Extrême droite à Rouen. Depuis la candidature d’Eric Zemmour à l’élection présidentielle de 2022, la violence de l’extrême droite regagne les rues. Elle est avant tout raciste, homophobe, transphobe, mais elle cible aussi des militants de gauche et a connu un nouveau sursaut avec la poussée électorale du Rassemblement National (RN) de 2024. Le discours policé et cravaté du RN, avec ses députés bien peignés, cache une nébuleuse de violences et de racisme, jusqu’à l’Assemblée Nationale. Depuis sa fondation, le FN/RN sert de vitrine présentable à toute une extrême droite infréquentable depuis la Libération.
Dans une certaine mesure, le parti fondé par Eric Zemmour, Reconquête!, remplit le même rôle. Lors du premier grand meeting de campagne de la créature de Bolloré, fin 2021, le groupuscule Zouaves Paris s’était illustré en frappant des militants antiracistes.
Si les Zouaves ont été dissous un mois après, en janvier 2022, la campagne Zemmour a servi de rampe de lancement au groupe, qui a ressuscité le GUD dans la foulée (nous en avions parlé ici). Il arrive aussi que les éléments violents soient issus directement des rangs des partis « institutionnels », dans le cadre des actions du parti. C’est le cas à Rouen, où des militants Reconquête! ont violemment agressé des militants Insoumis, les menaçant même avec une arme. À ce jour, une plainte est « envisagée » par les insoumis attaqués. Notre brève.
Agression et menace avec arme
Ce mercredi 16 octobre, sur le campus universitaire de Rouen, 2 membres de Reconquête! collent des affiches de leur parti en début d’après-midi. Cinq jeunes Insoumis passent par là, et sont révoltés par le caractère raciste des affiches zemmouristes.
Nous n’en savons pas plus sur le contenu de ces affiches. Mais à en croire le contenu du compte X de Génération Zemmour Normandie, des affiches collées dans le Calvados voisin prennent prétexte du meurtre de Kylian à Bayeux pour servir les obsessions racistes des zemmouristes. Une fois les affiches collées, les insoumis s’emploient à « nettoyer » le panneau d’affichage public de cette propagande nauséabonde.
Cet acte, anodin seulement en apparence, n’est pas du tout du goût des colleurs d’affiches zemmouristes. Les militants insoumis ont alors été frappés, « poussés au sol », bousculés. Armé d’une gazeuse lacrymogène, l’un des zemmouristes a même menacé les Insoumis avec. Malgré le fait qu’une gazeuse est considérée comme une arme au regard de la loi, et malgré son interdiction dans l’espace public.
En partant, les nervis d’extrême droite promettent de revenir « dans une heure avec du monde ». Sous-entendu, si les affiches Reconquête! sont encore arrachées, les violences vont empirer, une menace même pas voilée.
Une inquiétante agitation de l’extrême droite rouennaise
À Rouen, ce sont les soubresauts de feu Génération Identitaire qui se font sentir. Ils ont été exposés par la presse indépendante locale. C’est le local Le Mora qui sert de point de ralliement aux identitaires du coin : l’extrême droite compense son manque d’élus par une implantation « culturelle ». Officiellement, Le Mora organise d’innocentes soirées et conférences, mais les identitaires profitent de cette vitrine pour organiser des manifestations, comme samedi dernier, bien que le succès ne soit pas toujours au rendez-vous vu le faible nombre de participants.
De la même manière, les scores de Reconquête! aux dernières élections sont microscopiques. Alors les zemmouristes compensent par une activité militante qui bascule souvent dans la violence.
Par Alexis Poyard