Outre-mer. Une manifestation contre la vie chère s’est tenue ce dimanche 10 novembre à Paris, organisée par des associations antillaises et kanaks. Un cortège imposant de plus de 10 000 personnes s’est élancé au départ de Denfert-Rochereau pour rejoindre le ministère des Outre-mers. Notre article.
Une manifestation massive pour le blocage des prix en outre-mer
La mobilisation visant à dénoncer le coût de la vie dans les territoires ultramarins n’est pas nouvelle, et les observateurs attentifs savent bien qu’il s’agit d’une dimension essentielle de la lutte pour la justice sociale. Toutefois, ce combat s’est invité dans les rues de Paris le weekend dernier, essayant d’attirer le regard de la métropole sur les conditions de vie des citoyens français vivant dans les Outre-mers.
Plus de 10 000 personnes ont ainsi défilé ce dimanche à Paris au départ de Denfert-Rochereau, formant un cortège massif dans lequel fleurissaient entre autres les drapeaux martiniquais, kanaks et guadeloupéens. Dans une ambiance particulièrement joyeuse, les manifestants dénonçaient cependant une réalité bien moins reluisante : selon l’INSEE, les prix moyens des produits alimentaires en Martinique sont environ 42 % plus chers qu’en métropole.
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Il s’agit là d’une situation partagée de manière générale par les territoires ultramarins, puisque le prix des produits alimentaires seraient également 78 % plus élevés en Nouvelle-Calédonie que dans la métropole, et la différence de prix de ces produits entre Mayotte et le territoire métropolitain serait de 30 %, toujours selon l’INSEE. Le tout associé à des niveaux de pauvretés records, 27 % de la population en Martinique, 77 % à Mayotte, contre 14,4 % sur le territoire métropolitain. L’urgence sociale qui touche ces territoires n’est donc plus à démontrer, et il est grand temps que les responsables politiques se saisissent de cette problématique.
Les habitants des Outre-mers mobilisés depuis des mois pour une vie digne
Cette manifestation fait suite à une mobilisation inédite des habitants de plusieurs territoires ultramarins pour le blocage des prix et ce, depuis plusieurs mois. C’est particulièrement le cas en Martinique où des manifestations réunissant plusieurs centaines d’habitants ont lieu depuis des mois, lancées le 1er septembre dernier par le Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéennes (RPPRAC).
Ces mobilisations ont également été renforcées par une réalité connue de la population : les prix exorbitants des denrées alimentaires ne sont pas une fatalité, mais le résultat de la concentration du marché de la grande distribution par 3 entreprises. C’est pourquoi le blocage des prix et le contrôle des marges de la grande distribution sont des revendications clef directement issues des manifestations.
Évidemment, la réponse de la macronie gouvernant pas sursis s’est inscrite dans sa tendance de glissement vers un autoritarisme toujours plus prononcé. Le leader du RPPRAC a ainsi été placé en garde à vue, un couvre-feu interdisant le déplacement des habitants durant la nuit a été instauré, et la huitième compagnie des CRS a été dépêchée sur l’île, une première depuis 1959. Une fois de plus, face au cri de douleur de population souffrant d’une pauvreté organisée par la loi du profit aveugle, le pouvoir macroniste répond par la répression.
Les insoumis solidaires des citoyens d’Outre-mer mobilisés
Plusieurs figures insoumises étaient présentes dans la manifestation parisienne ce dimanche afin d’assurer aux populations des Outre-mers l’entière solidarité du mouvement insoumis avec leur lutte pour la justice sociale. La présidente du groupe LFI-NFP à l’Assemblée Nationale, Mathilde Panot, y a notamment participé, accompagnée de Perceval Gaillard, député insoumis de la Réunion, de Carlos Martens Bilongo, député insoumis du Val d’Oise ou encore de Rachel Keke.
La France Insoumise a fait de la question du blocage des prix un sujet de mobilisation centrale que ce soit durant ses campagnes ou à l’Assemblée Nationale. À l’heure ou le Rassemblement National et la macronie pactisent pour faire passer des mesures anti-sociales, les insoumis continueront de maintenir la pression afin de mettre en place le blocage des prix.
Par Mathieu Rateau