Egypt Papers : La France complice de frappe aériennes sur des civils ?

Les révélations du média Disclose, sont d’une extrême gravité. Les Egypt Papers indiquent de possibles compromissions de la France avec l’Égypte du dictateur Al-Sissi dans la réalisation de crimes de masse contre des civils.

« Un probable scandale d’État »

Selon Disclose, le renseignement collecté par des Français dans le cadre de l’opération Sirli aurait servi à bombarder des centaines de civils dans la vaste zone désertique qui sépare l’Égypte de la Libye, bafouant ainsi le droit international relatif aux droits humains.

Le Traité sur le commerce des armes du 2 avril 2013 interdit aux États de livrer des armes si celles-ci risquent d’être utilisées pour commettre ou faciliter des violations graves des droits humains ou concourir à la répression interne.

Selon Amnesty internationale : “ S’ils étaient confirmés, les nouveaux faits révélés par le média d’investigation indépendant Disclose sur les ventes d’armes et de technologies de surveillance de la France à l’Égypte sont incompatibles avec les engagements internationaux de la France. En effet, selon Disclose, la France maintiendrait coûte que coûte ses relations avec le client égyptien et continuerait à lui vendre des armes malgré le risque qu’elles soient utilisées, pour certaines, à des fins de répression interne.” L’ONG dénonce « un probable scandale d’État » .

Nommée. « Les mémos de la terreur », l’enquête en cinq épisodes est disponible sur le site internet de Disclose : https://egypt-papers.disclose.ngo/fr/

Le gouvernement garde le silence et porte plainte

Pour l’instant, seul le général Christophe Gomart, directeur du renseignement militaire entre 2013 et 2017, a reconnu l’existence de cette opération. Interrogée le 30 novembre 2021 par le député insoumis Bastien Lachaud, la ministre des armées Florence Parly n’a pas confirmé ni infirmé les faits.

Ce mercredi 24 novembre, interrogé à la suite du conseil des ministre, Gabriel Attal porte-parole du gouvernement a rappelé l’alliance stratégique avec l’Égypte, “dans le domaine du renseignement et de la lutte contre le terrorisme” et a indiqué que “les problématiques domestiques sans rapport avec la lutte contre le terrorisme n’entre aucunement dans le champ de cette mission de renseignement”.

Une enquête interne a été commandé par Florence Parly sur deux volets. Le premier volet, concerne un dépôt de plainte pour « détention et diffusion de documents classifiés ». Le second pour “vérifier si les règles fixées lors de cette coopération ont été effectivement mises en œuvre”.

Une atteinte à la liberté d’informer ?

Télérama – qui a participé aux révélation en partenariat avec Disclose – dénonce « la chasse à la taupe menée par le ministère des Armées » […] qui « pourrait rapidement porter atteinte à la liberté d’informer ».

Disclose, qui n’en est pas a son premier ballon d’essai, avait déjà été convoqué par la Direction générale de la sécurité intérieure, suite à ses révélations concernant la guerre au Yemen et les ventes d’armes de la France à l’Arabie Saoudite et aux Émirats Arabes Unis. Le media avait écopé d’un rappel à la loi et d’un avertissement en cas de récidive. Le media risquerait jusqu’à cinq ans de prison et 75 000 euros d’amende.

En Égypte, le site internet de Disclose est dores et déjà bloqué

Anthony Brondel pour le journal de l’insoumission.