Depuis leur privatisation en 2006, les autoroutes ont rapporté beaucoup de dividendes aux actionnaires des concessionnaires. Et des milliards d’euros vont continuer à ruisseler dans les poches des actionnaires si les concessions vont à leur terme. C’est pourquoi Bénédicte Taurine et le groupe la France insoumise présenteront une proposition de loi sur la nationalisation des autoroutes lors de la niche parlementaire du 13 janvier.
La privatisation des autoroutes au profit des concessionnaires privés
C’est en 2006 que, sous la présidence de Jacques Chirac, le gouvernement de Dominique de Villepin a acté la privatisation des sociétés d’autoroutes pour moins de 15 milliards d’euros alors qu’à l’époque ces participations de l’État étaient estimées à 25 milliards d’euros. Une belle affaire pour les actionnaires !
Et les affaires ne cessent de s’allonger. En effet, les durées des concessions ont régulièrement été prolongées, et notamment en 2015. C’est à cette date qu’un protocole, devant rester discret, a été signé par Ségolène Royal et Emmanuel Macron, alors ministre de l’économie. Un gel des tarifs a été négocié contre un allongement de la durée de concessions, le tout sans publicité ni mise en concurrence. A la clé, des augmentations automatiques des péages chaque 1er février de 2019 à 2023 pour un surcoût de 500 millions d’euros pour les usagers… et au profit des actionnaires des concessionnaires !
La vague de privatisations des autoroutes a entraîné une forte hausse des tarifs des péages pour l’ensemble des usagers « nettement supérieurs à l’inflation », selon la Cour des comptes. En 2014, c’est l’Autorité de la concurrence qui qualifie ces revenus de « rentes ». En 2017, l’ensemble des sociétés autoroutières ont dégagé un excédent brut d’exploitation de 7,3 milliards d’euros pour 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires, soit une marge brute de 73 %., selon les chiffres de l’ARAFER, autorité chargée de leur régulation. Les concessionnaires historiques auraient déjà récupéré près de trois fois le prix d’achat. Une très juteuse affaire !
La nationalisation des autoroutes contre le siphonnement des profits par les actionnaires !
Si rien n’est fait, cette accumulation de profits va continuer. En 2021, une commission d’enquête du Sénat estime que les niveaux de rentabilité des concessions autoroutières seront très élevés pour la suite. Par exemple, Vinci touchera des dividendes cumulés « de l’ordre de 20,7 milliards d’euros » sur la période 2020-2036.
C’est pourquoi la nationalisation des autoroutes est nécessaire pour mettre fin au siphonnement des usagers au profit des actionnaires et permettre une politique d’aménagement du territoire en accord avec les urgences climatiques et sociales. Les concessionnaires se sont déjà bien assez gavés. L’intérêt général doit être de retour. Tel est l’objet de la proposition de loi déposée par Bénédicte Taurine et le groupe parlementaire de la France insoumise dans le cadre de sa niche parlementaire.