Pass sanitaire : Mélenchon dénonce une société du contrôle permanent

Ce vendredi 16 juillet 2021, le Président du groupe parlementaire de La France insoumise (LFI) à l’Assemblée nationale a prononcé une allocution pour réagir à la décision du gouvernement de mettre en place un pass sanitaire. Jean-Luc Mélenchon a dénoncé une société de contrôle permanent. Le leader des insoumis a également rappelé que, à l’instar de l’OMS, les insoumis préfèrent convaincre de la vaccination plutôt que de contraindre. Il a également appelé à faire redescendre le niveau de tension et a dit l’importance de conserver l’unité du peuple français face à la gravité de la situation. Notre article.

Depuis l’annonce soudaine d’Emmanuel Macron ce lundi 12 juillet de généraliser, sans concertation ni consultation, le « passe sanitaire » à tous les lieux de vie sociale quotidienne, tout semble sans dessus dessous. Les mots du Président de la République ont agi comme une déflagration et un générateur de conflits et de tensions exacerbés dans le pays. Dans ce contexte, Jean-Luc Mélenchon a tenu à prendre la parole lors d’une allocution solennelle diffusée sur ses réseaux sociaux le 16 juillet 2021.

Il le faisait tout d’abord en tant que Président d’un groupe parlementaire d’opposition au Président de la République. En effet, à partir du 21 juillet, un projet de loi doit passer devant l’Assemblée nationale pour concrétiser les mesures annoncées lundi. Pour l’homme qui dénonce depuis des mois l’utilisation systématique du conseil de défense secret pour prendre des décisions d’ordre sanitaire et la mise à l’écart de la vie démocratique, il y avait dans l’attitude de Macron un problème de méthode. Décidées encore une fois en conseil de défense, sans même une réunion du conseil des ministres, et revenant sur la parole des ministres et du Président lui-même, ces nouvelles et importantes restrictions de libertés dénotent du tournant autoritaire d’une cinquième république macronisée.

Une loi brutale et incohérente

Jean-Luc Mélenchon a tenu à prendre de la hauteur sur le moment. Pour lui, l’extension à tous les restaurants, cafés, cinémas, théâtres, centres commerciaux du passe sanitaire n’est pas un épisode anodin dans la vie du pays. Il s’agit au contraire d’un changement de mode de vie avec l’instauration d’une « société du contrôle et du conflit permanent ». Il a pointé la brutalité du procédé consistant à punir d’un an de prison ou de 45 000 euros d’amende les restaurateurs ou responsable d’établissement qui failleraient à contrôler correctement les passes sanitaires de leurs clients. Mais aussi les multiples incohérences du projet de loi présenté par le gouvernement et notamment l’exemption de toute obligation pour les policiers, chargés pourtant de vérifier sa mise en œuvre et le cas échéant de sanctionner.

Le président du groupe parlementaire LFI a indiqué que les insoumis, dans cette circonstance comme dans toutes les autres, feront ce que bon leur semble concernant les manifestations organisées contre le pass sanitaire. Il leur a néanmoins demandé de ne pas permettre qu’ils soient confondus, ou que le mouvement soit confondu, avec des expressions inappropriées concernant la vaccination. Il a rappelé que le vaccin librement consenti n’était pas un apartheid et que sa diffusion n’était pas la Shoah. Jean-Luc Mélenchon a annoncé qu’il allait s’adresser aux 100 organisations qui ont déjà organisé une première manifestation de défense des libertés pour les solliciter et leur demander d’organiser à leur tour une marche pour les libertés.

Convaincre plutôt que contraindre

La candidat à l’élection présidentielle a exposé sa vision d’une politique de santé publique efficace en la résumant d’une formule : « convaincre plutôt que contraindre ». Il est vrai que cette philosophie est parfaitement en ligne avec celle de l’Organisation Mondiale de la Santé qui a elle-même pris position contre l’obligation vaccinale. Les parlementaire insoumis proposent depuis de long mois des solutions alternatives pour juguler les vagues épidémiques, de la mise en place de « roulements » dans les transports et les lieux de travail, aux demis-groupes dans les écoles en passant par l’installation de purificateurs d’air dans les salles de classes ou de spectacles. Sur les vaccins, Jean-Luc Mélenchon avait été parmi les premier et les plus fervent des militants pour la levée des brevets, signant même une pétition internationale avec l’ancien Président Brésilien, Lula.

En miroir inversé d’un Emmanuel Macron aggravant les fractures dans la société française, le candidat de l’Union Populaire a plutôt plaidé pour l’apaisement et le respect de chacun. Il a d’ailleurs fustigé l’intention de faire revenir dans les mois qui viennent la réforme des retraites et celle de l’assurance-chômage. Un avertissement pour le Président des riches : il trouvera, là aussi, les insoumis et Jean-Luc Mélenchon sur son chemin.