Razmig Keucheyan

Portrait – Razmig Keucheyan, l’écolo radical qui rejoint Mélenchon

Voici l’une des bonnes nouvelles de la fin de l’année 2021 : le Parlement de l’Union populaire a la chance de compter le sociologue Razmig Keucheyan parmi les siens. Professeur à l’université de Paris-Descartes, l’intellectuel est à l’origine d’une dizaine d’ouvrages et d’articles qui s’attaquent au capitalisme et qui font connaître les théories critiques qui prospèrent à gauche en étant que trop peu souvent valorisées. Portrait. 

Razmig Keucheyan : un regard critique et radical sur la société capitaliste

Compagnon de route de celles et ceux qui veulent rompre avec l’ordre établi, le sociologue s’était notamment opposé à la criminalisation des mouvements sociaux en 2015, en plein cœur de l’état d’urgence, aux côtés d’Annie Ernaux ou de Clémentine Autain.

Ses travaux sont ont pour point commun d’apporter un regard critique et radical sur la société capitaliste, sur les besoins artificiels dont il est nécessaire de se défaire dans un contexte d’épuisement des ressources à la financiarisation de la nature (des assurances liées aux crises climatiques) qu’il décrit dans La Nature est un champ de bataille. Ses ouvrages posent un regard passionnant sur le monde contemporain. 

Il a également cartographié les nouvelles théories critiques, dans Hémisphère gauche, ouvrage qui témoigne du foisonnement et de la multiplicité des pensées qui appellent à rompre radicalement avec l’ordre établi. 

Razmig Keucheyan : ou comment la crise climatique frappe d’abord les populations les plus pauvres et discriminées

Dans La Nature est un champ de bataille, Razmig Keucheyan montre que le capitalisme constitue la cause de la crise écologique et que la population mondiale n’est pas uniformément touchée par cette crise. Un exemple frappant, celui de l’ouragan Katrina en 2005 : 84% des victimes étaient noires et avaient pour autre point commun de vivre dans des zones inondables et moins vite secourues. Le fait même de vivre dans ces endroits dangereux était intrinsèquement lié à leur couleur de peau et la position occupée dans la société. 

De même, une proportion massive de sites classés Seveso se trouvent à proximité de quartiers ouvriers et pauvres et les industries polluantes aux Etats-Unis à proximité d’anciennes plantations de la période esclavagiste. Sans multiplier les exemples énumérés dans le livre, Razmig Keucheyan parvient à examiner la nature systémique de la crise environnementale contemporaine. Racisme, fragilisation des plus pauvres et financiarisation à outrance, autant de sujets qui se jouent au sein de la question environnementale et ce, depuis plusieurs années.

Écologie, égalité, planification, révolution, lutte des classes, autant de sujets essentiels dans notre engagement !

Autre ouvrage, toujours aussi passionnants, Les Besoins artificiels, comment sortir du consumérisme. Se faire livrer à manger, commander sur Amazon, désirer posséder le dernier modèle de téléphone en vogue… Autant de désirs modelés comme des besoins par la pression sociale, la publicité, la mise en avant de la performance. Ces désirs devenus besoins sont épuisants et coûteux pour l’individu, pour ne pas dire aliénants puisque tout devient provisoire. Si cela est mauvais pour l’homme, il en est de même pour la planète à qui celles et ceux en charge de la production et de la consommation demandent beaucoup trop et toujours plus. 

A travers cet ouvrage, l’auteur propose d’en revenir à des besoins dits authentiques, dans la filiation des auteurs marxistes André Gorz ou Agnès Heller. Cette révolution des besoins est nécessaire pour la survie de l’écosystème, la santé de l’humanité et ce livre constitue une solide pierre apportée à l’édifice de la pensée.

Petit bonus, à l’heure de la sortie du dernier Matrix au cinéma, le sociologue a également écrit en 2006 un article intitulé “les communautés de fans de Matrix sur Internet : une étude de sociologie de la connaissance”, une étude d’un film au budget conséquent à travers sa réception auprès des spectateurs !

En 2019, il expliquait dans le cadre d’une interview sur Les Besoins artificiels que la “transition écologique pouvait être un moyen de penser le cadre d’une égalité radicale”. Le projet insoumis porte l’égalité et la transition écologique en son cœur, accueillir l’un des penseurs de l’articulation entre les deux est donc une très belle nouvelle ! Le mouvement insoumis est plus que jamais proche de la victoire, le soutien d’universitaires et de personnes engagées vient renforcer la dynamique de l’Union populaire !

Pour aller plus loin : notre article « Les riches détruisent la planète : les chiffres chocs… pour une écologie populaire ! »

Par Marion Beauvalet.