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Non, le nucléaire ne sauvera pas le climat

Nucléaire. Non, les EPR, solution « miracle » portée par Macron dans cette campagne présidentielle, ne sauveront pas le climat. Le retour du billet vert de Martine Billard, ancienne député écologiste de Paris, pour l’insoumission !

2015 à 2021, les 7 années les plus chaudes jamais enregistrées dans l’Histoire

Les sept années de 2015 à 2021 ont été les plus chaudes jamais enregistrées, avec une température moyenne supérieure de 1,1° C à 1,2° C par rapport à l’ère pré-industrielle. On se rapproche dangereusement du seuil de 1,5° C fixé par l’Accord de Paris comme hausse de température à éviter de dépasser sous peine de conséquences lourdes pour les conditions de vie sur la planète.

Le CO2 a atteint le niveau record de 414,3 ppm en 2021 soit une augmentation de 149 % et les émanations de méthane ont elles aussi augmenté. Il y a urgence. Les scientifiques nous disent que nous avons 10 ans pour agir. Que nous propose la Commission européenne et Emmanuel Macron : relancer le nucléaire !

Que nous proposent Emmanuel Macron et la Commission européenne ? Relancer le nucléaire

La Commission européenne a élaboré un plan climat qui prévoit de réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre de 55% à l’horizon 2030 par rapport à 1990 dans un objectif de neutralité à 2050.

Une fois ce plan adopté, la bataille s’est déplacée pour savoir à quoi seraient affectés les financements prévus. Immédiatement Emmanuel Macron au nom de la France a cherché à obtenir qu’une part d’entre eux puissent être attribués à la relance du nucléaire. Mais plusieurs pays d’Europe, notamment l’Allemagne, y étant opposés, il lui fallait trouver des alliés.

Tu me soutiens sur le nucléaire, je te soutiens sur le gaz ? La scandaleuse alliance de Macron avec les pays d’Europe de l’Est sur l’énergie

Pour cela il n’a pas hésité à échanger soutien au nucléaire contre soutien au gaz. Quelle honte ! Où sont les bénéfices pour l’environnement dans un tel marchandage ?

Malheureusement il est arrivé à son but : la Commission européenne a cédé et annoncé que de nouvelles centrales pourraient être construites à condition d’avoir obtenu le permis de construire avant 2045 et que des fonds soient prévus pour le traitement des déchets et le démantèlement des réacteurs, ce qui est déjà le cas. Le démantèlement de la centrale de Brennilis en Bretagne dure depuis 36 ans sans que la solution mise en œuvre soit très convaincante. Pour le gaz, les permis de construire devront être attribués avant fin 2030 pour des projets remplaçant des énergies plus polluantes et n’émettant pas plus de 270g d’équivalent CO2 par KWh.

Macron veut construire 6 EPR en France

En France, Macron veut construire 6 nouveaux EPR à l’horizon 2035-2037 pour une cinquantaine de milliards d’euros. Qui peut croire à la date annoncée de dépôt de permis de construire autour de 2023 pour ces nouveaux EPR alors qu’il a fallu quasiment 2 ans entre le vote permettant le lancement du projet de l’EPR de Flamanville (loi du 13 juillet 2005) et le décret autorisant le chantier (11 avril 2007) ?

Aujourd’hui on apprend que de nouveau la date de chargement du combustible de l’EPR de Flamanville est repoussée, de fin 2022 au second trimestre 2023 et que le coût passera de 12,4 à 12,7 milliards. Le démarrage du réacteur était prévu pour 2012 pour un coût initial de 3,4 milliards d’euros, soit un retard de près de 11 ans pour un hausse de 9,3 milliards c’est à dire quasiment 3 fois plus. Entre le début du processus, 2005 et l’éventuelle date de début de fonctionnement (second trimestre 2023) 18 ans auront été nécessaires pour la mise en service.

Nucléaire : 8,33 milliards par réacteur, un coût du mégawatt-heure bien plus élevé que le renouvelable

Le prix déclaré pour ces 6 nouveaux EPR est très significatif car cela fait 8,33 milliards par réacteur soit quasiment le prix de celui de Flamanville. Et sur cette base, cela signifie un coût entre 100 et 120 euros du mégawatt-heure plus élevé que celui des énergies renouvelables. Or tout l’argumentaire pour construire de nouveaux EPR est qu’ils seront moins chers. Comme lorsqu’il s’agit de grands travaux dont le nucléaire toutes les estimations financières sont systématiquement sous-évaluées, on ne peut qu’être inquiet sur le prix final.

Les dates annoncées pour les prochains EPR, 2035 à 2037, ont comme seul objet d’obtenir les fonds européens. Mais à quoi nous sert de construire des réacteurs nucléaires à ces dates alors que l’échéance décisive pour le climat est 2030 ? A quoi sert d’investir 500 milliards d’ici 2050 dans le nucléaire dont 50 d’ici 2030 comme l’a annoncé Thierry Breton, commissaire européen ?

Cet argent serait bien plus utile pour financer une politique massive d’isolation des bâtiments, de changement des chauffages, investir dans le développement de transports publics et la diminution des mobilités imposées ainsi que la réduction des transports routiers liés à la politique du zéro stock et de la livraison rapide, aider les paysans à la suppression des élevages industriels et le développement d’une agriculture biologique. Vite le changement qu’on arrête de gaspiller des sommes astronomiques dans une énergie dangereuse et dont on ne sait pas traiter les déchets pour définitivement engager la bifurcation écologique urgente et indispensable face à l’urgence.

Le billet vert de Martine Billard.