Éric Zemmour et ses derniers proches ont fait leur rentrée politique. Le 7 septembre se sont tenues les universités d’été de Reconquête! , le parti du nazillon, soutenu par Vincent Bolloré lors de la présidentielle de 2022. Comme chaque année à Orange, le multi-condamné pour incitation à la haine a rassemblé le peu de militants qui composent son mouvement, à défaut de réussir à rassembler la droite.
2 000 personnes sur la journée selon les organisateurs, quand les photos diffusées par le parti se montrent un peu moins généreuses, et un programme assez vide pour une journée sur laquelle s’enchainent réunions, meetings et un semblant de concert. Pour rappel, ce nombre s’inscrit dans une tendance à la baisse, le parti annonçait 3 000 participantes et participants l’année dernière.
Lorsque l’année dernière, ces universités s’étaient déroulées sur 4 jours, dont deux fermés à la presse (chacun comprendra ce qu’il voudra), le parti d’Eric Zemmour dont les caisses ont été vidées par Marion Maréchal Le Pen a dû, aussi par défaites électorales (aucun député), se restreindre à une journée. Notre pays sera donc épargné de trois jours de déferlement de haine xénophobe et raciste. Notre article.
Malgré les déboires électoraux, Zemmour et ses amis s’auto-convainquent de leur avenir
Pour aller plus loin : Les 10 raisons pour lesquelles Éric Zemmour déteste la France
Le ton est donné, la lutte sera numérique et toujours dirigée contre le « wokisme » selon Boulevard Voltaire. Ce média d’extrême droite qui s’est déplacé en terrain convaincu, nous dresse un récit de la journée [très] flatteur. Parmi les invités figurent Mila, influenceuse d’extrême droite et apparemment chanteuse, et dont la musique islamophobe « Si Si Tu partiras » fut interdite de plusieurs plateformes, ainsi que Jean Messiha, Sarah Knafo, Thaïs d’Escufon, dont le profil (très) problématique lui a récemment valu une censure par Europe 1, Stanislas Rigault, Yohan Pawer, présenté comme « homosexuel mais anti LGBT » et quelques autres théoriciens.
Ces derniers ont donc animé des conférences, comme l’énigmatique « L’Avenir Est Chez Reconquête » animée par Jean Messiah, posant la question de savoir de quelle manière ce parti prend-il du recul sur ses défaites électorales successives. Donné parfois favori de l’extrême droite par des instituts de sondages lors de la campagne présidentielle en 2022, le parti avait alors récolté, pour sa première échéance électorale, le score de 7%.
Augurant d’une radicalisation d’une partie des militants d’extrême droite, fuyant la dédiabolisation de Marine Le Pen, ce score ridicule d’un parti présenté comme le futur de la France a de quoi rendre perplexe. Ce résultat, compilé avec celui des législatives suivantes, avait confirmé la marginalisation électorale de ce dernier.
Invité assez particulier, l’ancien Patron de GDF et Elf Aquitaine, Loïk Le Floch Prigent. Celui-ci a animé une conférence intitulée « Comment la politique a tué l’industrie et comment nous pouvons la sauver ». En effet, Loïk Le Floch-Prigent fut l’un des grands personnages de l' »affaire Elf » en 2007, où il fut notamment poursuivi pour la mise en place d’un système organisé d’emplois fictifs en Suisse, dans une filiale du groupe. Il fut à cette occasion condamné à quinze mois de prison avec sursis et 60 000 euros d’amende.
Grand sauveur du secteur industriel face à une sorte d’hydre politique ? Cela a de quoi faire le lien avec le tweet d’Eric Zemmour en personne, où il écrit : « Nous devons libérer les Français de la politique. Nous devons libérer la France de la politique. Nous devons « dépolitiser » ce pays. Nous devons arracher aux griffes des partis nos familles, nos entreprises, notre culture, nos intelligences, et même nos religions. »
Une vision de la politique à l’image d’un fardeau, qui dépeint un fond idéologique plus que dangereux. Dans une époque où l’abstention (sans compter les très récentes échéances) est en constante augmentation, où les problématiques climatiques n’obtiennent pas de réponse politique assez forte, dans une période toujours, de déperdition démocratique, le discours d’Eric Zemmour parlant à demi-mot de l’existence d’un intérêt supérieur pour le pays comme pensée unique nous démontre une fois de plus les aspirations antidémocratiques de ce parti.
Théorie confirmée par l’article d’Europe 1, qui cite un Eric Zemmour voulant « chasser de l’administration toutes les idées partisanes ». Avec Eric Zemmour, la pensée unique dépolitisée, sans débat et donc imposée, nous donne des indices quant à la censure et la répression des voix contre l’extrême droite qui aurait lieu, et ce toujours en croissance par rapport à ce que nous connaissons déjà.
Une politique dont les fondements moraux, basés sur une vision idolâtrée d’une France qui n’a jamais existéf, et qui ferait de cette philosophie une point de départ incontestable sur les politiques menées par l’État.
Par T.G.