Expulsions. Dans un bouleversant plaidoyer à l’Assemblée nationale, le député LFI Sébastien Delogu est revenu sur son histoire personnelle. En 2012, avec sa famille, il a été expulsé de son logement. Nous avions raconté son histoire dans nos colonnes en mai 2022. Cette semaine, les députés sont en train de discuter d’une loi « anti-squat » inefficace et injuste voulue par Macron. Avec gravité, Sébastien Delogu leur a demandé de ne surtout pas la voter, alors que 4 millions de Français sont déjà dans une situation de mal-logement. Les associations alertent : le nombre d’expulsions locatives risque d’exploser dans le pays. Notre article.
« C’est l’histoire d’un couple de jeunes de 25 ans avec deux enfants en bas âge… »
Loin de l’ambiance habituelle de l’Assemblée nationale, un moment bouleversant a eu lieu dans l’hémicycle ce mardi 29 novembre 2022. Cette semaine, les députés sont en train de discuter d’une loi « anti-squat » inefficace et injuste voulue par Macron. Sébastien Delogu, député LFI de la 7ème circonscription des Bouches-du-Rhône, s’est livré sur son histoire personnelle. Il a raconté l’expulsion dont il a été victime avec sa famille.
« Le jeudi 12 avril 2012 à 14h, ils sont expulsés de leur logement par un jugement. Cette famille est perdue. Le couple est détruit. Le parcours du combattant s’enchaîne pour la maman et le papa pour essayer de retrouver un logement. Le père n’assume plus son rôle. Le couple se sépare. Les enfants perdent leurs repères. 10 ans passent, et en 2022, après avoir enchaîné des évènements tragiques, le père ne voit toujours pas ses enfants, de peur d’être jugé pour ne pas avoir réussi à subvenir aux besoins de sa famille. Cette famille, c’est celle d’un parlementaire assis sur ces bancs. Cette famille, c’est la mienne. » Bouleversant.
Pour aller plus loin : Portrait – Sébastien Delogu, des quartiers nord à l’Assemblée nationale
Expulsions : « Le droit fondamental au logement ne peut être mis au même niveau que la rentabilité financière d’un bailleur »
Sébastien Delogu a dénoncé la logique de cette « loi anti-squat » défendue par la minorité présidentielle : privilégier « la rentabilité financière d’un bailleur » plutôt que « le droit fondamental au logement », « une croisade pour le droit à la propriété plutôt que le droit de tout un chacun à dormir au chaud ». « Les comptes ne sont pas bons », a déploré le député insoumis, dans notre pays « où 4 millions de nos concitoyens sont en situation de mal-logement, tandis que 3 millions de logements entrent dans la catégorie de ‘vacants’ ». Sans compter les 300 000 sans-abri et les 2 millions de personnes en attente d’un logement social. « Moi, tout ce que je vous demande, c’est de ne pas voter cette loi », conclut le député.
Par cette loi, le gouvernement lance une chasse aux pauvres, plutôt que de traiter de la question des 3 millions de logements vacants qui pourraient loger bon nombre de personnes. Ce texte amènerait à une explosion des expulsions locatives dans le pays, dans un contexte de flambée des prix de l’énergie où l’hiver approche à grands pas. Toutes les associations se battant contre le mal-logement sont vent debout contre cette loi. En facilitant les expulsions locatives, elle va seulement créer davantage de misère et mettre plus de gens à la rue. Une situation inacceptable dans la 7ème puissance économique du monde.