Ce mardi 3 octobre 2023, les AESH (Accompagnants d’Élèves en Situation de Handicap) sont une nouvelle fois en grève. Partout en France, elles et ils manifestent, se rassemblent autour de revendications sociales claires : un vrai statut pour un vrai salaire. 800 euros par mois, c’est le salaire mensuel moyen. Indigne de la place centrale qu’occupent ces professionnelles pour permettre à chaque enfant de trouver sa place et de s’instruire à l’école de la République. Résultat : impossible de recruter ces travailleurs et travailleuses en nombre suffisant pour assurer un égal accès à l’éducation aux enfants en situation de handicap. Les riches se paient une AESH privée, pour les enfants du peuple, c’est la déscolarisation. Notre brève.
Dix-sept ans après la loi du 11 février 2005, censée garantir l’accès à l’éducation pour tous, des enfants en situation de handicap sont encore privés d’école. Ces enfants sont déscolarisés, partiellement ou totalement, faute d’une aide humaine suffisante pour les accompagner. Notre article.
Alerte de la Défenseure des Droits
En 2021, près de 20 % des saisines concernant les droits de l’enfant portaient sur les difficultés d’accès à l’éducation des enfants en situation de handicap. Et selon une enquête récente du SNPDEN UNSA, 44 % des personnels de direction du second degré manquaient d’au moins un ou une AESH à la rentrée. Face à ces carences, certains parents sont contraints de payer eux-mêmes un ou une AESH, créant ainsi un marché privé de l’accompagnement scolaire.
Cela engendre une rupture d’égalité entre nos enfants, dépendant des revenus de leurs parents. Une situation aussi inacceptable qu’indigne. L’école est un pilier essentiel de notre République. Cette injustice bafoue l’égalité la plus élémentaire : l’accès à l’éducation pour toutes et tous.
896 euros par mois, l’organisation systémique de la pauvreté des AESH
Ce manque d’AESH est directement lié à la précarité dans laquelle ces professionnelles se trouvent. Plus de 90 % d’entre elles sont des femmes, sous-rémunérées et subissant un temps partiel imposé. Elles ne disposent même pas d’un statut. Conséquence : leur travail, essentiel pour l’éducation de nos enfants, est invisibilisé. Les AESH se voient proposer des contrats de 24 heures par semaine, pour 800 euros par mois. Ce système les maintient dans une pauvreté organisée.
Un vrai statut, un vrai salaire : le projet de loi de la France insoumise soutenu par 88% des Français
En novembre 2022, la France insoumise dépose un projet de loi à l’Assemblée nationale. Les parlementaires insoumis, rejoints par l’ensemble de ceux de la NUPES, proposent d’en finir avec la situation dans laquelle sont plongées les AESH. Actuellement, elles sont contraintes d’effectuer deux CDD de trois ans, soit six ans de contrat précaire, avant d’obtenir éventuellement un CDI. Pourquoi ces personnels sont-ils contractuels alors qu’ils effectuent des missions pérennes au sein de l’Éducation nationale ? Les parlementaires proposent donc de créer un nouveau corps de fonctionnaires de catégorie B et de titulariser les personnels aujourd’hui en poste.
D’autre part, le temps partiel subi est un des éléments clés dans cette précarité. Ce texte propose qu’un temps plein corresponde à un service de 24 heures, soit la durée hebdomadaire pendant laquelle un élève de primaire est scolarisé. Le temps de travail invisible pourra ainsi être pris en compte.
La majorité d’Emmanuel Macron pratique l’obstruction parlementaire et empêche l’examen de ce texte. Pourtant, une étude de l’institut Harris Interactive révèle que 88% des Français se déclarent favorable à la création d’un corps de fonctionnaires AESH.
Lutte humaniste
La bataille continue maintenant dans la rue. L’insoumission sera toujours présente aux côtés de ces femmes et ces hommes aussi invisibles qu’essentielles qui consacrent leur vie à une mission qui plonge au plus profondément ces racines dans la philosophie humaniste : donner à des enfants la capacité, par une éducation de qualité, d’être maîtres de leur destin.
En octobre 2022, déjà, nous donnions la parole à Romana. Puis le 13 juin 2023, dernière journée nationale de grève, nous vous faisions rencontrer Anne et Yasmina. Aujourd’hui encore, ce mardi 3 octobre 2023, l’insoumission.fr se mobilise toute la journée pour porter leurs voix.