En ce début de mois d’octobre, l’Insoumission.fr relance sa rubrique de portraits de ceux et celles sans lesquels la France insoumise ne serait pas ce qu’elle est : les insoumis eux même. Pour ce premier portrait de la rentrée, nous avons rencontré Carmen dans un café du 19ème arrondissement de Paris. Elle y passe un week-end estival. Ce fut l’occasion pour nous de recueillir son témoignage. Pour donner à voir l’engagement d’une militante de l’ombre, une femme ordinaire qui lutte à son échelle face à une menace extraordinaire : la crise du cycle de l’eau. Après quelques échanges sur la répression terrible qui s’abat sur les révoltes populaires, le parallèle avec la violence de Darmanin contre les Soulèvements de la Terre et la Ligue des Droits de l’Homme, elle se lance dans l’histoire de sa vie. Notre portrait.
« Jusqu’à mes 9 ans c’était le paradis » : portrait d’enfance
Carmen est née à Poitiers le 29 avril 1975. À 3 ans, elle déménage dans le Marais poitevin à Maillé (Sud-Vendée), dans une petite maison au bord de la rivière. Fille unique, un père paysagiste, une mère guichetière à La Poste avant d’aider son mari dans son entreprise. Elle résume ainsi : « Jusqu’à mes 9 ans, c’était le paradis ».
Son père hérite d’un restaurant, dans le village de Maillezais. Fin de l’insouciance d’enfance. Ses parents ont des dettes de l’entreprise paysagiste, ils sont occupés du matin au soir pour faire tourner leur établissement. De ses 12 à 18 ans, Carmen travaille régulièrement dans le restaurant. Elle y passe aussi l’essentiel de ses vacances scolaires, ainsi que les deux mois d’été, à l’exception d’une semaine chez sa grand-mère vers Toulouse.
Son rayon de lumière, c’est l’abbaye en ruine de Maillezais. C’est son terrain de jeu. Elle raconte comment elle montait dans la tour, pour admirer la vue magnifique sur le Marais. Première mention de ce lieu qui reviendra désormais régulièrement tout au long de notre entretien. Elle mesure la chance qu’elle avait de pouvoir prendre une barque pour s’isoler dans les méandres. Les balades dans le Marais constituent son « échappatoire » à la vie quotidienne autrement rythmée par le restaurant.
C’est l’occasion pour Carmen de nous offrir une rapide histoire de ce Marais auquel elle tient tant.
Jusqu’au 10ème siècle, c’était la mer. Le golfe des Pictons. Maillezais était une île. Puis, suite au comblement du golfe par les sédiments, des moines ont creusé des fossés et des digues pour créer un marais desséché (pas sec mais pas inondé) pour cultiver et pratiquer l’élevage dans une zone protégé de l’évail (inondation hivernale du marais). À l’est, le marais mouillé sert d’éponge.
Un « échappatoire » et une première prise de conscience politique
L’été, prendre la barque devient de plus en plus compliqué. Le marais est presque à sec à cause des pompages démesurés effectués par les grands céréaliers.
À partir des années 1980, ces agriculteurs, majoritairement des maïsiculteurs, ont drainé le marais desséché. La culture de céréales prend le pas sur l’élevage et les cultures traditionnelles comme celle de la mogette. Résultat, dans le restaurant familial, les mogettes aux menus viennent du Chili. Le saccage du Marais impacte donc la jeune femme à la fois dans sa vie d’enfant qui voit son refuge menacé mais aussi ses conditions matérielles d’existence les plus primaires puisque ses parents vivent de l’attrait touristique. Sentir la fragilité de ce milieu aux prédations productivistes provoque sa première prise de conscience politique.
C’est à cette époque qu’elle rencontre Christian et Elisabeth E. Des écologistes convaincus. Ses yeux s’illuminent lorsqu’elle évoque ces deux militants : « des modèles importants ». Pour s’engager en Vendée, c’était un parcours du combattant. « Ce couple était ostracisé. On leur mettait des bâtons dans les roues pour des actes aussi simples que d’aller voter. » Ils montent la « Coordination pour la protection du Marais poitevin » à laquelle Carmen adhère à 16 ans, en 1991, « avec mon argent personnel » précise-t-elle. Bien plus tard, elle retrouve Elisabeth à Niort, lors d’un rassemblement en soutien à Julien Le Guet, porte-parole de Bassine Non Merci. Celle-ci lui apprend qu’elle et son mari avaient eux-même adhéré à la France insoumise. . Ils avaient quitté la Coordination qui a mal tourné puisque c’est une des dernières associations qui est en faveur des bassines.
18 ans. Départ pour Nantes, pour étudier la psychologie puis les Beaux-arts. Après quelques années à « découvrir le monde avec mon amoureux », elle s’installe à Surgères en 2003. Une ville qu’elle ne quittera plus.
La tête plongée dans le travail et sa famille qui vient de s’agrandir de deux enfants, l’activité politique s’inscrit en filigrane. Notamment par la participation au Sommet du Larzac en 2003. Encore une fois, les yeux de notre interlocutrice s’illuminent quand elle raconte ses rencontres avec les producteurs locaux. « C’était énorme ». En effet, près de 300 000 personnes, ça fait une belle fête, surtout quand c’est Manu Chao sur scène. Elle est marquée particulièrement par le discours de Danielle Mitterrand sur les droits à l’eau.
Après avoir tenu la comptabilité de l’entreprise de son compagnon, Carmen se forme pour être apicultrice. Pendant cinq années, elle pratique ce métier avec passion. Elle gère les récoltes, la vente en direct sur les marchés. Jusqu’à ce que drame personnel et politique se mêlent pour lui barrer la route.
Son compagnon décède. Elle se fait voler toutes ses ruches au Pays Basque. Et 1⁄3 des abeilles restantes meurent à cause des pesticides. « C’était trop dur. » Elle trouve un emploi d’ assistante technique qui lui permet « de s’assurer un revenu stable et de m’occuper de mes enfants. »
« Socialisme et écologie. Ce que j’attendais depuis toujours. »
C’est à la même époque, lors de la campagne de 2012 que s’enclenche son engagement militant.
« Encore dans le deuil de mon compagnon, je n’avais pas trop le temps de suivre la politique nationale institutionnelle. » Quand un jour sa mère lui montre un discours de Jean-Luc Mélenchon. Elle regarde le meeting. Et tous les autres. « Il y avait socialisme et écologie. C’est ce que j’attendais depuis toujours. ». Elle raconte sa grande déception des 11% au 1er tour de la présidentielle de 2012. Sa peur que tout s’arrête au moment où elle rencontrait le programme politique qui réunissait ses idéaux. Alors elle s’engage. Dès le lendemain. Le 23 avril, elle adhère au Parti de Gauche. « Pour que ça continue. »
Elle nous raconte ses premiers pas, sa première réunion. : « Je me souviens très bien de Eric et Michelle. Eric qui ressemblait à Lénine et connaissait toute la ligne du parti. Et Michelle pour sa gentillesse, son sens de l’accueil. J’ai eu tout de suite un profond respect pour la sincérité, la fidélité de leurs convictions. Ce sont des personnes sur lesquelles on peut compter, des vrais appuis. Tout n’était pas rose. Il n’y avait pas beaucoup de jeunes, des engueulades et du machisme. Il fallait vraiment être motivée. Les réseaux sociaux ont été très importants. Pour me montrer la dynamique du parti dans le reste du pays. C’est ce qui m’a tenu, les réseaux sociaux ont été un fil, qui m’ont toujours accroché. Pour un parti qui n’a pas les médias avec lui, ces réseaux sont importants pour former une communauté, sentir la solidarité et fournir un contingent de personnes qui viennent donner le coup de main dans les périodes électorales fatidiques. »
Carmen se rend à toutes les réunions. Mais éprouve de la difficulté à faire le premier pas de l’action de terrain. En cause, notamment, un syndrome de l’imposteur. Elle ne se sent pas légitime à aller diffuser les idées défendues par le parti. Par rapport aux gens qui échangent des arguments en réunion ou sur les réseaux, elle se « sent faible. ». Alors, trois années de suite, elle se rend aux « remues-méninges » du PG à Grenoble. Elle se souvient des « formations sur le matérialisme historique, sur le fascime, la Commune de Paris. » C’est à la suite de cette conférence qu’elle choisit le surnom de « Dmitriev » pour militer en ligne.
C’est à cette occasion aussi qu’elle rencontre Vlad qui viendra s’installer avec elle à Surgères en 2015. Avec lui à ses côtés, et armée de ses connaissances théoriques, rien n’arrêtera plus Carmen. Elle fait sa première distribution de tract lors de la campagne régionale « Avec le matériel moche du PCF. Ils avaient la main sur le matériel, et c’était horrible, ils avaient choisi un jaune dégueulasse. On a fait moins de 5%. »
Mariage révolutionnaire par Jean-Luc Mélenchon
2016, fondation de la France insoumise. Dès l’automne, Carmen fonde le premier groupe d’appui (GA) à Surgères. Avant de se lancer dans le récit de la première campagne de la toute nouvelle formation, elle commence par une anecdote. Une de celles qui comptent. Qui réunit en un instant la vie intime et l’engagement politique. Ces deux voies principales du sens qu’on peut donner à sa vie dans un monde autrement si plein du vide de l’absurde.
Jean-Luc Mélenchon vient à La Rochelle, pour une séance de signature de L’ère du peuple, son dernier livre. Tous les animateurs de GA du coin organisent un pot à la fin. Le candidat à la présidentielle les retrouve, discute. Carmen, se souvient de « l’élan de motivation qu’il transmet ». Fin de la soirée, c’est son tour de demander une signature de son propre exemplaire. De bonne grâce, le fondateur du mouvement insoumis s’exécute et inscrit ces mots : « pour Carmen et Vlad, unis dans l’idéal commun ».
Puis elle a cette phrase : « On en a rigolé. C’est ce qui se rapproche le plus d’un mariage dans notre histoire. ». Sensation d’une rigolade comme pudeur pour voiler une grande émotion. Puis, elle me montre, radieuse, la photo. Conservée depuis sept ans.
Retour au récit de la campagne. Elle raconte « la trouille pendant mon premier tractage ». Rien d’étonnant. Au départ, elle est toute seule aux actions de Surgères (pratique fortement déconseillée, aujourd’hui encore plus qu’en 2017, ndlr.). Portée par l’incroyable créativité de cette première campagne insoumise, elle se prend au jeu de l’ingéniosité. Avec des tréteaux, elle fabrique un portant où elle accroche des pochettes krafts où elle range chaque modèle de tract.
Elle tient bon. Dans le froid, seule, à convaincre de ce programme qui unit mieux que jamais anticapitalisme et écologie. Jusqu’à ce qu’un jour, au marché, derrière ses tréteaux, elle croise un ami, Philippe.
Nouveau rayon de soleil dans les yeux de Carmen quand elle évoque cette partie de son histoire. Pour la première fois de sa vie, elle voit le fruit de ses efforts militants. Après une longue discussion, elle réussit à le convaincre de la rejoindre dans la campagne. Ils sont deux. Et bientôt trois, quatre, cinq. L’espoir surgit alors que s’achève l’hiver. Des gens qu’elle n’avait jamais rencontrés s’inscrivent sur la plateforme JLM 2017. Son groupe d’action comptera finalement une dizaine de membres à la veille du premier tour.
Vient le 18 mars. Place de la République.
Elle qui s’était toujours méfiée des démonstrations de fierté nationale, associées à l’extrême droite dans l’imagerie collective récente, est impressionnée par la marée de drapeaux bleu, blanc, rouge. Elle frissonne dans la puissance de la Marseillaise finale. « Grâce à Mélenchon, je découvre la signification révolutionnaire de l’hymne et la fierté du drapeau national. ». Elle qualifie cette journée mémorable de « tournant ».
Cette militante qui avait toujours vécu son sentiment d’appartenance principalement par les réseaux sent, pour la première fois, dans son corps, faire « faire parti d’un mouvement puissant, central ».
Nouvelle déception le soir du premier tour. « Mais moins déçu que la fois précédente car on frôle les 20%. » Elle exprime sa colère aussi contre les médias qui ont une campagne de dénigrement très puissante à la fin.
« Faites-mieux »
Pour sa seconde campagne présidentielle, en 2022 elle se dit plus sereine. Elle nous fait l’éloge de Nordine Raymond. Autour de lui se fédère un groupe solide. « Nordine arrive à faire que les gens s’accordent, il accueille les gens comme ils sont. Par exemple, il donne à chaque personne des missions, plus ou moins grandes, mais il trouve toujours une manière pour que tout le monde s’implique. On est maintenant de vrais amis. »
Ensemble, ils organisent une réunion publique avec Clémence Guetté et François Ruffin. Plus de 800 personnes se pressent à Rochefort. Tant et si bien qu’ils sont obligés d’ouvrir une deuxième salle avec écran géant.
Cette fois-ci, aucune place pour le découragement. « Faites-mieux » encourage le triple candidat à la présidentielle. Aussitôt dit, aussitôt c’est parti pour les législatives et le premier tour remporté par la Nupes. Après la campagne, lors de la création des pôles de La France insoumise, c’est tout naturellement que Carmen rejoint le pôle des résistances écologiques.
« J’avais envie de voir ailleurs ce qui se passe comme lutte écologique ailleurs en France. » Elle nous donne l’exemple d’une usine d’engrais Timac en Charente maritime. Celle-ci rejette directement dans la Charente. « D’autres usines Timac existent en France, des collectifs existent dans d’autres régions. Nous pouvons combattre ensemble ces pratiques écocides. Le pôle semble un bon outil pour rapprocher ces luttes. »
Depuis, elle tient un agenda pour recenser toutes les luttes en cours. Si vous connaissez ou participez à une lutte écologique, vous pouvez écrire à l’adresse mail : [email protected]. Après la lecture de ce portrait, vous en savez maintenant plus sur la personne qui vous répondra.
Passion loutre
Nous achevons l’entretien par le point de départ : la lutte contre les méga-bassines. En 2016, Carmen participe à une première manifestation à Melle. Puis une deuxième à Mauzé-sur-le-Mignon. Nous en venons à Sainte-Soline. La militante s’arrête notamment sur la grande différence dans la gestion du maintien de l’ordre. « C’était très net quand on a fait les deux manifestations. Dans la 1ère, il y avait des barrages de police successifs, la plupart des gens ont arrêté la marche avant d’arriver au trou car on sentait la pression qui montait. Le maintien de l’ordre a été fait graduellement. Pour le 2ème Sainte-Soline. Il n’y avait aucune force de l’ordre au début. »
Sainte-Soline I
Sainte-Soline II
Le soleil a disparu dans ses yeux. La voix pleine de tristesse, elle dit : « On y allait joyeux. Je me souviens des gens qui marchaient dans des bouées. Avec un jeune, on parlait des loutres, c’est ma passion. Les loutres ont fait leur grand retour dans le Marais alors qu’elles avaient disparu dans les années 1990. C’est un symbole d’espoir, cela montre qu’on peut changer les choses, qu’on peut gagner des choses en luttant. »
Lorsqu’elle quitte le cortège, impossible d’imaginer le déluge de violence qui va s’abattre sur les 30 000 personnes qui marchent tranquillement dans la boue de Sainte-Soline. Carmen se rend à Melle pour s’inscrire dans les bénévoles de la base arrière. Sur le trajet, elle appelle son amie Odile qui organise un espace de parole et de soutien aux personnes qui pourraient être victimes de violence sexiste et sexuelle dans le cadre de l’action militante.
« Elle me demande comment se passe la manifestation. Je lui dis qu’on n’a pas vu de policiers, tout va bien. Et juste à ce moment, on a reçu les images de la pluie de grenades sur la manifestation. » Sa voix garde encore la marque de ce grand coup de déprime, de découragement quand elle poursuit. « Pour tout le monde, c’était très dur. Odile et Philippe, son mari ont passé la soirée à récolter la parole des personnes traumatisées par ce qu’ils ont vécu à Sainte-Soline. »
Mais se résigner, ce n’est pas dans le tempérament de Carmen. Dès les déclarations infâmes de Gérald Darmanin, elle adhère à la Ligue des Droits de l’Homme. Elle décide aussi de s’engager dans l’association Les amis de la Confédération paysanne. « En tant qu’ancienne apicultrice, je me sens concernée par leur combat. Comme je ne suis pas agricultrice, je ne peux pas adhérer directement à la Confédération mais c’est important pour moi de les soutenir en tant que citoyenne. Cela leur donne de la force dans leur combat contre la FNSEA. Aujourd’hui, nous sommes seulement 5000, je voudrais aider à ce que le mouvement grandisse. »
Notre entretien touche à sa fin. L’occasion de faire le point sur sa vie aujourd’hui. « Le militantisme prend une part importante de ma vie, beaucoup de temps. Parfois, mon fils de 16 ans râle. » Carmen essaye de lui expliquer qu’elle se bat pour lui, pour tous les jeunes qui subiront de plein fouet le saccage de l’environnement, la dérive autoritaire enclenchée par Emmanuel Macron. Elle voudrait surtout ne pas le dégoûter de l’action politique.
Brièvement, elle évoque sa situation professionnelle difficile. Comme de nombreuses travailleuses, elle est pressurée, débordée, harcelée moralement. Elle subit vexations et mesquineries de sa hiérarchie. « Le militantisme a été une bouffée d’air. Et un espace de soutien, grâce à des camarades formidables. Tout le groupe de Rochefort. Ils m’ont soutenue, écoutée, proposée des solutions. »
Pour conclure, elle prend de la hauteur. Un fil se dessine dans cette histoire de sa vie. Une histoire qui ne prétend nullement être exhaustive, mais tenter d’expliquer comment l’action politique peut permettre de donner du sens à sa vie et de trouver sa place dans ce monde brutal.
« Le marais poitevin est la deuxième plus grande zone humide de France après la Camargue. Construit par l’humain, il dépend totalement de notre action. A 16 ans, je ne pensais pas à la menace pour la survie humaine mais c’était plus une conviction morale : impossible qu’on détruise tout autour de nous. C’était aussi mon lieu de vie, d’échappatoire. Quand j’étais jeune, je rêvais de mettre des balles de tennis dans les pompes qui drainaient mon Marais. Entrer dans une forme d’illégalité me paraissait la seule solution contre ces gens gavés de subventions, protégés par la loi. »
En disant cela, Carmen réalise qu’en fait, son rêve d’adolescent, c’était de pratiquement le « désarmement ». Comme font les amis du Soulèvement de la Terre aujourd’hui. « A l’époque ce n’était pas la préoccupation, pas le mode d’action. Maintenant, j’ai des enfants, c’est plus difficile de prendre des risques juridiques et encore plus physiques. Je ne suis plus responsable seulement de moi-même. Avec la répression judiciaire et policière, c’est devenu vraiment dangereux. Et pourtant, je pense que c’est nécessaire. »
Elle achève notre entrevue par ses mots : « Pendant assez longtemps, j’ai pensé qu’on ne pouvait changer qu’autour de soi, par l’exemple. Mais j’ai réalisé que cela ne suffit pas face à l’agro-industrie. Il faut donc un combat politique. Je suis vraiment convaincue que les luttes locales peuvent défendre, protéger des endroits, ralentir les désastres. Mais pour remporter des victoires, inverser le cours général de l’organisation, il faut que ce soit les bonnes personnes qui soient élues. »