Geneviève Legay

Portrait – Geneviève Legay, la figure des Gilets Jaunes victime de violences policières, rejoint Mélenchon

Geneviève Legay, militante altermondialiste et Gilet Jaune victime de violences policières à Nice en 2019 rejoint l’Union Populaire. Elle a pris la parole avec émotion au début du meeting de Jean-Luc Mélenchon à Montpellier devant 8 000 personnes : « Je ne veux plus de Macron. En avril, Jean-Luc Mélenchon est élu ! ». Son ralliement est un renfort de poids pour l’Union Populaire ! Notre portrait.

Face au mépris de Jupiter, la sagesse de la rebelle Geneviève Legay

Le 25 mars, comme à l’accoutumée, après son « coup d’œil à la presse régionale et son petit-déjeuner avec Brigitte« , Macron suinte le mépris : « cette dame n’a(vait) pas été en contact avec les forces de l’ordre« . Faux et démenti par l’IGPN. En cette belle matinée, sûrement mis en joie par ses toasts de foie gras servis dans sa vaisselle en porcelaine, le président enchaîne : « Quand on est fragile, qu’on peut se faire bousculer, on ne se rend pas dans des lieux qui sont définis comme interdits et on ne se met pas dans des situations comme celle-ci« . L’important pour garder la forme, c’est de rester constant dans ses efforts, bravo M. le Président.

Fragile Geneviève Legay ? Le Président Macron est-il volontaire pour tester l’effet d’une charge policière dans le dos ? Voir comment réagit son splendide organisme jupitérien ? Oh, bien sûr, personne ne lui souhaite de devenir « un légume à vie« … Pour mémoire, c’était la crainte, et le pronostic le plus probable selon les médecins qui ont pris en charge la Gilet Jaune lorsqu’elle est arrivée aux urgences avec des multiples fractures au coccyx, aux côtes, au crâne…

« Je lui souhaite un prompt rétablissement, et peut-être une forme de sagesse » termine le ridicule Ubu, si imbu de lui-même qu’il s’imagine en Philosophe Roi, dispensant ses lumières au petit peuple apeurée par la nuit. Geneviève Legay n’a point besoin de votre sagesse. Vous naissiez, elle adhérait au PCF, elle, la fille d’une famille catholique gaulliste.

Pourquoi le Parti Communiste ? Pour une bonne raison : c’était le seul collectif qui se battait pour l’ouverture d’une école primaire dans le quartier qu’elle habitait. En 1977, elle luttait pour le bien-être de ses voisins, l’avenir de ses enfants, pour la justice sociale et l’émancipation humaine. Vous répandiez déjà vos déjections par tous les trous (mais à cette époque, personne ne nous en tenait rigueur et c’est bien normal).

Macron rêve d’être milliardaire, Geneviève Legay donne corps à l’adage de Victor Hugo : « ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent« 

Geneviève Legay vit et lutte au sein de la CGT, de l’association de commerce équitable Artisans du monde, du mouvement altermondialiste Attac, des Gilets Jaunes. Ses combats pour l’honneur des travailleurs, contre les inégalités et l’extrême pauvreté qui en découle emplissent son âme et son front.

Après 50 ans de luttes, c’est le 23 mars, alors qu’elle marche pensive sur cette place Garibaldi, éprise d’un but sublime : « Liberté de manifester » que son haut destin gravit l’âpre cime par l’intermédiaire d’un policier (ensuite plein de remords) et d’une caméra de télévision aux aguets. Bousculée, ensanglantée, transportée en urgence à l’Hôpital, les images enflamment les réseaux sociaux. Sans aucun souvenir de l’épisode, elle reçoit des centaines de messages de soutien du monde entier après être passée tout proche de la mort.

Geneviève Legay est devenue le symbole d’un pays qui refuse de tenir bien sage

Geneviève Legay et son drapeau pour la paix taché de son propre sang. Geneviève Legay et son cri : « liberté de manifester » face à l’ordre inique de « nettoyer la place » donné par le commissaire Souchi alors que de l’aveu de l’intéressé lui-même dans son rapport, la place était calme ; un ordre refusé par certains policiers car jugé disproportionné. Ces images sont fortes par les contrastes, cruelles pour les forces de l’ordre, particulièrement pour ceux qui tentent encore de faire vivre la mission de gardien de la paix (pour les autres, on peut imaginer qu’ils sont aussi fiers que ceux de Mantes-la-Jolie).

Cette histoire est marquante. Cependant, ce n’est que la partie émergée de l’iceberg des violences institutionnalisées par l’Etat. Encore une fois, c’est à Geneviève Legay que revient le mérite de le rappeler dans son entretien au journal La Croix. « Je me demande pourquoi on parle plus de moi que de ces personnes qui ont perdu une main ou un œil ? Parce que je suis âgée ? Parce que je suis blanche ? »

L’histoire de Geneviève Legay et son fort traitement médiatique ne doit pas faire oublier la réalité majeure : les techniques policières qui ont mené aux mutilations des Gilets Jaunes ont été expérimentées depuis 15 ans dans les quartiers à forte proportion de population immigrée. M. Sarkozy, lors de son sinistre passage au ministère de l’Intérieur, décide de transformer ces banlieues en laboratoires de la létalité limitée. Depuis, la vue du flash-ball, le son des grenades de désencerclement et l’odeur de la lacrymo assombrissent la jeunesse de nombreuses personnes racisées et pauvres.

Létalité limitée ? Ça veut dire qui ne tue pas… trop

Normalement, ça va. Tu t’en tires avec un testicule, une main ou un pied en moins, donc ça va. Après, si tu te baisses au moment où on te te tire dans le ventre, la balle t’arrive dans la tête, tu perds un œil ou la vie, mais bon, c’est de ta faute, il ne fallait pas se baisser. 

De toute façon, avec les libéraux fanatiques, c’est toujours la même rengaine : le chômage ? C’est la faute des chômeurs ! Les maladies ? La faute des malades ! La pauvreté, la faute des pauvres et les violences policières ou sexuelles, la faute des victimes.

L’histoire des violences policières prend ses racines dans la colonisation

Pour étouffer dans l’œuf la lutte pour la décolonisation qui commença dès le premier jour de l’arrivée des soldats, prêtres et marchands européens, les généraux français ordonnent de frapper, mutiler, enfermer les populations considérées comme inférieures qui osent s’opposer à la suprématie des blancs. Ces Faidherbe, Gallieni et Borgnis-Desbordes sont toujours célébrés à grands coups de statues, avenues et stations de métro dans notre république.

Après la deuxième guerre mondiale, quand le monde découvre l’horreur des camps, des militaires français comme Maurice Bigeard ont les mains libres pour institutionnaliser la torture dans les colonies. Le 17 octobre 1961, le collabo Maurice Papon transporte ces méthodes abjectes au cœur de Paris.

De Sarkozy à Macron, une légitimité démocratique à ces méthodes pour soumettre violemment les mouvements de contestation

2005 : Sarkozy teste le karcher en banlieue. 2016 : Valls le ramène dans les manifs Loi Travail 2018 : Macron le généralise dans tous les ronds-points, grandes avenues et place de centre-ville du pays pendant l’insurrection des Gilets Jaunes.

Face aux Maurice Papon et aux Didier Lallement, ces bons petits serviteurs zelés des dominants, engagés pour leur talent et leur ferveur à mutiler le peuple, nous aurons toujours besoin de Lamine Senghor et de Frantz Fanon, de Louise Michel et de Geneviève Legay pour porter haut le drapeau de la paix et de la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes. Tant que nos portes-paroles et nos modèles seront mutilés ou assassinés, nous aurons besoin de gens pour raconter leurs combats et transmettre leurs valeurs. L’Insoumission est de cela et le restera.

Devant 8000 personnes à Montpellier, Geneviève Legay a clamé l’espoir

L’espoir soulevé par le mouvement des Gilets Jaunes. Le 18 décembre 2018, Geneviève Legay voit à la télé « des femmes parler de leur petit revenu indécent » et se dit « enfin, enfin, les pauvres sortent dans la rue, occupent les ronds-points, ne baissent plus la tête, se montrent et ne se sentent plus coupable d’être pauvre« . En 2022, son espoir, c’est celui que porte Mélenchon et le programme l’Avenir en Commun. L’espoir qu’enfin, la République sera sociale, l’Etat sera au service des gens et de la transition écologie, l’action politique visera l’éradication de la misère et plus l’indécente accumulation sans limite pour quelques-uns.

Nous sommes fiers de mener cette bataille électorale pour la victoire du peuple, à ses côtés, au sein de l’Union Populaire. Son engagement nous donne l’espoir, l’espoir que la victoire est possible, enfin.

Par Ulysse Kummer