Chez de Malherbe, Bardella défend Bernard Arnault corps et âme

Chez Apolline de Malherbe le mardi 18 février, Jordan Bardella affichait un nouveau look, mais gardait les mêmes idées racistes au service d’une poignée de profiteurs. Bernard Arnault pourra, on l’espère, s’en trouver rasséréné, lui dont le sommeil compte pour le leader d’extrême droite, qui observait d’un air fin que l’ex-homme le plus riche du […]

Bardella Bernard Arnault

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Chez Apolline de Malherbe le mardi 18 février, Jordan Bardella affichait un nouveau look, mais gardait les mêmes idées racistes au service d’une poignée de profiteurs. Bernard Arnault pourra, on l’espère, s’en trouver rasséréné, lui dont le sommeil compte pour le leader d’extrême droite, qui observait d’un air fin que l’ex-homme le plus riche du monde se « levait plus tôt que ses salariés ».

Le bras droit de Marine Le Pen, et admirateur de Steve Banon, entendait par là donner plus de poids au « cri d’alarme » du milliardaire, soi-disant étranglé par les taxes et la réglementation. Pourtant, les oligarques tels que Bernard Arnault n’ont jamais été aussi riches. En 2024, la richesse des milliardaires dans le monde a augmenté de 2000 milliards de dollars, soit une progression trois fois plus rapide qu’en 2023. Rarement, depuis qu’on mesure la fortune des ultrariches, a-t-on vu une telle augmentation. Sous Macron, les plus riches ne sont jamais aussi bien portés. 5 milliardaires possèdent davantage que 27 millions de Français.

En 2024, la France comptait 147 milliardaires en 2024. Les 500 fortunes du pays battent des records. Par ailleurs, 10 % de la fortune cumulée des milliardaires français suffirait pour atteindre l’objectif de 50 milliards d’économies que le gouvernement a pris la résolution de faire en saignant coupant dans les services publics.

Mais l’argent accaparé par les oligarques est et demeure considéré comme sacré, jusqu’à l’absurde. Comme l’économiste Gabriel Zucman le martèle, le taux d’imposition des milliardaires sur leurs revenus n’est que de 2 % ! Et si l’on prend l’impôt sur les sociétés incluant les dividendes, bénéfices non distribués, etc, pour arriver à considérer le total des prélèvements sur l’ensemble de leurs profits, nous sommes à 28 %. C’est-à-dire un taux bien moindre que ce que la logique d’imposition sur le revenu applicable à la grande majorité des Français commanderait de prélever.

Surtout, toutes les politiques publiques depuis le premier quinquennat Macron en matière de fiscalité sont construites pour faire perdurer cette accumulation insensée. Ainsi, en 2023 la part des aides aux entreprises représentait 7,2 % du produit intérieur brut, plus de 150 milliards d’euros. Ce chiffre est en progression et inclut des niches fiscales tel que l’ex-CICE, ce cadeau à 20 milliards fait en échange de la création d’un million d’emplois dont nous n’avons jamais vu la couleur. Notre article.

Un soutien étatique à la prédation des riches, Bardella et le RN protègent le capital

Le crédit impôt recherche coûte 7,6 milliards d’euros par an aux finances publiques. Son absolue inefficacité pour stimuler l’innovation ou la recherche a été maintes fois démontré. Mais cela n’a nullement empêché qu’il soit maintenu, sans discussion possible, dans le budget 2025. Quant à la suppression de l’ISF, elle continue de nous coûter 3,2 milliards d’euros par an de recettes fiscales, même si personne n’a jamais pu démontrer que ce cadeau avait amené à un seul euro d’investissement ou au moindre poste créé où que ce soit. Il est toujours utile de rappeler que le RN avait voté contre le rétablissement de l’ISF.

Rappelons, pourtant, que le coût d’une non-réforme des retraites, tel que l’admet lui-même le gouvernement à l’occasion, est de 15 milliards d’euros par an ! C’est-à-dire moins que le coût du CICE, c’est-à-dire seulement deux fois plus que le coût du CIR ! Et c’est-à-dire, encore, une miette par rapport au panier garni d’argent public où les milliardaires vont se bâfrer. Et cependant que 15 000 personnes mourront sans atteindre le nouvel âge de départ à la retraite, la fortune des riches continuera de croître tranquillement puisqu’il semble impensable de la redistribuer.

Alors, si ce problème ne touchait qu’à la justice fiscale et sociale, ce serait déjà bien suffisant pour nous inciter à la révolte. Mais il est inséparable de la question écologique et de la question démocratique. Question écologique, car en 2024 les investissements des 50 milliardaires les plus riches du monde généraient autant de CO2 que les émissions annuelles de 3,2 millions de Français, car les 1 % les plus riches de l’humanité émettent autant de CO2 que les deux tiers les plus pauvres de l’humanité ! L’investissement de l’État doit être bien supérieur à ce qui a été fait jusqu’à maintenant pour une véritable bifurcation écologique.

Pour aller plus loin : Bernard Arnault verse des larmes de crocodiles, les ultra-riches n’ont jamais eu autant d’argent : de l’indécence des plus fortunés

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Ces énormes montants ne pourront être couverts qu’à condition de mobiliser tous les leviers de financement incluant, mais sans s’y limiter, la taxation des plus riches et des grandes firmes qui leur reversent des dividendes. D’autant plus que malgré les engagements environnementaux de la France, notre pays continue de subventionner généreusement les énergies fossiles.

Un engagement a bien été pris à ne plus le faire d’ici à 2025, mais il est resté lettre morte, faute de calendrier précis, de sanctions et d’effectivité. Au contraire, même, Manuel Valls a scandalisé des millions de Français en annonçant vouloir « rouvrir le débat » sur l’exploitation de pétrole en Guyane, pour la plus grande satisfaction des groupes pétroliers lui ayant soufflé l’idée.

Quand les milliardaires trahissent le pays, l’État abdique

Quant à l’enjeu de démocratie, comment persister à l’ignorer alors que les États-Unis constituent une vision claire de ce qui attend la France si rien n’est fait ? Le gouvernement qui a pris le contrôle de la première puissance mondiale est dirigé par des ultra riches ayant annoncé à l’avance leur intention de transformer l’état en un régime techno-autoritaire et conservateur.

Et ces gens, si glaçants soient-ils sont en train de faire précisément ce qu’ils avaient écrit. Trump, Musk et leurs amis, démantèlent à vitesse grand V le chétif système social américain pour y substituer une dérégulation généralisée et imposer par la force publique la prédominance de leurs intérêts privés, bien davantage qu’auparavant. Partout ils soutiennent, en Europe, toutes sortes de populistes d’extrême-droite désireux de se vendre pour arriver aux responsabilités et imposer leur agenda.

Ce n’est d’ailleurs que logique. Comment un état peut-il être respecté et craint de particuliers plus riches que lui ? Car 1000 milliards, ce chiffre inimaginable qu’atteindront bientôt les oligarques, c’est plusieurs fois le budget annuel d’états occidentaux de première importance… telle que la France ! Comparaison n’est pas raison, mais il est frappant d’observer que malgré ces éléments, des politiciens comme Bardella croient porteur de jouer sur une prétendue persécution des riches.

Par ailleurs, ce n’est pas comme si les déséquilibres croissant allaient se corriger d’eux-mêmes. En avril 2024 une étude du très sérieux journal de l’establishment Forbes, révélait que tous les milliardaires de moins de 30 ans avaient hérité de leur fortune, confirmant s’il était besoin que l’extrême richesse relève autant de la naissance que l’absence de scrupules.

Absence de scrupules car en cette année 2025, le capitalisme montre ses crocs. C’est une pluie de plans sociaux qui s’abat sur les salariés, mal nés, eux, dont l’emploi a rarement été aussi menacé. Sanofi, Danone, des entreprises ayant reçu des aides publiques considérables depuis plusieurs années et dont les patrons et actionnaires atteignent des niveaux de fortune record ont annoncé leurs intentions de purges dans les effectifs. De même que Auchan, Valeo, Michelin, Thales… Depuis décembre 2023 la CGT a recensé plus de 300 plans de licenciements partout dans le pays !

Pourtant, aucun de ces groupes à la santé économique solide n’est réellement contraint par les événements, mais tous peuvent s’appuyer sur une législation faite sur mesure. Par exemple, est-il une disposition plus inadmissible pour les salariés que celle qui permet à un groupe d’alléguer des difficultés supposées d’une filiale sans tenir compte du résultat global, pour motiver des licenciements parfaitement évitables ?

Qu’il s’agisse des salariés qui paient la soif insatiable d’actionnaires toujours plus voraces, ou qu’il s’agisse des français dans leur ensemble dont les droits sociaux sont jugés secondaires par rapport aux profits de quelques-uns, le mal est le même. C’est la cupidité d’une poignée de puissants coalisés. Et pour les syndicats et les partis de la gauche, la réponse doit aussi rester constante, celle d’une lutte qui ne faillit pas, car si 72 français ont des milliards, les travailleurs, eux, sont des 68 millions d’exploités.

Par N.B.

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