Scandale : une étudiante en situation de handicap menacée de séquestration, insultée et malmenée

Julie, une étudiante en situation de handicap menacée de séquestration, insultée et malmenée physiquement, parce qu’elle a demandé à l’université de Paris Descartes de respecter son droit à un aménagement des épreuves. Aujourd’hui, Julie ne peut toujours pas terminer son cursus ni s’insérer dans la vie professionnelle. Elle se bat depuis 2017. Accessibilité universelle versus capacitisme institutionnel.

L’école, de la maternelle à l’université, est accessible à tous et toutes sans aucune discrimination.

Un élève en situation de handicap bénéficie par ailleurs, selon la loi, d’un Plan d’Accompagnement, dit PAEH, afin de lui permettre de suivre les cours et passer ses épreuves avec des aménagements. A l’université, ces PAEH sont établis avec l’étudiant, en relation avec les SIUMPPS (Service Inter Universitaire de Médecine Préventive et de Promotion de la Santé), dont les médecins sont les seuls « professionnels de santé à pouvoir proposer des aménagements aux études, aux examens et aux concours de l’enseignement supérieur à l’université ». 
Un étudiant en situation de handicap ne peut donc pas échapper au SIUMPPS, si il/elle souhaite ces aménagements. 

La violence de la réalité subie par Julie, à l’université Paris Descartes, tranche, bien trop, avec la  loi et l’humanité qui lui était due. Julie est sous oxygène 24 heures sur 24. Elle marche avec une béquille. Elle est décrite par ses professeurs comme « intelligente et rigoureuse ». Elle poursuit ses études à Paris Descartes depuis 2010. Elle souhaite devenir avocate. Julie a subi une maltraitance à peine imaginable, alors qu’elle tentait simplement de faire valoir ses droits à disposer d’un PAEH. Une violence telle, que l’étudiante a même tenté de mettre fin à ses jours. Elle n’a pas pu se présenter aux épreuves de son master 2, ni finaliser son examen au Centre Régional de Formation Professionnelle des Avocats. Elle avait saisi le Défenseur des Droits (DDD), en la personne de Jacques TOUBON. La situation de Julie est bloquée depuis l’année universitaire 2018/2019.

 » Une espèce d’enfant sauvage à qui on a toujours tout permis à cause de sa maladie », « J’ai cru qu’elle était née à l’étranger, cette fille ». (enregistrements consultés par Médiapart et mis en ligne le 11 Octobre 2021)  Ces propos validistes et ostracistes sont prononcés par deux personnes du SIUMPPS de Paris Descartes à l’encontre de Julie. L’étudiante ne se présentait pas à ces personnes sans raison : elle souhaitait évoquer son PAEH. « Vous me faites mal ! Non, non, non… » dit Julie, alors qu’elle est sortie de force du bureau du médecin qui refuse de la recevoir… Pas de PAEH : pas de cours, pas d’examens pour Julie.
Les faits de harcèlement et d’intimidation de Julie à l’université Paris Descartes sont repris partiellement dans la Décision rendue par le Défenseur Des Droits. Ils ne se sont pas limités à la sphère du SIUMPPS. « Monsieur  B,  exerçant  la  profession  d’agent  de  sécurité,  affirme  avoir  reçu  une  consigne verbale, au mois de juin 2018, de la part du chef de poste de sécurité de la faculté de droit de ne pas l’aider, en particulier pour monter les marches avec  sa bouteille d’oxygène, » lit-on dans la décision rendue par le DDD. C’est toute l’institution qui paraît avoir agi de concert pour décourager Julie.
Julie a entrepris de nombreux recours, tant administratifs que judiciaires. Administratifs, parce que Julie, entre autres procédures, a été « interdite d’accès à la faculté de droit depuis le 19 avril 2019 alors même qu’elle ne fait l’objet d’aucune sanction formelle, la section  disciplinaire ne s’étant  pas  prononcée  depuis  sa  saisine  du  26 novembre 2018 ». Elle a déposé une plainte pénale le 10 Juin 2020 contre l’université, le médecin et les secrétaires médicales pour « violences volontaires aggravées », « violation du secret professionnel » et « discrimination« .
Elle a enfin été reçue par un juge d’instruction le 6 octobre 2021. À ce jour, Julie ne peut toujours pas passer ses épreuves, ni soutenir son mémoire, ni devenir avocate…
L’inhumanité opposée à Julie par son université, un cas exceptionnel ? Non, malheureusement. 

Elisa Rojas, Collectif CHLEE : « Vous auriez tort @Mediapart, de traiter ces violences comme un cas exceptionnel, alors qu’elles s’inscrivent plus largement dans le cadre des violences institutionnelles infligées par l’éducation nationale aux élèves/étudiant.e.s handicapé.e.s/malades. »


Que le handicap soit visible ou invisible, le validisme est présent, rampant, oppressant.

« C’est bien gentil de vouloir faire en sorte que les autistes puissent faire des études comme tout le monde ! Mais en attendant, c’est des fardeaux pour la classe ! » Comme lui, 31 autres étudiants ont déclaré avoir été victimes de propos validistes. « Elle parle bien pour une autiste », « trois jours de coma ce n’est pas grand-chose », « tout le monde a des problèmes, tu devrais faire des efforts ».

12 millions de personnes sont en « situation de handicap » en France. 12 millions de victimes potentielles du validisme, à l’université et partout ailleurs. #NousSommes12Millions

12 millions de raisons supplémentaires pour aborder cette situation d’un point de vue politique. Les textes existent déjà (CIDPH). Manque la volonté politique de mettre en œuvre concrètement ces dispositions. Ne demandons pas à Madame Cluzel et à son gouvernement, ils sont enfermés dans une vision désuète, patriarcale, institutionnalisante, médicale, du handicap. Là où ces gens voient des « objets de soins » à institutionnaliser, il y a en réalité des « sujets de droits » titulaires du droit de vote, comme les autres : #LaRépubliqueCestNousAussi.


À quand l’application réelle de la règle de l’accessibilité universelle, à l’école, dans les études supérieures, au travail, dans la vie de tous les jours, les loisirs comme la vie civique, l’accès aux soins…?À quand une véritable intégration dans tous les pans de notre droit, de ce principe issu de la Convention ONU relative aux droits des personnes handicapées (CIDPH) du 13 Décembre 2006 et ratifiée par la France ?
Que vienne vite, la VIème République et l’intégration à la Constitution de la #RègleDeLAccessibilitéuniverselle au même titre que la #RègleVerte !