1er mai

2,3 millions de manifestants : le plus fort 1er mai du XXIe siècle, la retraite à 64 ans ne passe toujours pas

La retraite à 64 ans ne passe toujours pas. Ce lundi 1er mai 2023, 2,3 millions de personnes sont descendues dans les rues du pays selon la CGT. 550 000 personnes rien qu’à Paris. Et une mobilisation qui continue à impressionner dans les petites communes. À Ouessant, île de 800 habitants dans le Finistère, plusieurs centaines de manifestants ont défilé dans les rues du petit bourg de Lampaul. À Poligny, commune de 4 000 habitants dans le Jura, une première manifestation historique pour un 1er mai. Et ainsi de suite.

Nos 80 reporters, en direct de 42 villes du pays aujourd’hui, nous ont fait remonter de partout le même sentiment : la colère contre la retraite à 64 ans ne retombe toujours pas. Après plus de 3 mois d’un mouvement social déjà historique, le gouvernement n’arrive toujours pas à tourner la page.

Des chiffres historiques pour un 1er mai. À titre de comparaison, le 1er mai 2022 avait rassemblé… 210 000 personnes dans tout le pays. Le 1er mai 2021, 170 000 personnes. En 2019, pendant le mouvement des Gilets Jaunes, le 1er mai avait rassemblé 310 000 personnes. Il faut remonter à 2009 pour trouver un 1er mai qui se rapproche un peu de ce cru 2023 historique, avec 1,2 million de manifestants, mais toujours près de deux fois moins de monde que ce lundi. Et ainsi de suite.

Ce 1er mai 2023 est le plus important du siècle, devant même le 1er mai 2022. Celui-ci avait rassemblé 1,3 million de personnes. Une nouvelle démonstration de force du mouvement social. Et si le gouvernement n’arrive toujours pas à tourner la page, le Rassemblement National (RN) essaie toujours de capitaliser sur la colère.

À Paris, une banderole géante « l’extrême droite est l’ennemie des travailleuses et travailleurs » a été déployée. Au Havre, Marine Le Pen organisait une « Fête de la Nation ». Problème : le 1er mai n’est pas « la fête du travail », mais une journée de lutte pour la réduction du temps de travail. Journée de 8 heures, Chicago, fusillade de Fourmies : l’histoire du 1er mai est celle d’une lutte, au prix du sang, pour défendre le droit des travailleuses et des travailleurs.

Mais comme l’insoumission.fr vous le démontre depuis des années maintenant, le RN ne défend pas les intérêts des travailleurs, mais ceux du capital : vote contre la hausse du SMIC, contre le gel des loyers, contre l’indexation des salaires sur l’inflation, et en même temps contre le rétablissement de l’Impôt sur la fortune (ISF), le RN a choisi son camp. Marine Le Pen reprend ici une vieille tradition de l’extrême droite française : en 1941, c’est le Maréchal Pétain, avec l’appui du régime nazi, qui instaure le 1er mai comme « fête du travail ». 

À Paris, Jean-Luc Mélenchon a résumé le sentiment général, alors que 70% des Français souhaitent toujours que le mouvement social se poursuive contre la retraite à 64 ans : « on ne peut pas se faire voler 2 ans de vie, on ne peut pas passer à autre chose. Nous récupérerons la retraite à 60 ans. Ne cédez pas, la lutte continue jusqu’au retrait ».

Mais alors que le gouvernement reste sourd aux démonstrations de force, reste à trouver, à inventer de nouvelles formes de mobilisations pour obtenir le retrait de la retraite à 64 ans, comme le souhaitent 93% des actifs, et enfin sortir de la crise sociale, politique et démocratique qui dure maintenant depuis plus de 3 mois en France. Jusqu’au retrait. Et jusqu’à la VIe République.