Corrida

Abolir la corrida : la proposition de loi de LFI à l’Assemblée

Corrida. D’après l’article 521‑1 du code pénal, les sévices graves et les actes de cruauté, s’ils sont par ailleurs suivis de la mort de l’animal, sont punis de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende. Qui pourrait douter que les traitements infligés à un taureau pendant une corrida n’entrent pas dans cette catégorie ? 

La France insoumise (LFI) va présenter 12 textes de loi ce jeudi 24 novembre 2022 à l’Assemblée nationale. C’est le jour de sa « niche parlementaire », le seul jour de l’année où un groupe d’opposition parlementaire peut défendre ses propositions de loi et choisir l’ordre du jour de l’hémicycle de l’Assemblée. Journée spéciale sur l’insoumission : retrouvez la présentation de chacune des 12 propositions de loi insoumises tout au long de la journée. Notre article.

Certains départements bénéficient d’une exception à l’interdiction de la corrida 

La législation française suit logiquement l’avis de l’ordre des vétérinaires : en vertu de l’article 521‑1 du code pénal, la corrida est interdite dans notre pays. Plusieurs départements français bénéficient pourtant encore aujourd’hui d’une exception à la loi, au nom d’une « tradition locale ininterrompue ». Dans le Gard, les Pyrénées‑Atlantiques ou les Bouches‑du‑Rhône est donc admis ce qui est considéré comme une barbarie répréhensible dans la Sarthe ou dans les Vosges. Dans les départements dits « taurins », les sévices et actes de cruauté sur les taureaux ne sont pas niés, ils ne sont simplement pas condamnés.

La justification d’un tel dispositif au nom d’une « tradition locale ininterrompue » est factice. La corrida n’est en rien une tradition française, mais espagnole. Elle n’est arrivée en France qu’en 1853, pour faire plaisir à Eugénie de Montijo, l’épouse andalouse de Napoléon III. Et elle n’a d’ailleurs bénéficié d’une exception aux peines prévues pour les actes de cruauté qu’en 1951. De plus, cette corrida espagnole ne peut se prévaloir d’appartenir au patrimoine culturel immatériel de la France, ce qu’a confirmé le Conseil d’État en 2016, appuyant la décision de la cour administrative de Paris prise un an plus tôt.

La torture et les souffrances engendrées par une corrida sont pourtant reconnues 

L’ordre national des vétérinaires a tranché. En 2016 il affirmait : « Dans les spectacles taurins sanglants, la douleur infligée aux animaux n’est pas contestée. Dans la pratique de la corrida, c’est précisément cette douleur qui augmente les réactions défensives des animaux, leur stress psychologique et physique et donc leur agressivité. Elle conditionne ainsi le succès du spectacle. (…) Les spectacles taurins sanglants, entraînant, par des plaies profondes sciemment provoquées, des souffrances animales foncièrement évitables et conduisant à la mise à mort d’animaux tenus dans un espaces clos et sans possibilité de fuite, dans le seul but d’un divertissement, ne sont aucunement compatibles avec le respect du bien‑être animal ».

Les Français sont opposés à de telles pratiques 

D’après un sondage de l’Institut français d’opinion publique (Ifop) de février 2022, 87 % des personnes interrogées se déclarent favorables à ce que tout acte de cruauté volontaire ayant entraîné la mort d’un animal soit puni, sans exception pour les corridas. En 2017 un autre sondage Ifop avait montré que, dans les départements où les corridas sont autorisées, 75 % des habitantes et habitants sont opposés aux corridas avec pique, banderille et mise à mort.

De nombreux pays ont été déjà abolis la corrida 

Le Chili, l’Argentine, Cuba et l’Uruguay ont fait le choix d’interdire les corridas et Mexico vient de les suspendre à son tour. En Europe, le Danemark, l’Italie et le Royaume‑Uni ont formellement interdit cette pratique, tout comme la Catalogne. Les Françaises et Français expriment très fortement le souhait que notre pays suive l’exemple.