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Élections aux États-Unis : Gaza, l’angle mort d’un bipartisme mortifère

Gaza/États-Unis. Depuis désormais un an, l’armée de Benjamin Netanyahu poursuit son génocide à Gaza, a envahi le Liban, et menace tous ses voisins du même sort funeste. Plus de 200 000 Palestiniens ont été massacrés sous les bombes, d’après les estimations de la revue médicale The Lancet.

Après plus d’un an de tueries, l’appel au cessez-le-feu – porté par les insoumis dès le premier jour – est repris dans la bouche de dirigeants occidentaux. C’est le cas de Joe Biden. Mais pour quelle réalité concrète derrière la formule ? Parmi les pays de l’Ouest, les États-Unis sont les plus gros fournisseurs d’armement pour Netanyahu et ses alliés. Les nord américains « menacent » d’un embargo sur les armes qui ne vient pas.

En parallèle du génocide, les élections approchent aux États-Unis. Le républicain Donald Trump promet la présidence la plus pro-israélienne de l’histoire, tandis que sa rivale Kamala Harris martèle le « droit d’Israël à se défendre », suivant donc en totale continuité la ligne de Joe Biden, à savoir, la validation de l’envoi de tonnes d’armements américains à l’État d’Israël. Notre article.

L’alliance israélo-américaine, le poids de l’Histoire

Depuis 1948, sous la Présidence de Harry S. Truman, un soutien quasi-inconditionnel et immédiat à Israël s’est institué aux États-Unis, aussi bien chez les démocrates que chez les républicains. Cette tradition politique forte n’a jamais remise en cause de manière réelle depuis lors. Cela ne signifie pas pour autant que l’Amérique a été systématiquement complice des exactions d’Israël. En effet, il faut savoir que les États-Unis ont tenté de freiner l’État Hébreu au moment de la Crise du canal de Suez en 1956, y compris en faisant pression sur le Royaume-Uni, alors allié d’Israël contre l’Égypte du Président Nasser.

De manière beaucoup plus récente, les défenseurs sans bornes d’Israël sortent grandement renforcés de la période Trump, de 2016 à 2020. L’ancien Président a été et demeure proche de sionistes américains conservateurs, y compris par sa propre famille. Sa fille Ivanka s’est convertie au judaïsme afin de pouvoir épouser son compagnon Jared Kushner, dont la famille est proche de Netanyahu. Le transfert de l’ambassade des États-Unis de Tel Aviv à Jérusalem en 2018 constitue une étape de plus vers une reconnaissance de la suprématie d’Israël en Palestine, contre l’avis de toutes les résolutions des Nations Unies.

Il ne faut absolument pas sous-estimer le poids des sionistes chrétiens en Amérique. Souvent eux-mêmes antisémites, convaincus que Jésus ne reviendra sur Terre que lorsque tous les juifs auront été amenés en Palestine, ils se considèrent eux-mêmes comme « sionistes blancs », du fait de la présumée « pureté raciale » qui règne en Israël. Dans une démarche similaire aux États-Unis, L’Organisition sioniste d’Amérique soutient activement Donald Trump, et a approuvé son projet politique anti-immigration. En retour, près de 90 % des Israéliens exprimeraient en 2020 leur confiance en Donald Trump pour la gestion des affaires étrangères.

Netanyahu agit comme un génocidaire en roue libre. Refusant les négociations de paix, ce qui complique grandement la tâche, il poursuit le génocide en cours, qu’importent les condamnations de façade des Etats occidentaux, États-Unis compris. Seule une pression directe, contre les livraisons d’armes par exemple, pourrait contrecarrer les plans du Premier Ministre israélien. Cette solution est préconisée par Bernie Sanders. Le sénateur du Vermont rappelle à l’occasion que sans ces livraisons militaires, jamais Israël n’aurait pu provoquer des dégâts de cette ampleur.

Pour aller plus loin : Génocide à Gaza – Le Procureur de la CPI réitère sa demande de mandat d’arrêt contre Netanyahu

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« Netanyahu vide la Palestine de son sang » //// Les Crayons de L’insoumission, par Azo.

En Amérique, quelles résistances à la paix ?

Les États-Unis sont se trouvent à un moment particulier et crucial de leur calendrier intérieur. Chaque mouvement des deux candidats est surveillé de près par l’opinion médiatique. S’afficher publiquement et clairement contre les livraisons d’armes pourrait être dangereux électoralement pour Kamala Harris dans sa situation présente, engagée dans la course à la Maison-Blanche. Les démocrates ont comme premier objectif d’empêcher la victoire de Donald Trump, qui signerait la présidence la plus pro-israélienne de l’histoire des États-Unis, comme le dit le candidat républicain.

Ce dernier a même exprimé sa peur de voir Israël disparaître si Kamala Harris venait à l’emporter. Une crainte absolument infondée lorsque l’on sait que Kamala Harris tout comme Tim Walz, son colistier, ont affirmé à plusieurs reprises le droit israélien à se défendre, et sont donc tout autant complices des massacres de masses perpétrés par Benjamin Nentayahu au Proche-Orient.

Il existe une base militante démocrate résolument engagée contre la Guerre à Gaza. Selon un récent sondage, pas moins de 44 % des sympathisants démocrates s’y opposent, et seuls 25 % soutiennent l’action d’Israël. Une proportion amenée à augmenter au fur et à mesure des abominations constatées en Palestine. Cependant, il ne faut pas oublier que les militaires du Pentagone, les officiers de l’OTAN, mais aussi les directions de rédaction des grands médias sont loin de s’opposer aussi largement au génocide auquel ils participent chacun à leur manière.

Joe Biden s’est revendiqué comme un Président Sioniste, mais pourtant, Anthony Blinken, son secrétaire d’État (aux affaires étrangères), s’est formellement opposé à l’annexion de Gaza par Israël. De son côté, Kamala Harris tente de se distinguer pour l’instant prudemment mais reste, sur le fond, dans une politique de continuité de celle de Joe Biden.

Par Victor Gueretti