Première victoire contre l’impunité des multinationales au Parlement européen

Le Parlement européen vient d’adopter ce jeudi 10 mars 2021 un rapport porté par Manon Aubry pour tenir les multinationales responsables pour les violations des droits humains et de l’environnement dont elles profitent. 504 voix pour, 79 contre, 112 abstentions : une victoire pour les insoumis.

L’actualité de ces derniers jours a jeté une lumière glaçante sur les crimes sociaux et environnementaux dont les multinationales tirent leurs profits. Au Qatar, 6 500 ouvriers sont morts dans les chantiers de la Coupe du Monde 2022 où opèrent notamment Vinci. Au Maroc, 28 ouvriers dont 19 femmes sont mortes dans l’inondation d’un atelier textile clandestin, de ceux qui approvisionnent les grandes marques comme Zara ou Mango. En Chine, plus d’un million de femmes et d’hommes ouïghours réduits en esclavage récoltent le coton de Nike et fabriquent les téléphones d’Apple.

Les multinationales ont bâti des empires de fric sur l’exploitation des gens et de la nature. Jusqu’ici, l’Union européenne leur a déroulé le tapis rouge pour organiser le pire dumping social et environnemental en signant à tours de bras des traités de libre-échange. L’accord tacite avec les multinationales est simple : tant que votre sale boulot est fait ailleurs, et si possible par quelqu’un d’autre, on ne vous tiendra pas responsable.

Manon Aubry connaît bien ce mécanisme. Avant d’être élue au Parlement européen, à Oxfam, elle décortiquait comment les multinationales se cachent derrière leurs fournisseurs pour ne pas être juridiquement responsables de ces horreurs. Elle avait d’ailleurs travaillé à l’adoption d’une loi sur le devoir de vigilance en France. Les entreprises concernées sont tenues d’identifier leurs fournisseurs, les risques qu’ils font courir aux droits humains et à l’environnement, et d’apporter des réponses. Si elles ne le font pas, les victimes peuvent obtenir réparation devant les tribunaux français. Finalement adoptée en 2017, cette loi est pionnière… mais insuffisante. Elle ne couvre pas les entreprises étrangères, ni celles de moins de 5 000 employés, et les sanctions sont très limitées.

Dès son arrivée au Parlement européen, l’objectif de Manon Aubry est donc clair : mettre sur la table un devoir de vigilance européen plus ambitieux, qui concerne les entreprises étrangères et comprenne de vraies sanctions. Après des mois de bataille contre la droite et les lobbys, c’est chose faite ! Le Parlement vient d’adopter un rapport qui porte la marque du travail des eurodéputés insoumis. Amendes allant jusqu’à 10% du chiffre d’affaires mondial, possibilité de bannir des entreprises des aides et des marchés publics, ou encore d’interdire l’importation de certains produits issus du travail forcé… nombre d’amendements insoumis ont été retenues. Quant aux victimes, elles auront enfin accès aux cours européennes pour être dédommagées.

Cette victoire, c’est aussi celle de la mobilisation des insoumises et des insoumis. Manon Aubry a lancé une grande campagne citoyenne sur les réseaux sociaux pour rappeler aux entreprises et aux lobbys #QuiCommande. Le message est passé et la lutte continue !