Amsterdam. Des jours entiers d’hystérie et désinformation médiatique autour des violences d’Amsterdam, racisme d’Éric Zemmour sur RTL, fake news à l’encontre de Sébastien Delogu, condamnation de CNEWS à 100 000 euros par l’ARCOM pour diffusion de fausses, informations. Ce sont tout autant de séquences médiatiques ayant marqué la semaine, et bien d’autres, que l’Insoumission vous décrypte dans sa revue de presse hebdomadaire de critique de l’officialité médiatique.
Des médias de Bolloré aux journaux de Bernard Arnault, de BFM TV aux plateaux de Martin Bouygues, chaque jour est une occasion supplémentaire pour constater la partialité des médias dominants et leur acharnement contre la France insoumise.
Indignations sélectives, censure, criminalisation des voix de la paix, choix partiaux des invités et sujets traités, désinformation, invectives constantes envers le mouvement insoumis… Telle est la réalité du journalisme de cour et d’éditorialistes d’extrême droite prêts à tout pour imposer leur agenda idéologique et conserver une place au chaud. Notre revue de presse.
Amsterdam : des jours d’hystérie médiatique basés sur une fake news
7 novembre 2024. À Amsterdam, le club de football de l’Ajax reçoit le Maccabi Tel-Aviv. Depuis la veille au moins, des centaines de supporters israéliens sont dans la ville. Arrivés au son du chant « mort au arabes », ils ont déjà, au moment du coup d’envoi, brûlé un taxi, agressé des passants, arraché des drapeaux palestiniens et refusé de respecter une minute de silence en hommage aux victimes des récentes inondations en Espagne. Après le coup de sifflet final, la nuit est marquée par des affrontements entre la population locale et les hooligans d’extrême droite du Maccabi Tel-Aviv.
S’ensuivent plusieurs jours d’une hystérie médiatique mêlant fake news, essentialisation des personnes de confession juives, et stigmatisation de quiconque remettrait en cause le cadrage imposé. Dans ce contexte, une séquence tourne en boucle sur les plateaux de télévision et les sites internet des grands médias nationaux. À les en croire, on y verrait des supporters du Maccabi Tel-Aviv poursuivis dans les rues d’Amsterdam pour être violentés. Problème, comme l’atteste la journaliste ayant filmé la scène, cette vidéo montre l’exact inverse : ce sont en fait des supporters israéliens que l’on voit pourchasser un homme pour l’agresser.
Des heures durant les plateaux de télévision ont disserté sur cette fake news et s’en sont violemment pris à celles et ceux qui dénonçaient ce mensonge, comme nous allons le voir dans cette revue de presse. Aujourd’hui encore, nombreux sont les médias à continuer d’arborer cette vidéo avec une explication mensongère. Si BFMTV a par exemple publié un minable « rectificatif » de moins de 50 mots sur ses réseaux sociaux, il est déjà trop tard pour tous ceux déjà insultés pour avoir dénoncé un mensonge, et la désinformation s’est déjà largement propagée.
Quand les médias profitent de la désinformation sur les violences d’Amsterdam pour mettre une cible dans le dos des insoumises et des insoumis
Si l’hystérie et la désinformation médiatique autour des violences ayant eu lieu à Amsterdam ont eu une utilité pour les grands médias, c’est bien celle d’un nouveau prétexte pour stigmatiser et diffamer la France insoumise pour tenter de la disqualifier.
Ainsi par exemple CNEWS a appelé à la déchéance de nationalité de l’eurodéputée insoumise Rima Hassan, a laissé dire que « LFI applaudit la chasse aux juifs », et le ministre de l’intérieur Bruno Retailleau a participé, dans un infâme exercice de communication, au harcèlement de la député insoumise Marie Mesmeur. Louis Boyard a même été représenté portant un uniforme nazi par le caricaturiste Plantu, le tout, une fois de plus, pour défendre la dignité du peuple palestinien. Jour après jour les médias dominants mettent une cible dans le dos des insoumises et des insoumise.
Sur BFMTV, appeler des hooligans d’extrême droite par leur nom est suffisant pour être accusé d’antisémitisme
Ce 10 novembre, le préfet de Police de Paris Laurent Nuñez, ancien porte-flingue de Christophe Castaner au ministère de l’intérieur, était présent sur le plateau de BFMTV, comme souvent ces derniers mois. Dans ce cadre, la « journaliste » Amandine Atalaya interroge son invité sur les violences d’Amsterdam, et se sent obligée, comme l’on pouvait s’y attendre, d’en profiter pour s’en prendre à la France insoumise. Elle demande ainsi à Laurent Nuñez si appeler des hooligans d’extrême droite par leur nom n’est pas déjà assimilable à de l’antisémitisme.
Si cette séquence n’est peut-être pas impressionnante, elle demeure révélatrice de l’hystérie qui s’est emparée des médias ces derniers jours, et de leur réduction systématique des personnes de confession juives à leur identité juive. Peu importe ce qu’ils aient fait ou ce qu’ils fassent, les hooligans du Maccabi Tel-Aviv ont été considérés par les médias, sans discussion possible, comme des Juifs ayant été attaqués parce que juifs. Suivant ce raisonnement, remettre en contexte les évènements de la nuit du 7 au 8 novembre, c’est déjà être antisémite. Une telle posture logique et rhétorique de la part des médias n’est en fait rien de moins que l’essentialisation d’individus autour de leur religion supposée.
Après une intense campagne de désinformation contre le député insoumis Sébastien Delogu, les médias sont bien obligés de revenir sur leurs fake news
Cette semaine, la désinformation des médias dominants ne s’est pas limitée au cas des violences d’Amsterdam et à leur instrumentalisation contre la France insoumise. Elle s’est plus directement déployée dans des débats à charge autour de propos attribués à tort au député insoumis Sébastien Delogu.
Pendant plusieurs heures, les plateaux de télévision se sont excités sur le fait que Sébastien Delogu aurait traité la député macroniste Aurore Bergé de « grosse poubelle ». Mais pas de chance pour les propagateurs de fake news, le compte rendu de l’Assemblée nationale est clair : Sébastien Delogu n’a pas traité Aurore Bergé de « grosse poubelle », il a simplement rappelé que sa position et celle de tout son camp à l’égard du génocide en cours à Gaza les conduirait dans les « poubelles de l’Histoire ». La queue entre les jambes, à l’image de Cyril Hanouna, nombreux sont les médias à avoir dû présenter leurs excuses.
« Ce sont des bandes de maghrébins qui tiennent le trafic de drogue » : sur RTL, Éric Zemmour peut cracher son racisme en toute impunité
Invité de de l’émission « Le Grand Jury » sur les antennes de RTL, le raciste multirécidiviste Éric Zemmour s’est encore fendu d’une déclaration abjecte envers les Français maghrébins et de confession musulmane. Ne s’appuyant sur rien d’autre que ses obsessions racistes, Éric Zemmour déclare que ce sont « des bandes de maghrébins » qui tiennent le trafic de drogue en France. Sur le plateau, personne ne le reprend. En France, en 2024, il est donc possible d’essentialiser et de tisser un lien de causalité entre une origine ethnique et une pratique criminelle sans que personne ne le relève. Dans la droite lignée de sa condamnation en mars dernier pour injure à caractère raciste, Éric Zemmour doit aussi être condamné pour de tels propos.
Acharnement sur le plateau de BFMTV : pas touche à la politique génocidaire de Netanyahu
Ce 11 novembre, sur fond d’hystérie médiatique quant aux violences ayant eu lieu à Amsterdam, l’avocat Vincent Brengarth était invité de BFMTV pour débattre de la situation à Gaza. Ne faisant rien d’autre qu’évoquer la souffrance du peuple palestinien et l’atroce disproportion de la réponse d’Israël, il a dû subir pendant plusieurs minutes l’acharnement d’un plateau acquis à la cause de la politique de Benjamin Netanyahu. Une séquence d’acharnement, d’imprécisions, et d’arguments génocidaires qui se passe de commentaire.
Quand Manuel Bompard recadre le grotesque Yves Thréard
Ce 12 novembre, le coordinateur national de la France insoumise et député des Bouches-du-Rhône Manuel Bompard était invité de BFMTV. Sur le plateau, le directeur adjoint du Figaro Yves Thréard (désormais intervenant et présentateur régulier de la chaîne) s’est fendu d’un mensonge qui serait d’un grotesque risible s’il n’était pas d’abord affligeant. Manifestement en plein délire, l’éditorialiste déclare que le score de 22 % réalisé par Jean-Luc Mélenchon lors de l’élection présidentielle de 2022 l’a été avec le soutien du Parti socialiste, ce qui est bien-sûr complètement faux (Anne Hidalgo appréciera). Face à lui, Manuel Bompard déploie donc un recadrage en règle des faits, et remet à place Yves Thréard face à son mensonge grossier.
« Si l’ambiance est pourrie, Jean-Luc Mélenchon n’y est pas pour rien » : sur BFMTV, on ne se cache plus
Sur BFMTV, on ne se cache plus. Ce 13 novembre, l’éditorialiste Matthieu Croissandeau se fendait d’une chronique sobrement intitulée « Si l’ambiance est pourrie, Jean-Luc Mélenchon et ses amis n’y sont pas pour rien ». Au menu, un condensé chimiquement pur des éléments de langages employés chaque jour sur tous les plateaux de la presse bourgeoise pour s’en prendre aux insoumises et aux insoumis et les couvrir des accusations les plus infamantes.
Cette séquence n’a évidemment rien d’étonnant de la part d’une chaîne tenante par excellence de l’ordre néolibéral, qui réalise un « excellent travail » selon les propres mots des porte-paroles de l’armée génocidaire israélienne. Pour autant, ce n’est pas parce qu’elles se multiplient que de telles séquences doivent être banalisées. Non, les intervenants que vous voyez chaque jour sur BFMTV n’ont rien de journalistes, ils sont d’abord et avant tout les défenseurs d’un système qui leur garantit une place au chaud, et que la France insoumise entend bien faire changer.
Pour aller plus loin : Netanyahu sur CNEWS : Rima Hassan a raison, les médias auront des comptes à rendre
Les autres informations médias de la semaine
Ce 15 novembre, la chaîne d’extrême-droite CNEWS vient d’être condamnée par l’ARCOM à 100 000€ d’amende pour avoir diffusé par deux fois une émission où il était déclaré que « l’avortement est la première cause de mortalité dans le monde », et à 50 000€ d’amende pour avoir diffusé une fausse information islamophobe. Comme le rappelle le député de la France insoumise Aurélien Saintoul, de telles sanctions, prononcées après un délai particulièrement long, sont dérisoires au regard des faits caractérisés et de la récidive qu’ils constituent. « De telles décisions continuent de saper le crédit du régulateur » souligne encore le député insoumis.
Ce 15 novembre, l’École Supérieure de Journalisme de Paris (ESJ) a annoncé avoir été rachetée par un consortium notamment constitué de Bernard Arnault, Vincent Bolloré, Rodolphe Saadé et Pierre Gattaz (ancien président du Medef). Si cette École n’est pas officiellement reconnue par la profession, son passage dans les mains de milliardaires magnats des médias constitue une étape supplémentaire dans la fabrique de soldats du journalisme de caste.
Par Eliot