Franz-Olivier Giesbert

Portrait – Franz-Olivier Giesbert, dit « FOG » : l’éditorialiste qui compare Daesh à la CGT

FOG. Trois lettres, un nom : Franz-Olivier Giesbert. Né en 1949 dans le Delaware (États-Unis), l’homme de 74 ans est l’un des plus éminents représentants de l’éditocratie à la française. Coqueluche des plateaux, de CNEWS et d’Europe 1 en particulier, il est invité pour délivrer ses « précieuses » analyses sur la politique française et sur l’ordre international. Placé en position de vieux sage des médias, légitimé par une carrière en presse écrite aussi longue que sinueuse, FOG ne rate jamais une occasion de délivrer sa logorrhée réactionnaire-néolibérale, classique chez les éditorialistes de plateau.

Du Nouvel Observateur au Figaro, du Point à La Provence, Franz-Olivier Giesbert s’est toujours fait le défenseur zélé de l’ordre capitaliste-bourgeois. Aujourd’hui, sur les plateaux de Bolloré, il persiste. Entre condamnations judiciaires et violentes insultes contre les syndicats, FOG se « [fout] d’apporter de l’eau au moulin d’Éric Zemmour » et tient des propos nauséabonds sur les femmes violées par Harvey Weinstein.

Les éditorialistes de plateaux, loin, très loin de l’objectivité affichée, sont des militants politiques déguisés en journalistes. Chaque jour, ils défendent une idéologie en direct aux heures de grandes écoutes. Les éditorialistes sont des acteurs de la bataille culturelle. Révéler d’où ils parlent, quels sont leurs parcours, leurs liens avec le capital, les neuf milliardaires qui possèdent 90% des médias du pays, est une œuvre nécessaire pour éclairer le débat démocratique. Fin d’un mythe : non, les éditorialistes ne sont pas des journalistes neutres. Pour qui militent-ils ?

Dixième épisode de notre série pour démasquer les éditorialistes que vous voyez chaque jour à la télé. Portrait de Franz-Olivier Giesbert.

Franz-Olivier Giesbert : chien de garde de l’ordre néolibéral

Responsable successif des rédactions du Nouvel Observateur, du Figaro, du Point et de La Provence, Franz-Olivier Giesbert s’est toujours fait le porte-drapeau dévoué d’une idéologie néolibérale à bout de souffle. En 2012, dans un édito du Point, il dénonçait le « pseudo-marxisme » infusant la France « de l’École aux syndicats ». Dans le même texte, il se fendait d’une saillie néolibérale au moins aussi prévisible que caricaturale, en évoquant un « État-gargantua » jamais rassasié d’empêcher les entreprises de prospérer.

En octobre 2013, alors que Giesbert en dirigeait la rédaction, Le Point titrait, sur la base de données contestables de l’ultralibéral think tank IFRAP : « Les assistés, comment la France en fabrique ». Plus récemment, sur l’antenne réactionnaire de Sud Radio, il considérait que la « dérive » de la France a démarré en 1981, date de l’élection de François Mitterrand, tout en dénonçant un État social trop lourd, omnipotent et impotent. Bref, comme tant d’autres de ses collègues éditorialistes, Franz-Olivier Giesbert est une machine à déblatérer des poncifs néolibéraux. 

Rien d’étonnant alors à ce qu’à de multiples reprises, FOG se soit montré un commentateur exagérément enthousiaste vis-à-vis de Nicolas Sarkozy, parfois à la limite du ridicule. S’il a récemment déclaré au micro de Sonia Mabrouk que Sarkozy Premier ministre de Macron « serait une bonne idée », il s’était déjà distingué en avril 2012, sur le plateau de l’émission « Des paroles et des actes », en critiquant la légitimité des « petits candidats » à la présidentielle, tout en trouvant Nicolas Sarkozy « très bon ».

6 ans plus tôt, à l’occasion de l’émission Chez FOG dont Nicolas Sarkozy était l’invité, Giesbert menait une interview pour le moins complaisante : « […] Nicolas Sarkozy, on a le sentiment que vous avez le don d’ubiquité. Vous êtes toujours partout : est-ce que c’est bien raisonnable, avant une campagne présidentielle, d’être toujours au front, sur le devant de la scène ? », demandait alors FOG à celui qui deviendra Président moins d’un an plus tard.

Quand Franz-Olivier Gisbert compare la CGT à Daesh

Si Franz-Olivier Giesbert a bien une obsession, c’est la CGT en particulier et les travailleurs en général. En 2020, Giesbert titrait dans Le Point : « La CGT, syndicat antipauvres » ; Le 10 juillet 2014, toujours dans Le Point, dans un article intitulé « La CGT, professionnelle du sabordage d’entreprises », Giesbert écrivait : « La vérité oblige à dire que la CGT est au syndicalisme ce que le FN est à la politique. Un boulet national, une attraction universelle […]. Autant dire, doux euphémisme, qu’elle ne contribue pas pour peu au déclin économique de notre pays. »

Comble de l’indécence et de l’ignorance, Franz-Olivier Giesbert, en 2016, osait le parallèle entre… la CGT et Daesh : « La France est soumise aujourd’hui à deux menaces qui, pour être différentes, n’en mettent pas moins en péril son intégrité : Daech et la CGT ». Des propos qu’il a assumés et défendus, quelques jours plus tard, devant Les Grandes gueules de RMC.

Mais Franz Olivier-Giesbert n’hésite pas non plus à s’en prendre directement aux travailleurs, y compris au-delà de leur appartenance syndicale. Le 4 décembre 1995, dans les colonnes du Figaro dont il dirige les rédactions, il écrit : « Les cheminots et les agents de la RATP rançonnent la France pour la pressurer davantage. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : de corporatisme, c’est-à-dire de racket social ». 

En janvier 2023, il récidivait d’ailleurs ses attaques contre les syndicalistes de la SNCF et de la RATP, qu’il qualifiait de « professionnels de la gréviculture », en même temps qu’il contestait la pénibilité de leur travail : « Obscènes et révoltants sont les discours sur la « pénibilité » au travail de syndicalistes de la SNCF ou de la RATP […]. Jamais un mot de compassion pour les agriculteurs où les gens de ménage qui, eux, pour le coup, avec leur colonne vertébrale en marmelade, savent ce que pénibilité veut dire ».

Condamné pour « diffamation publique envers un groupe de personnes à raison de leur origine ou nationalité chinoise »

23 août 2012. Le Point, dont Franz-Olivier Giesbert est alors directeur de publication, fait paraître un article intitulé « L’intrigante réussite des Chinois en France ». Cet article, qui se veut retracer le parcours typique de l’immigrant chinois, présente notamment un encadré sur les « 5 commandements de l’entrepreneur chinois ». Parmi eux, « Tu ne rémunèreras pas tes employés car ce sont des membres de ta famille », « Tu ne cotiseras pas et donc tu ne toucheras pas d’aides » et « Tu ne paieras pas d’impôts ». Des propos sont jugés diffamatoires par le tribunal correctionnel de Paris.

Le 24 janvier 2014, Franz-Olivier Giesbert se voit donc condamné à 1 500 euros d’amende pour « diffamation publique envers un groupe de personnes à raison de leur origine ou nationalité chinoise », et à verser 3 000 euros à SOS Racisme.

Rappelons par ailleurs qu’au-delà de cette condamnation pour avoir relayé d’abjects poncifs discriminatoires, FOG a également été condamné en 2013 pour diffamation publique aux côtés de Bernard-Henri Lévy, ainsi que pour le même motif dans le cadre de l’affaire Bygmalion, du tribunal correctionnel jusqu’à la Cour de cassation.

Sur l’Algérie française, Maurras et Éric Zemmour : l’ultra-réactionnaire Franz-Olivier Giesbert

Défenseur de l’orthodoxie néolibérale, multi-condamné pour diffamation, Franz-Olivier Giesbert complète le bingo de l’éditorialiste de plateau par une série de propos ultra-réactionnaires.

Pêle-mêle, FOG déclare : « [En Algériela France n’est pas coupable…elle s’est mal comportée, peut-être, mais c’était il y a longtemps » ; « Je me fous d’apporter de l’eau au moulin d’Éric Zemmour » ; « J’habite Marseille […]. Mais souvent quand je me rends de la gare Saint Charles en passant par la Canebière, j’ai le cœur serré parce que pendant le trajet je n’ai entendu presque personne parler français. Que va-t-il arriver à notre langue ? ». Et la liste est encore longue…

Franz-Olivier Giesbert c’est aussi, en 2018, à l’occasion d’un pèlerinage télé devant la maison de Charles Maurras, un micro obligeamment tendu à des militants de l’Action française. C’est encore, lors de la même émission, l’expression du regret de ne pouvoir publier les œuvres antisémites de Louis-Ferdinand Céline : « Quand on compare aux États-Unis avec le premier amendement où on a beaucoup de liberté… Ici, brusquement, tout le monde se lève. Par exemple, Céline : la folie totale ! Brusquement, il ne faut pas publier ses œuvres antisémites… ».

Alors, rien d’étonnant non-plus à ce qu’en 2022, sur le plateau de CNEWS, il ne considère pas Marine Le Pen comme d’extrême droite.

« On sait très bien pourquoi Weinstein vous convoque » : les propos nauséabonds de Franz-Olivier Giesbert

Le 27 mai 2018, sur le plateau des Terriens du dimanche, Franz-Olivier Giesbert déclare : « Toutes les grandes actrices qui se présentent comme des femmes crucifiées, qui ont été violées par un type… Quand le soir, convoquée par Harvey Weinstein qui est dans sa robe de chambre, on arrive et puis on entre, et il ouvre la robe de chambre… On sait très bien d’ailleurs pourquoi il vous convoque ».

Aussi, en même temps qu’il sous-entend que les victimes de Weinstein savaient par avance l’horreur dont elles allaient être victimes, Giesbert minimise l’affaire en opposant leurs souffrances à celles des femmes de ménage et des caissières. Une fois encore, FOG se place du côté des dominants. 

Franz-Olivier Giesbert : l’archétype des éditorialistes de plateau

Il est la caricature même de l’éditocratie à la française. Franz-Olivier Giesbert, candidat malheureux à l’académie française, désavoué par sa propre équipe éditoriale lors de son passage à La Provence, n’a rien du journaliste impartial. Il est un défenseur systématique des puissants, du néolibéralisme et du camp réactionnaire, personnage à part entière dans le système médiatique.

Par Eliot