Bardella et ses emplois fictifs : la fin de l’impunité ?

Jordan Bardella a perdu son procès contre Libération, le 21 mars dernier. Suite à un article paru en septembre 2024 l’accusant d’être un “assistant parlementaire fantôme”, il avait porté plainte pour diffamation sur le titre et non sur le fond. Absent le jour de l’audience, Bardella n’a fait que confirmer sa réputation fantomatique.  La même […]

Jordan Bardella à Belfort, lors des élections européennes 2024

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Jordan Bardella a perdu son procès contre Libération, le 21 mars dernier. Suite à un article paru en septembre 2024 l’accusant d’être un “assistant parlementaire fantôme”, il avait porté plainte pour diffamation sur le titre et non sur le fond. Absent le jour de l’audience, Bardella n’a fait que confirmer sa réputation fantomatique. 

La même semaine, deuxième mauvaise nouvelle pour le jeune prodige, à son tour visé par une plainte. Alors qu’il avait jusqu’ici échappé à la justice dans l’affaire des assistants parlementaires fictifs, le parquet a été saisi par l’association anticorruption Adelibe le 25 mars, suite aux révélations publiées par Libération &de faux et usage de faux.

La troisième nouvelle est arrivée ce lundi, puisque le résultat du procès de Marine Le Pen et d’autres cadres du RN a été rendu. La France Insoumise a d’ailleurs réagi à cette condamnation hier.

Pour rappel, la candidate d’extrême droite aux dernières présidentielles a été condamnée à 4 ans de prison dont 2 fermes, 100 000 euros d’amende et 5 ans d’inéligibilité avec exécution provisoire. Cela pourrait constituer un véritable tournant pour le parti d’extrême droite. Notre article.

Un fantôme devant la justice : Bardella perd son procès et se ridiculise

Jordan Bardella espérait faire condamner Libération, il n’a réussi qu’à prouver son inconsistance. Après un article du journal publié en septembre 2024, il a porté plainte pour diffamation, non pas sur le fond, mais sur son titre : « assistant parlementaire fantôme passé entre les gouttes de la justice ». Comme si changer les mots pouvait effacer la réalité.

Le jour de l’audience, fidèle à sa réputation, Bardella n’a même pas daigné se montrer. Son avocat, livré à lui-même, s’est lancé dans une plaidoirie lunaire : selon lui, le mot fantôme évoquait « l’inexistant, l’irréel », tandis que passer entre les gouttes serait offensant, car « la pluie, de par ses gouttes, mouille ».

Un argument qui n’a convaincu personne, pas même la météo.

Résultat ce 21 mars : relaxe pour Libération, ridicule pour Bardella. En cherchant à faire taire les critiques, il a surtout confirmé son absence. Une fois encore, l’homme qui prétend diriger la France a préféré fuir plutôt que d’affronter la réalité.

Emplois fictifs et faux documents : Bardella rattrapé par la justice

Après des années à passer entre les gouttes de la justice, Jordan Bardella est visé par une plainte. L’association anticorruption Adelibe a saisi le parquet le 25 mars pour détournement de fonds publics, recel, faux et usage de faux, escroquerie et tentative d’escroquerie.

En cause : son emploi fictif présumé d’assistant parlementaire en 2015. Officiellement salarié par l’eurodéputé Jean-François Jalkh, il était également chargé de mission auprès du vice-président du FN de l’époque, Florian Philippot.

Alors qu’il n’a laissé aucune trace de travail effectif pour le Parlement européen, Jordan Bardella a pourtant perçu 1 200 euros net par mois pendant quatre mois et demi, soit un total de 10 444 euros d’argent public.

Mais le protégé de Marine Le Pen ne s’est pas contenté d’empocher le salaire. En 2017 et 2018, il aurait participé à la fabrication de faux documents pour maquiller son absence d’activité. Une revue de presse, censée prouver son travail, a en réalité été créée deux ans après les faits et annotée de sa main. Autre manipulation : un agenda 2015, acheté en 2018, rempli a posteriori pour simuler un emploi du temps.

La plainte vise aussi Jean-François Jalkh, son pseudo-employeur, qui avait fourni une clé USB censée contenir des preuves de travail. Toujours sous scellé, son contenu pourrait constituer une tentative d’escroquerie au jugement si les faux de Bardella y figurent.

Cette affaire tombe au pire moment pour le Rassemblement national. Lundi, le tribunal rendra son verdict dans le procès des assistants parlementaires fictifs du parti, qui implique douze cadres et ex-députés européens. La somme totale des fonds détournés est estimée à plus de 4,5 millions d’euros.

Une condamnation fragiliserait son avenir politique et plomberait le RN, un parti qui, jadis, se posait en chevalier blanc de la moralisation politique, fustigeant les « tous pourris » et prônant l’« inéligibilité à vie » pour les élus condamnés par la justice. Extrême droite mais pas extrême droiture, visiblement.

Camille Karlin

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Les Crayons de L’insoumission, par Xab / La Plume Rieuse.

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