Ce matin avait lieu le procès en appel d’Amazon, à la Cour d’appel de Versailles. Leïla Chaibi, eurodéputée insoumise, en a été exclue sans raison. Retour sur l’affaire.
24 milliards de dollars de profits pour Jeff Bezos depuis le début du coronavirus
Depuis le début de la crise sanitaire, certains en profitent. 24 milliards de dollars. C’est la somme à peine croyable que Jeff Bezos, le célèbre patron d’Amazon, a engrangé depuis le début de l’épidémie de Covid-19. Entre le 3 et le 16 avril, l’action d’Amazon France a bondi de 21 %. Tout allait bien, dans le meilleur des mondes.
Et puis patratas. Mardi dernier, pour la première fois, Amazon a perdu un procès l’opposant à ses salariés. La justice française a donné raison au syndicat Sud Commerce, en reconnaissant qu’Amazon ne répondait pas à ses obligations concernant la sécurité sanitaire de ses salariés. Amazon a reçu l’ordre d’établir dans tous ses entrepôts une évaluation des risques encourus par ces derniers et de restreindre son activité aux seuls produits alimentaires, produits d’hygiènes et produits médicaux.
Victoire des salariés mardi dernier : une première
Jeux vidéos, déguisements, sextoys… 90 % des produits livrés par Amazon ont été considérés comme non essentiels dans la période. Ne justifiant pas d’exposer la vie des employés d’Amazon au Covid-19. Si la plus grande multinationale du monde est championne en reversement de dividendes à Jeff Bezos et en vitesse de livraison à ses clients, elle l’est en effet un peu moins en protection sanitaire de ses employés. Ces derniers venaient chercher les colis à livrer à 200, 300 personnes en même temps, dans un même entrepôt, en plein coronavirus, le plus souvent sans masque de protection.
La décision du tribunal de Nanterre mardi dernier est donc une immense victoire. Pour la santé des salariés français d’abord, mais également pour les employés d’Amazon dans les autres pays, qui pourront s’appuyer sur cette décision de la justice française. Amazon France a été obligé de fermer ses entrepôts temporairement. Le temps d’assurer, enfin, la protection sanitaire de ses salariés. Mais l’ogre n’a pas aimé. Une justice qui ose réduire son activité pour protéger ses salariés durant la plus grave crise sanitaire du siècle ? Amazon a fait appel.
Procès en appel ce mardi matin : l’eurodéputée insoumise Leïla Chaibi, expulsée sans raisons
Ce procès en appel avait lieu ce mardi matin, à la Cour de Versailles. Le syndicat Sud Commerce avait invité l’eurodéputée Leïla Chaibi, connue pour son engagement, notamment son combat auprès des livreurs ubérisés. L’eurodéputée entre donc ce mardi matin aux alentours de 10 heures dans la salle d’audience. C’est à ce moment là que la présidente l’interpelle et lui demande de sortir de la salle. L’eurodéputée avait pourtant une accréditation et une place réservée à son nom.
Lors de son arrivée à l’entrée du Tribunal, on lui demande si elle est bien l’eurodéputée invitée. Elle est ensuite accompagné à sa place dans la salle d’audience par la conseillère chargée du secrétariat général de la Cour d’Appel de Versailles. Quelques secondes après, cette même personne évoque « une différence d’appréciation » tombée une minute avant le début du procès, et lui demande de sortir. Elle venait pourtant de lui donner le feu vert par mail et de l’accompagner à sa place. Exclure une représentante du peuple d’une séance publique, est un signal inquiétant. Assister à un procès, dès lors qu’il n’est pas à huis clos, est un droit. Mais preuve en est, les ordonnances de la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, fragilisent un peu plus chaque jour notre État de droit.
Le 11 Avril, Leïla Chaibi a envoyé une lettre à Xavier Garambois, directeur d’Amazon Europe. La demande est simple : faire passer la santé des employés d’Amazon, avant les profits.
Par Pierre Joigneaux.