Grigny : 280 familles menacées par la liquidation de Bergams

1,6 million d’euros d’aides publiques, 280 emplois menacés, la fortune du PDG estimée à plus de 250 millions d’euros, à Bergams comme ailleurs c’est trop souvent le même schéma : gavage d’aide publique sans aucune condition, bénéfices au profit du PDG et des actionnaires, licenciements. En grève depuis le 17 septembre, les salariés de Bergams, entreprise qui fabrique des sandwiches et premier employeur privé de Grigny la ville le plus pauvre de France, sont face à un mur. La politique de négociation de l’entreprise semble être limitée à la la menace d’une liquidation judiciaire qui pourrait être prononcée ce mercredi 17 novembre. Article.

La crise économique et sanitaire de l’année 2020 fut une nouvelle occasion pour de nombreux groupes industriels de redécouvrir les vertus des fonds publics. S’il parait cohérent que l’État et l’argent citoyen permettent à de nombreuses entreprises de survivre, il ne saurait être question de financer les profits et de laisser les pertes aux salariés. Durant la crise du Coronavirus, certaines entreprises ont profité de la situation et des outils de flexibilisation du travail permis par des ordonnances Macron, pour remettre en cause les conditions de travail de leurs salariés.

C’est le cas, par exemple à Grigny dans l’Essonne, la ville qualifiée de plus pauvre en France. L’entreprise Bergams, qui fabrique des sandwiches pour le groupe industriel NORAC et premier employeur privé de la ville, est en passe de jeter à la rue 280 familles.

Chantage au chômage et remise en cause des contrats de travail

Alors que Bergams a reçu de l’État plus d’1,6 millions d’euros au titre du chômage partiel, l’entreprise Bergams a vu dans la crise pandémique l’occasion de rationaliser les coûts afin d’augmenter ses profits.

En septembre 2020, profitant d’une ordonnance de Muriel Pénicaud, l’entreprise fait signer un accord de performance collective (APC) avec une partie des organisations syndicales, divisant ainsi les salarié·es par la même occasion.

Applicable depuis le 1er janvier 2018, l’accord de performance collective (APC) permet aux entreprise d’organiser la primauté de l’accord collectif sur le contrat de travail et d’aménager la durée du travail, la rémunération et les conditions de mobilités au sein d’une entreprise. Les APC peuvent être négociés dans toutes les entreprises quel que soient leurs effectifs pour une durée déterminée ou indéterminée .

Pour être valide, l’accord de performance collective doit être signé par des syndicats représentant plus de 50 % des suffrages exprimés en faveur d’organisations représentatives au premier tour des dernières élections professionnelles ou, à défaut, par des syndicats représentant plus de 30 % des suffrages et approuvé par referendum à la majorité des salariés concernés. Si le salarié peut refuser la modification de son contrat de travail résultant de l’application de l’accord, ce refus peut entraîner son licenciement.

Le spectre du chômage contraint ainsi les salarié·es à signer dans un premier temps l’accord, qui prévoit une baisse pouvant aller jusqu’à 30 % du salaire en plus d’une augmentation du temps de travail.

Les salarié·es se mettent en grève, l’employeur les menace d’une liquidation judiciaire

Alors que la situation économique est revenue à la normale, les salarié·es demandent aujourd’hui la fin de cet accord. Mais la direction refuse. Le mépris de classe et la culture du profit de l’employeur ira même jusqu’à la décision mesquine de facturer 3,60€ les sandwichs du midi, traditionnellement offerts.

Les salarié·es s’estiment, à juste titre, berné·es et abusé·es. Cette prise de conscience a entraîné un mouvement de grève depuis le 14 septembre 2021.

Le groupe NORAC a communiqué sur sa capacité à traverser la crise et la fortune personnelle de son PDG Bruno Caron, estimée à plus de 250 millions, en atteste. Mais la politique de négociation de l’entreprise semble être limitée à la contrainte et à la menace d’une liquidation judiciaire qui pourrait être prononcée ce mercredi 17 novembre.

La situation de crise a mobilisé le préfet de l’Essonne qui a tenté une médiation, en vain puisque le groupe NORAC n’a pas jugé utile de se déplacer pour rencontrer les 280 salarié·es.

Alors que la majorité de ces employé·es ont voué plus de 20 années au service de l’entreprise et ont contribué par leur travail à la richesse du Groupe NORAC, le pouvoir macroniste laisse faire. Il n’impose aucune limite à l’employeur. Les salariés sont abandonnés. Que dira la justice ? Réponse ce mercredi 17 novembre.

Philippe Juraver et Anthony Brondel.