Avortement. Ce mardi 18 janvier 2022, les eurodéputé.e.s ont élu la nouvelle présidente du Parlement européen. Son nom ? Roberta Metsola. Connue pour… ses positions contre l’avortement. Suite à d’obscurs accords passés entre les socialistes, Renaissance (le groupe LREM au Parlement européen) et la droite européenne. Quarante-deux ans après l’élection de Simone Veil à la tête de ce même Parlement européen, connue justement pour son combat en faveur de l’avortement, cette élection est une régression scandaleuse et envoie un très mauvais signal pour les droits des femmes.
Quand les socialistes font élire Roberta Metsola, une militante anti avortement à la tête du Parlement européen
Tous les deux ans et demi, en début et au milieu de la législature, une élection pour définir la nouvelle Présidence du Parlement européen a lieu. Depuis le début du présent mandat, c’est l’italien David Sassoli qui occupait ce poste. Alors que son mandat touchait à sa fin, David Sassoli est décédé le 11 janvier dernier des suites d’une maladie grave. La plénière de janvier est donc en partie consacrée à l’élection de son ou sa successeur·e : ce matin, les eurodéputés votaient à Strasbourg, à bulletin secret, pour choisir le ou la candidat·e de leur choix.
Trois candidates étaient déclarées : Roberta Metsola, candidate maltaise du PPE, mais aussi l’Espagnole Sira Rego candidate de notre groupe de La Gauche et la Suédoise Alice Bah Kuhnke pour les Verts. Ni les groupe Renew (LREM), ni le groupe S&D (les socialistes) n’ont présenté de candidat·e, préférant passer un accord avec le PPE (alliance droite et centre droit) en début de mandature pour que se succèdent à la présidence du Parlement un socialiste puis un conservateur pour la deuxième partie du mandat. Vous avez bien lu, plutôt que de soutenir la candidate de la Gauche ou des Verts, les Socialistes ont préféré négocier des arrangements en échange de leur vote en faveur d’une conservatrice, qui plus est connue pour ses positions anti-IVG.
Alors qu’il n’est à la tête que de huit Etats membres sur 27, le PPE est désormais à la tête de quasiment toutes les institutions européennes : Roberta Metsola au Parlement européen, Ursula von der Leyen à la Commission, Christine Lagarde à la BCE, Paschal Donohoe à l’Eurogroupe (la réunion mensuelle et informelle des ministres des Finances), tous issus du même groupe conservateur. Seul le Conseil européen est dirigé par un libéral, le Belge Charles Michel.
Roberta Metsola, contre la reconnaissance de l’avortement comme un droit fondamental
Revenons à Roberta Metsola. Élue du parti conservateur maltais, pays qui considère encore l’avortement comme un crime, elle a systématiquement voté contre les textes garantissant ce droit fondamental. En juin 2021, Metsola rejetait par exemple un rapport faisant de l’avortement un droit humain et en septembre, elle s’abstenait sur un texte proposant de classer la violence fondée sur le genre comme un crime dans le droit européen.
Roberta Metsola est la troisième femme à prendre la tête du Parlement européen, quarante-deux ans après la française Simone Veil, connue pour son combat en faveur du droit à l’avortement. Cette nomination quatre décennies plus tard a un goût amer de régression, qui s’inscrit dans un contexte où les droits fondamentaux, en particulier ceux des femmes, sont violemment remis en question ces dernières années. En élisant à sa tête une élue anti-IVG, le Parlement européen envoie un très mauvais signal.
Le droit à l’IVG doit être défendu et accessible. Les insoumis proposent de l’introduire dans la Constitution française pour qu’aucun retour en arrière ne soit possible. Ceux qui s’y opposent s’attaquent à un droit fondamental. L’hypocrisie est totale pour ceux qui se prétendent féministes en France mais qui, en raison de calculs politiciens, apportent leurs suffrages à une adversaire du droit fondamental à disposer de son corps à l’échelle européenne.