Polémique autour de la construction d’une mosquée à Strasbourg et de son financement : lundi 22 mars, le conseil municipal de la ville a voté le principe d’une subvention de 2,5 millions d’euros pour la construction de la mosquée Eyyub Sultan, située dans le quartier de la Meinau. Un financement qui faire réagir tout le spectre politique, mais pour des raisons bien différentes : alors que la France insoumise s’oppose à tout financement de lieux de culte par l’État, le ministre Darmanin met en avant sa « charte des principes de l’islam ».
Laïcité à géométrie variable pour le gouvernement
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, s’est exprimé sur le sujet depuis Twitter : « la mairie verte de Strasbourg finance une mosquée soutenue par une fédération qui a refusé de signer la charte des principes de l’islam de France et qui défend un islam politique ». Pour rappel, cette charte a pour but de fixer un certain nombre de principes à respecter dans l’exercice du culte musulman. Problème ? Elle va à l’encontre de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État. Une loi qui stipule que la politique n’a pas à s’occuper de questions de religion.
Autre surprise, le ministre ne semble pas remettre en cause dans cette affaire le régime du Concordat, permettant plus généralement le financement des lieux de culte en Alsace et en Moselle. Une position jugée « hypocrite » par certains cadres de La France insoumise. Ceux-ci n’ont pas hésité à rappeler que les marcheurs et la droite traditionnelle ne s’étaient pas opposés au maintien du Concordat et au financement des lieux de culte lors des débats à l’Assemblée (voir ci-dessous). Une laïcité à géométrie variable soulignée notamment par Manuel Bompard, eurodéputé La France insoumise sur LCI. Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon a également appelé dans le même temps à faire respecter les lois déjà existantes, en interdisant les associations qui seraient jugées dangereuses.
Supprimer le Concordat pour une laïcité sur tout le territoire français
La laïcité et l’idéal républicain proclament des choses simples : égalité des citoyens devant la loi, liberté absolue de conscience, aucun financement public des cultes. Il existe pourtant trois départements métropolitains où ces principes fondamentaux ne sont pas respectés. Trois millions de nos concitoyens y habitent, soit près de 5% de la population. Il s’agit des deux départements d’Alsace et de celui de la Moselle.
Un siècle après la fin de la Première Guerre mondiale, plus rien ne justifie le maintien de ce particularisme inégalitaire et anti-laïque. Est-il républicain que tous les citoyens ne soient pas soumis à la même loi ? Cette aberration anti-républicaine n’est pas qu’un sujet local mais bien une question nationale puisque tous les contribuables français dépensent, généralement sans le savoir, plus de 60 millions d’euros chaque année pour assurer salaires et logements des prêtres, pasteurs et rabbins, soit 1 393 personnes pour les trois départements.
Le Concordat, bien qu’il ne reconnaisse pas l’islam, permet le financement des lieux de culte, ce qui n’est pas permis sur le reste du territoire national. C’est donc par ce régime d’exception que peut se faire financer une mosquée, ou n’importe quel autre bâtiment religieux en Alsace et Moselle.
Pour rappel, le mouvement politique de la France insoumise est pour l’abolition du Concordat en Alsace et Moselle. Cette position avait été défendue lors d’un débat sur la laïcité et le Concordat à l’Assemblé nationale en 2018. Le groupe parlementaire LFI est récemment revenu sur le sujet en déposant un amendement dans le cadre de la loi confortant le respect des principes de la République dite loi « séparatisme ». L’occasion de rappeler que la laïcité doit être appliquée sur tout le territoire.