 500 euros. Si l’on augmente seulement le salaire indiciaire de 3,5%, le fonctionnaire perd 58 euros par rapport à une augmentation de son salaire global au même taux. Ainsi l’État, loin de fournir un effort comme il le prétend, continue d’appauvrir ses agents en ne distribuant que des miettes ! Un scandale quand les salaires des fonctionnaires français figurent parmi les plus bas de l’OCDE.
En marche pour la destruction du service public
La maigre valorisation du point d’indice n’est qu’un cache-misère. Elle ne fait qu’entériner la baisse des salaires réels dans la Fonction publique tandis que le coût de la vie explose. À la crise sanitaire des deux dernières années s’ajoute la destruction des systèmes de santé et d’éducation. La fermeture des services d’urgence dans les hôpitaux ou encore la crise de recrutement sans précédent dans l’Éducation nationale soulignent la dégradation des conditions de travail des salariés de la Fonction publique, une fois de plus méprisés.
L’annonce récente du nouveau ministre de l’Éducation nationale Pap N’Diaye demandant aux enseignants de rattraper leurs congés maladies est un exemple des remises en cause radicales du droit du travail. Elle souligne aussi la question cruciale du manque de fonctionnaires, qu’une pauvre revalorisation à 3,5% ne pourra satisfaire. Nouvelle preuve du mépris macroniste pour ces « femmes et ces hommes qui font tenir notre pays tout entier et que nos économies rémunèrent si mal ».