L’auteur, producteur, scénariste et humoriste Bruno Gaccio, qui a dirigé l’écriture des mythiques Guignols de l’info, défenseur historique des salariés de Canal+ et résolument engagé en faveur d’une vraie gauche, a rejoint le Parlement de l’Union populaire. Portrait.
Bruno Gaccio maître du rire politique pendant plus de 10 ans à la tête des Guignols de l’info
Les Français sont un peuple éminemment politique : nous adorons discuter, débattre, nous engueuler et surtout nous moquer des puissants, des importants. Le rire impertinent est l’un des principaux vecteurs de la contestation et de la résistance à un ordre injuste, et est donc à ce titre une composante essentielle de l’insoumission. Ce rire impertinent, Bruno Gaccio le manie comme nul autre. Il en fait la preuve à travers l’un des programmes préférés des Français : Les Guignols de l’info.
Aventure initiée en 1988, et qu’il rejoint en 1992, les Guignols tournent en dérision l’officialité médiatique en la marionnette de PPD, présentateur médiocre, à la recherche du scoop et de la priorité au direct. Un « journaliste » qui « veut avec les puissants, et se montre tyrannique avec les faibles » pour reprendre une formule de Bruno Gaccio dans une interview accordée à L’Obs en 1993. Les Guignols, par le personnage caricatural du commandant/monsieur Sylvestre, dénonce l’impérialisme états-unien, le complexe militaro-industriel, le capitalisme cynique et l’obscurantisme religieux.
La classe politique française de l’époque, du FN au PS, en passant par le RPR/UMP en prend pour son grade : dénuée d’idées, acquise au libéralisme (les moqueries sur le PS sont ainsi particulièrement exquises tant elles visaient juste), irresponsable et menteuse (on se souviendra du mythique Supermenteur). Bruno Gaccio a tenu la direction de l’écriture des Guignols pendant plus de dix ans, jusqu’à son départ en 2007, dix ans qui furent l’âge d’or de l’émission. L’émission finira par être victime de la cancel culture du promoteur d’extrême-droite Vincent Bolloré.
Bruno Gaccio défenseur des salariés de Canal+, un contrat pour l’éliminer révélé par une enquête de police
Insoumis, Bruno Gaccio ne l’a pas été uniquement par son usage du rire, il l’a également été par son combat de défense des salarié·es de Canal + en avril 2002 suite au débarquement de Pierre Lescure par Jean-Marie Messier. En effet, le groupe Vivendi-Universal est alors en pleine banqueroute du fait des choix catastrophiques de Messier et a annoncé un important plan social.
Bruno Gaccio mène alors la mobilisation des salariés, organise une Assemblée générale en direct de l’émission Nulle part ailleurs, constitue une association des salarié·es (« l’Assoc ») pour défendre l’identité de la chaîne, et finit par remporter la lutte avec la démission de Messier en juin 2002. Sa défense des salarié·es de Canal+ vaudra à Bruno Gaccio l’inimitié des directions successives.
En 2005, un ancien employé des services sécurité de la chaîne, Pierre Martinet, révèle dans un livre avoir été chargé d’espionner Bruno Gaccio. Ce dernier porte plainte contre X. L’enquête de police finira par révéler qu’un dossier « homicide » avait également été préparé pour éliminer Gaccio. En 2011, Pierre Martinet, ainsi que Gilles Kaehlin et Gilbert Borelli (responsables de la sécurité de Canal+) sont condamnés par la justice en 2011 mais le groupe Canal+, lui, échappe à toute condamnation…
Brunno Gaccio pourfendeur de la « gauche » qui a trahi
Suite à son départ de Canal+, Bruno Gaccio continue le combat politique. En 2011, aux côtés de personnalités comme Stéphane Hessel ou Edgar Morin, il cofonde le « Collectif Roosevelt », jugeant avec une extrême lucidité que « le PS est devenu la droite décomplexée » et qu’il y a donc urgence à refonder un mouvement politique authentiquement de gauche.
En 2013, il publie d’ailleurs un livre mordant intitulé Petit manuel de survie à l’intention d’un socialiste dans un dîner avec des gens de gauche aux Liens qui libèrent. En janvier 2017, il publie chez le même éditeur un nouveau livre, prophétique puisqu’il prédit la disparition du PS à l’issue de l’élection présidentielle, Les 100 derniers jours du Parti socialiste. En 2019, il soutient publiquement le mouvement des Gilets jaunes par la parution d’une tribune publiée par Libération.
En 2020, révolté par l’irresponsable politique sanitaire du gouvernement, il met en ligne en ligne le site plaintecovid.fr afin de faciliter les démarches des citoyens souhaitant déposer plainte contre le gouvernement.
Bruno Gaccio est une tête dure, un homme de cette gauche qui n’a jamais trahi, jamais renié, un insoumis de toujours. Sa décision de rejoindre le Parlement de l’Union populaire, nous honore profondément. Comme il l’a écrit dans un tweet début décembre : « Donc AEC [Avenir en Commun], au travail, que ceux qui veulent viennent, d’où qu’ils arrivent. Pour une fois votez POUR. Pas contre. » Ensemble, construisons un mouvement qui incarne le retour des jours heureux, et chasse les tristes sires, les Sylvestre, les super-menteurs et les nervis de l’extrême-droite.