Tous les assistés d’en haut ont leur spécialité pour voler l’argent des autres. François-Henri Pinault, lui, son truc, c’est l’évasion fiscale. Sa société Kering, (ex-PPR) a dérobé 2,5 milliards d’euros aux contribuables français et italien entre 2009 et 2017 en faisant simplement transité son argent par la Suisse, un système mis au point par Gucci avant son rachat par le groupe de luxe français en 2000 et que ce truand s’est bien sûr empressé de reprendre à son compte, et à son bénéfice.
En février 2023, Mediapart publiait un enregistrement audio qui démontre que le milliardaire connaissait les pratiques frauduleuses de sa société. Difficile début d’année pour la 3ème fortune française, la semaine dernière, le FISC l’a finalement débouté de sa demande d’exonération d’impôt sur le revenu. Après des années de complaisance, la justice est-elle enfin sur le point de s’appliquer ?
La famille Pinault, vous connaissez ? La 7ème fortune du pays 2022 est désormais 3ème : 37,2 milliards d’euros confisqués avec sa famille. Un super-super profit : + 6 milliards d’euros en un an. Son groupe ? Kering. Son secteur d’activité ? Le luxe (Yves-Saint-Laurent, Bottega Veneta, Balenciaga, etc), grand rival de notre cher Bernard Arnault, 1er assisté de la République. Une fortune bâtie sur… de l’évasion fiscale. L’ « Affaire Kering » vous en avez entendu parler ? On vous explique tout. Prenez un bon café, on vous explique un affaire d’évasion fiscale de… 2,5 milliards d’euros. Un pognon de dingue.
Ces assistés d’en haut, ils ont des noms, ils ont des adresses, ils ont des visages. Quand certains préfèrent cibler la France des allocs, parler de la fraude sociale (700 millions d’euros), l’insoumission s’attèle à démasquer les assistés d’en haut (80 à 100 milliards de fraude et d’évasion fiscale chaque année). Treizième épisode de notre série sur les profiteurs de crise : la famille Pinault.
François-Henri Pinault : « Le jour où il est prouvé qu’on savait, on est aussi coupable »
Le 15 février 2023, Médiapart dévoile un enregistrement datant de 2016. On y entend François-Henri Pinault craindre que le montage financier qui lui permet massivement d’échapper à l’impôt soit révélé au grand jour. Les propos tenus par le milliardaire sont accablants : « le jour où il est prouvé qu’on savait, on est aussi coupables de ce qu’ils font. (…) c’est moi qui vais en taule, je vous rappelle, sur ces trucs là ». La prison, pour le moment, M. Pinault n’en a pas vu la couleur. Le redressement fiscal payé par son groupe est même 900 000 millions d’euros inférieur aux sommes dérobés. Dormez tranquille puissants, votre délinquance paye toujours bien.
L’enregistrement est également révélateur de l’absence totale de moralité et de sens de l’intérêt général de ces grands patrons. « On ne peut plus s’amuser à faire de l’optimisation fiscale dans les paradis fiscaux » déclare François-Henri Pinault. Pauvre chou. On lui a cassé son super jouet. Avec ces vilaines lois, plus moyen de se soustraire impunément à l’égalité républicaine, à la juste contribution au financement des services publics. Les médias des milliardaires nous présentent sans cesse ces profiteurs comme de bienfaiteurs nécessaires au progrès humain. C’est pour mieux masquer qu’ils ne sont que la lie de l’humanité.
Pour tout savoir sur cette affaire d’évasion fiscale : Scandale : 2,5 milliards d’euros dérobés par la famille Pinault dans l’affaire Kering
Avril 2023 : le FISC refuse d’exonérer d’impôt François-Henri Pinault
Vous avez bien lu. Le culot qu’il faut. Percevoir un salaire de plusieurs millions d’euros (7,4 en 2017 et 17,3 en 2018, sans compter les dividendes) et demander à ne pas payer l’impôt sur le revenu. Quand on vous dit que c’est un véritable champion en la matière.
Le motif invoqué pour motiver cette demande auprès du FISC français, le milliardaire réside à Londres : il paye déjà une partie de ses impôts au Royaume-Uni. Il demande donc à ce que le FISC français lui rembourse les impôts payés sur ces revenus (gigantesque) de 2017 et 2018, au titre des accords de non double imposition en vigueur entre les deux États. Le FISC français a refusé. En effet, si le PDG est parti à Londres, cela n’a rien à voir avec les impératifs de son travail. Mais uniquement sa convenance personnelle. Notamment le fait de s’éloigner des journalistes et des travailleurs syndiqués. Sans compter les taux d’imposition très avantageux proposés par la capitale britannique.
Le FISC a finalement dit stop à l’impunité totale dans laquelle baignait ce profiteur d’en haut. Une petite victoire, qui mérite tout de même d’être célébrée. C’est pas tous les jours que la justice s’exerce sur les puissants.
La voie serait-elle ouverte à une véritable peine pour les milliards dérobés dans l’affaire Kering ?
A suivre…
Par Ulysse
Crédits photo : « Fortune Global Forum 2013 » Stuart Isett/Fortune Global Forum, Flickr
