mercredi 23 avril

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« Je suis en colère et écœuré » : cet artisan revient sur les conséquences de la baisse du seuil de TVA pour les auto-entrepreneurs

TVA. Dans son budget ultra-austéritaire, le gouvernement Bayrou a introduit un abaissement du plafond de chiffre d’affaires pour que les petites entreprises soient exonérées de la TVA. Au 1er mars 2025, ce seuil aurait dû être descendu à 25 000 euros de chiffre d’affaires annuel. Un seuil en dessous duquel les micro-entreprises ne sont pas […]

TVA Auto-entrepreneurs

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TVA. Dans son budget ultra-austéritaire, le gouvernement Bayrou a introduit un abaissement du plafond de chiffre d’affaires pour que les petites entreprises soient exonérées de la TVA. Au 1er mars 2025, ce seuil aurait dû être descendu à 25 000 euros de chiffre d’affaires annuel. Un seuil en dessous duquel les micro-entreprises ne sont pas assujetties à la TVA, au lieu de 37 500 euros pour les prestations de services aujourd’hui. Rapidement, LFI a dénoncé un racket gouvernemental contre les auto-entrepreneurs. Le RN a essayé de s’emparer de ce sujet. Raté : un de ses députés avait proposé l’abaissement de ce même seuil à… 18 750 euros.

Grâce à une importante levée de boucliers des principaux concernés, de leurs représentants et des députés LFI, la réforme a été suspendue par le gouvernement jusqu’au moins de juin 2025. Les députés LFI Alma Dufour et Hadrien Clouet ont déposé pour une proposition de loi pour abroger cette réforme. Le 25 mars, des manifestations ont eu lieu dans 15 villes de France pour demander l’abrogation pure et simple de cette réforme.

L’insoumission a lancé un appel à témoignages le 17 mars 2025 pour recueillir la parole d’auto-entrepreneurs mis au pied du mur par cette réforme inique et brutale. Nous publions dans nos colonnes le témoignage de Vincent. Artisan maroquinier dans l’Aude depuis 12 ans, sa seule solution pour tenir face à cette baisse de seuil serait d’augmenter ses prix, ce qu’il se refuse à faire. Si une telle mesure s’appliquait, il perdrait 400 euros de son salaire du jour au lendemain, soit sous le SMIC. Notre article.

« Si la loi TVA à 25K passe, je perdrais 400 € de mon salaire du jour au lendemain, me laissant moins qu’un SMIC » – Le témoignage édifiant de cet auto-entrepreneur concernant l’abaissement du seuil de TVA

« Bonjour à tous,

Je m’appelle Vincent, je suis artisan dans l’Aude depuis 12 ans.

J’ai quitté un poste d’ingénieur pour reprendre l’entreprise de mon oncle, qui m’a formé avant son départ à la retraite.

Devenir artisan, c’était un rêve, une passion, un projet de vie. Ne plus être derrière un écran toute la journée, mais fabriquer de mes propres mains des articles pour les vendre en direct et avoir le retour positif des clients, c’est très épanouissant. Mais être artisan à son compte, ce n’est pas facile. Je suis aussi comptable, commercial, gestionnaire de stock, etc.

Actuellement, je gagne environ 1 700 € par mois pour un chiffre d’affaires d’environ 40 000 € par an. Je travaille très dur pour ce résultat, en moyenne 50 heures par semaine, jusqu’à 60 heures en pleine saison.

Si la loi TVA à 25K passe, je perdrais 400 € de mon salaire du jour au lendemain, me laissant moins qu’un SMIC pour vivre dignement, sans parler des frais de comptabilité qui viendront s’ajouter.

Pour aller plus loin : « Contrainte de stopper mon activité » : comment la baisse du seuil de TVA voulue par Bayrou va mettre les auto-entrepreneurs au tapis

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https://x.com/L_insoumission/status/1904529804776394810

Mon atelier se situe dans un petit village touristique. C’est une activité saisonnière, je ne vends pas toute l’année, et je n’ai aucun moyen d’augmenter mon chiffre d’affaires. Je n’ai pas le temps de chercher d’autres points de vente, car je dois produire ce que je vends. Je ne fais pas fabriquer mes articles à l’autre bout de la planète pour les revendre 10 fois leur coût de revient. Je fabrique sur place des articles de qualité et durables.

Dans mon village, nous sommes des dizaines d’artisans dans le même cas. Si cette loi passe, la moitié des commerces risquent de fermer, c’est toute une économie locale qui risque de s’écrouler !

Pour s’en sortir, la seule solution serait l’augmentation des prix, d’au moins 15 %, avec la certitude que les ventes diminueront. Et je n’aurai aucun moyen, dans l’avenir, d’augmenter mes prix pour compenser l’inflation des matières premières.

Quand on nous parle de concurrence déloyale, j’en rigole. Dans mon secteur d’activité, je ne risque pas de faire de l’ombre à Hermès, LVMH et compagnie, qui gagnent des millions de bénéfices par an.

Et pour le secteur du BTP, qui est avancé comme excuse majeure de la concurrence déloyale, cela concerne seulement 5 % de l’ensemble des auto-entrepreneurs.

Je ne peux pas m’empêcher de croire qu’il y a derrière toute cette mascarade des lobbies puissants, au service de grandes entreprises qui ont hâte d’écraser la petite concurrence pour obtenir le monopole du marché.

En conclusion, je trouve cette loi injuste. Je suis en colère et écœuré par les politiciens qui votent toujours plus de lois en faveur des grosses entreprises, en sachant très bien que ce qui est proposé aura un impact catastrophique pour les petites entreprises comme la mienne. »

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