Macron Le Pen immigration etudiant
2DHEWG8 French far-right Front National (FN) party president Marine Le Pen (L) shakes hands with French President Emmanuel Macron after their meeting at the Elysee palace in Paris, on November 21, 2017. Photo by Christian Liewig/ABACAPRESS.COM

Racket des étudiants – Le RN valide l’austérité macroniste

Étudiants. Mardi 29 octobre au soir, en Commission des Finances à l’Assemblée Nationale, les parlementaires se sont penchés sur les crédits de la seconde partie du Projet de Loi de Finances 2025, alloués à l’enseignement supérieur, la vie étudiante et la recherche. Les députés insoumis ont bataillé pendant quatre heures pour appliquer le programme et protéger une jeunesse abandonnée et brutalisée par sept années de macronisme. De l’autre côté, le RN et la macronie ont voté main dans la main contre la quasi-totalité des amendements pour améliorer la vie étudiante, l’enseignement supérieur et la recherche, maintenant le cap de l’austérité budgétaire.

Repas CROUS, crédits alloués à la recherche, titularisation des contractuels, Parcoursup, création et rénovation d’infrastructures, CVEC, accueil des étudiants étrangers… De nombreux sujets ont été abordés. Malgré l’alliance entre députés RN et macronistes, les députés insoumis ont arraché plusieurs victoires significatives en faveur de la jeunesse, dont le rétablissement du repas en restaurant universitaire à euro, pour tous les étudiants. Notre brève.

Un seul programme macro-lepéniste : la précarité étudiante et la casse de l’enseignement supérieur

Ensemble, le RN et la macronie ont voté contre toutes les propositions de distribution des crédits pour améliorer la vie étudiante, l’enseignement supérieur et la recherche. L’amendement du député insoumis Arnaud Saint-Martin visant à augmenter le budget de la recherche de 2 milliards d’euros supplémentaires, ce qui pourrait permettre la création de 12 000 postes et de rénover les locaux ? Rejeté. Aujourd’hui, seuls 2,2 % du PIB sont consacrés à la recherche et au développement, loin des 3 % d’objectifs fixés par l’Union européenne.

Série d’amendements du NFP visant à titulariser les contractuels : rejetés, malgré un avis favorable de la commission des affaires culturelles et de l’éducation. Le député RN Jean-Philippe Tanguy a expliqué qu’il ne souhaitait pas aider davantage le milieu de la recherche qui serait un « milieu de gauche, de copinage et d’arrangements ». Peut-être un des derniers lieux qui sait appliquer un barrage républicain face à leurs idées nauséabondes. Les amendements visant à augmenter la rémunération des vacataires ont également été rejetés.

La députée insoumise Marie Mesmeur a défendu un amendement visant à augmenter de 8 000 le nombre d’allocations doctorales et ouvrir la possibilité au financement d’une quatrième année de thèse. En effet, le nombre de doctorants est en baisse de 14,3 % entre 2022 et 2023 et le taux d’abandon en thèse est de 40 %, souvent par faute de financements. Le RN et la macronie ont de nouveau voté contre, Jean-Philippe Tanguy a ajouté qu’il fallait arrêter la « victimisation ». Il faut surtout arrêter de précariser davantage, mais les macro-lepénistes semblent s’en satisfaire.

Concernant les inégalités d’accès à l’éducation supérieure, ont été rejetés tous les amendements visant à rendre plus transparents les critères de sélection de Parcoursup et la création de 25 000 nouvelles places en licence pour réduire le nombre de sans-fac. Une Annualisation et revalorisation des bourses étudiantes à hauteur de 200 € ? Rejetée. Une revalorisation des bourses étudiantes de 70 € en plus pour les étudiants ultra-marins qui subissent davantage l’inflation ? Rejeté. Des investissements dans les équipements sportifs, création et rénovation des logements CROUS ? Rejetés.

Le revenu universel étudiant pour tous a été rejeté unanimement par le bloc libéral-réactionnaire, actant l’inégalité et la précarité comme principes en matière d’éducation supérieure. À propos de la santé mentale, prétendue grande cause quinquennale, l’augmentation du nombre de services et de professionnels de santé pour les étudiants a été rejetée. De même pour le recrutement d’assistantes sociales.

Le RN fidèle à lui-même : xénophobe

Le RN a défendu un amendement pour réserver l’accès et la sélection des études supérieures aux étudiants français⸱es, pointant une fois de plus les étrangers. Si l’argument humaniste de l’accueil pour tous devrait suffir, l’argument économique finit de briser les contradictions du RN : les étudiants étrangers apportent 1,35 milliard d’euros à l’État comme le soulignait la députée insoumise Marie Mesmeur. Cet amendement xénophobe du RN a heureusement été rejeté.

Le député RN Matthias Renault a présenté un amendement visant à prioriser les financements publics vers la recherche et l’enseignement des « sciences dures », arguant que les sciences humaines ne seraient pas sérieuses. « Toujours à l’avant-garde des combats les plus réactionnaires ! » a lancé la députée Marie Mesmeur. « Vos propos témoignent davantage du fantasme que de la réalité scientifique. (…) La vérité, c’est que vous avez peur des recherches sociologiques et historiques qui vous concerneraient ! », a-t-elle ensuite asséné. L’amendement a été rejeté.

La députée insoumise a également défendu la suppression de la mesure Macron “Bienvenue en France”. Loin des bienvenus chaleureux, cette dernière déjà en vigueur multiplie par 16 les frais d’inscription pour les étudiants étrangers. Énième preuve s’il en faut de la fascisation des macronistes qui ont voté contre le retrait de cette mesure aux côtés de leurs collègues du RN.

Pour aller plus loin : Précarité étudiante : les files d’aide alimentaire persistent, LFI bataille pour faire voter le repas à un euro pour tous

Un budget pas à la hauteur des enjeux malgré une série de victoires

Marie Mesmeur a défendu l’amendement visant à rendre gratuit les repas CROUS pour tous les étudiants, dénonçant l’allongement des files d’aides alimentaires et l’obligation pour la moitié des étudiants de travailler à côté de leurs études pour pouvoir vivre. Le député ciottiste Gérault Verny s’est emporté : « il y a un moment où il faut être responsable ! Les vacances d’été, on peut travailler quand on est étudiant, on peut mettre de côté, on peut thésauriser pour ses études. »

Le président de la Commission des Finances et député insoumis Eric Coquerel l’a recadré en expliquant que « la situation que vous décrivez où l’on a l’impression finalement que les étudiants », leur seul problème c’est qu’ils ne veulent pas travailler pendant les vacances, c’est une situation qui est fausse. La majorité des étudiants doit travailler pour vivre et iels travaillent pendant leurs études ! ».

L’amendement sur la gratuité des repas CROUS a été rejeté, mais l’amendement du repas CROUS à 1 € pour tous les étudiants, à lui été adopté en Commission des Finances. Les députés insoumis sont déterminés à lutter pour que celui-ci soit définitivement adopté dans le PLF 2025. Le député LFI Louis Boyard a d’ailleurs lancé une pétition afin que le débat ait lieu à ce sujet à l’Assemblée nationale.

Bien loin d’être satisfaisante, la partie du PLF 2025 sur les crédits alloués à l’enseignement supérieur, la vie étudiante et la recherche a été adoptée à la fin de la séance. Les Républicains, les Démocrates et les macronistes se sont abstenus sur le vote final. Les groupes RN, Horizons et UDR ont voté pour. À noter que le PS et les écologistes ont également voté pour. Seuls les groupes LFI et Gauche Démocrate et Républicaine ont voté contre, dénonçant les insuffisances et l’austérité budgétaire.

Par Camille Karlin