Les parlementaires insoumis ont déposé une proposition de loi demandant la nationalisation des entreprises Luxfer et Famar. Ces fleurons français de la production d’oxygène médical et de médicaments sont aujourd’hui à l’arrêt, faute d’intervention de l’État pour empêcher leur fermeture injustifiée.
Risque de pénurie de matériel indispensable pour soigner le Covid-19
Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, le matériel sanitaire manque cruellement. Seule réponse à la pénurie de masques de protection et de tests de dépistage : un rationnement de leur utilisation. En faisant cela, le gouvernement a neutralisé tout espoir d’endiguer le nombre de contaminations. À la saturation des hôpitaux et à la faiblesse des effectifs parmi les personnels soignants, s’ajoute la menace croissante d’une pénurie de matériel indispensable au traitement des personnes malades.
C’est le cas notamment des bouteilles d’oxygène médical, dont nous ignorons l’état des stocks disponibles pour les hôpitaux. Cette opacité, déplorée par l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament dans son courrier du 19 mars adressé au Premier ministre, est particulièrement préoccupante. Elle l’est d’autant plus quand on sait que des pays comme l’Italie sont confrontés à une pénurie totale. Il en va de même pour la molécule de chloroquine, dont le dérivé – l’hydroxychloroquine – fait actuellement l’objet d’essais.
Deux fleurons Français prêt à reprendre la production
À l’origine de cette pénurie : la mise à l’arrêt des fleurons Français de la production de bouteilles d’oxygène à usage médical et de médicaments à base de chloroquine, fermées pour être délocalisées, sans aucune intervention de l’État. La France dispose du savoir-faire, des infrastructures, et de la capacité industrielle permettant d’assurer la production de ces équipements indispensables aux traitements des personnes atteintes du Covid-19. Cette situation de pénurie est donc inacceptable.
Le site de l’entreprise Luxfer à Gerzat est la seule usine de production de bouteilles d’oxygène à usage médical en Europe. En dépit d’un bénéfice s’élevant à 1 million d’euros, en augmentation de 55% par rapport à l’année précédente, le site a été fermé en 2019 pour être délocalisé. L’occupation de l’usine par les salariés du site a cependant permis d’empêcher la destruction de l’outil de travail, qui demeure donc intact et immédiatement utilisable afin de reprendre la production d’oxygène médical.
Il en va de même de l’usine Famar, installée à Saint-Genis-Laval, seul site habilité en France par l’Agence nationale de la sécurité du médicament à produire de la Nivaquine à base de chloroquine. Malgré cette production hautement stratégique, l’entreprise abandonnée par le fond d’investissement KKR est actuellement sous administration judiciaire. Sans repreneur, elle risque l’arrêt total. C’est ce qu’expliquait Yannig Donius, délégué syndical CGT de Famar Lyon, dans le cadre de son audition par la commission d’enquête de suivi du Covid-19 lancée par les parlementaires insoumis.
Les insoumis déposent une proposition de loi pour nationaliser
En permettant la fermeture de ces usines, le gouvernement s’est rendu complice d’une logique qui plonge aujourd’hui le pays dans une situation d’urgence vitale. Pour faire face au problème, les députés insoumis ont donc déposé une proposition de loi afin de permettre la nationalisation des entreprises Luxfer et Famar. À ce jour, le gouvernement ne s’est toujours pas saisi de cette opportunité.