Eau et PFAS. Dans les Ardennes et en Meuse, l’eau distribuée dans 17 communes présente des taux jamais vus de PFOA, un polluant cancérogène de la famille des PFAS. Des révélations signées Disclose, en partenariat avec France 3. En janvier, l’on apprenait que l’eau potable de notre pays était massivement contaminée, notamment à Paris, par les PFAS. « C’est l’exposition à long terme aux PFAS qui pose problème », selon Tony Fletcher, épidémiologiste environnemental. C’est une bombe à retardement sanitaire. Notre brève.
« C’est l’exposition à long terme aux PFAS qui pose problème » – Tony Fletcher, épidémiologiste environnemental, pour Discolse, à propos des eaux pollués
Ces PFOA, de la famille des PFAS donc, sont des « polluants éternels », massivement utilisés par les industriels. Ces molécules « servent ainsi à la fabrication de cosmétiques, de vêtements imperméables ou de poêles anti-adhésives », rappelle Disclose. Que disent les chiffres, pour parler d’une contamination aussi grave ? Disclose et France 2 révèlent que les taux mesurés dans l’eau distribuée aux 17 communes dépassent de 3 à 27 fois la limite inscrite dans la loi. « Ma source est condamnée, se désole le maire de Villy », détenant le triste record national de contamination.
Pour aller plus loin : Eau : 88 % de la France menacée de pénurie d’ici à 2050
Les premiers signaux d’alerte autour de ces 17 communs remontent à 2016, mais l’État ne commence à interdire la consommation d’eau du robinet que maintenant. Depuis 2022, le ministère de la Santé doit pourtant si plus de 100 nanogrammes par litres de ces molécules sont détectés. Néanmoins, aucune restriction ne sera décidée, malgré une détection de 315 nanogrammes par litres de polluants éternels dans un forage d’eau alimentant sept villes des Ardennes.
« La préfecture nous incite à contracter des emprunts pour financer l’achat de bouteilles d’eau, s’agace la maire Annick Dufils de Malandry (Ardennes), auprès de Disclose. Mais on va payer pendant des décennies pour une pollution qui n’est pas de notre fait ! ». À qui la faute ? Aux industriels, qui ont manipulé ces PFAS pendant des décennies. Au camp présidentiel, ensuite, qui n’est pas exempt d’une certaine complicité, comme l’avait démontré le député insoumis Gabriel Amard à l’Assemblée nationale :
« Les gouvernements, depuis 2018, ont été associés aux décisions européennes à propos des PFAS en vue de fixer les niveaux de protection de nos concitoyens. Bien que le danger sanitaire fût établi par la communauté scientifique, vous avez accepté que seulement 20 molécules soient contrôlées sur les 14 000 répertoriées. Pourquoi Madame la Ministre ? Que faites-vous pour interdire les PFAS dans les cultures destinées à l’alimentation ? Rien. Dans les ustensiles de cuisine ? Rien. Que faites-vous pour aider les collectivités pour financer la dépollution ? Rien ! » – Gabriel Amard