+10% en juillet, +5% en août, +8,7% en septembre, +12,6% au 1er octobre : le prix du gaz explose en France, mais contrairement à l’Italie et à l’Espagne, le gouvernement ne fait rien. Le favori de la gauche pour 2022 appelle à une loi d’urgence sociale et à bloquer les prix. En 2020, la moitié des Français ont restreint leur chauffage pour contenir leurs factures. Dans la sixième puissance mondiale, 1 jeune sur 5 déclare avoir déjà subie une coupure, et 2 jeunes sur 3 déclare ne plus savoir sur quelles dépenses faire des compromis car ils ont déjà réduit tout ce qui pouvait l’être. Il y a urgence. Notre article.
Ce lundi, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) a annoncé une nouvelle hausse des tarifs réglementés du gaz, de l’ordre de 12,6% au 1er octobre. En réalité, « cette évolution résulte de la hausse, historique, des prix du gaz sur le marché mondial qui se répercute sur les coûts d’approvisionnement du fournisseur de gaz Engie« , explique la CRE.
+10% en juillet, +5% en août, +8,7% en septembre, +12,6% au 1er octobre : le prix du gaz explose en France
Dans le détails, cette hausse sera de 4,5% pour les utilisateurs de gaz de cuisson, de 9,1% pour ceux qui ont un double usage (cuisson et eau chaude), et de 14,3% pour les foyers qui se chauffent au gaz. Ils avaient augmenté de 8,7% au 1er septembre, après plus de 5% en août et près de 10% en juillet. Les tarifs réglementés sont appliqués à environ trois millions de foyers en France, pour l’essentiel par Engie qui détient le monopole sur la plus grande partie du territoire.
Les cours du gaz sont à des niveaux très élevés en Europe en raison de divers facteurs : stockages bas et non renouvelés, forte demande du gaz naturel liquéfié (GNL) en Asie et incapacité de la Norvège et de la Russie d’augmenter leurs livraisons, souligne la CRE.
Ainsi, la flambée actuelle des prix signe la faillite du modèle de la « concurrence libre et non faussée ». Depuis l’ouverture à la concurrence du marché de l’énergie il y a dix ans, le prix du gaz a bondi de +80% et celui de l’électricité de +60%.
Mais le gouvernement s’obstine à contre-sens. Il prévoit de supprimer les tarifs réglementés du gaz en 2023 ! Autant dire que le pire est à craindre. Le prix de l’électricité n’y échappera pas, le président de l’UFC-Que Choisir annonce une probable hausse de prés de 10% en Février 2022.
En 2020 la moitié des Français ont restreint leur chauffage pour contenir leurs factures
Il faut mesurer l’insupportable quotidien que cela représente pour un nombre croissant de Français. Le baromètre annuel du Secours Populaire, paru la semaine dernière, en donne une indication très précise.
Concrètement, 36% des personnes interrogées déclarent avoir des difficultés à payer leurs factures d’énergie. Une hausse de plus de 16% par rapport à 2020. Le pays compte 5 millions de passoires thermiques. La précarité énergétique s’étend et touche désormais des publics de plus en plus jeunes. En 2020, selon les données du Médiateur National de l’Énergie, la moitié des Français ont restreint leur chauffage pour contenir leurs factures.
Les plus jeunes sont aussi concernés. Parmi les 18-34 ans, les deux tiers se sont privés et un sur cinq a subi une coupure suite à des difficultés de paiement. Pour ceux qui sont déjà sous le seuil de pauvreté, cela devient une question de vie ou de mort. Les deux tiers d’entre eux ne savent plus « sur quelles dépenses faire des compromis car ils ont déjà réduit tout ce qui pouvait l’être » nous alerte le Secours Populaire.
Les insoumis réclament une loi d’urgence sociale, Macron refuse de bloquer les prix
La France Insoumise et Jean Luc Melenchon réclament une loi d’urgence sociale. Une proposition de loi a été déposé en Juin 2020 à l’initiative de Mathilde Panot (député LFI) et de l’association « Rénovons ». Elle proposait d’attribuer exceptionnellement la somme complémentaire de 300 euros aux plus précaires déjà éligibles au chèque énergie. La majorité gouvernemental l’a rejeté.
En comparaison, en Espagne, après des manifestations contre la hausse du prix de l’énergie, le gouvernement a diviser par 2 les prix. En Italie, le gouvernement a débloquer une enveloppe de 3 milliards pour faire face à ces hausses. Macron privilégie l’aumône et distribue (pour les plus précaires) un chèque énergie de 100e par ménage.
Le chèque énergie de Macron ? Un pansement sur une jambe de bois. D’abord parce qu’il consiste en une subvention aux pétroliers dont les produits sont achetés par ce moyen alors même qu’ils augmentent dans un but de profits indécents. Un pompier pyromane.
L’hiver sera bientôt là. Il nous faut donc passer à la vitesse supérieure pour empêcher des milliers d’entre-nous de basculer dans la misère. Jean Luc Melenchon propose un traitement de choc en urgence : le blocage des prix. La pandémie a révélé des états de dénuement incroyables. Il faut au pays un choc de consommation populaire.
Et immédiatement, le blocage des prix sur les produits de première nécessité. Jusqu’en 1986, la loi le permettait. Il n’est pas compréhensible ni acceptable que, l’énergie, le gaz, l’électricité, les carburants ou des denrées alimentaires indispensables soient inabordables. Il faut augmenter le Smic tout de suite pour le porter à 1.400 euros net mensuels. En dix ans, il n’a connu aucun coup de pouce, alors que les revenus des puissants se sont envolés de façon ahurissante.
Alors que le prix du gaz explose, vite une loi d’urgence sociale.
Par Sonia Naffati.