Primaire écolo : vont-ils enfin parler d’écologie ?

La primaire d’Europe-Écologie-Les-Verts aura lieu dans quelques jours. Dimanche dernier, les candidats à l’investiture EELV étaient réunis sur le plateau de France inter et France info pour un premier débat public, censé leur permettre de se départager aux yeux des Français. Des journalistes favorisant Jadot à l’omniprésence des idées d’extrême-droite, l’événement a déçu.

Un débat long, assez peu rythmé… qui n’aura pas marqué les esprits par des échanges rhétoriques riches. On aurait pu y voir l’occasion de traiter en profondeur les problématiques environnementales et climatiques, urgence de notre temps. Ce fut malheureusement tout… sauf ça.

Neutralité journalistique ? Ou pas.

Rarement un débat aura manqué d’impartialité de la part des journalistes qui l’animent. Nathalie Saint-Cricq (pour qui le débat de l’entre deux tours de 2017 avait déjà été un long naufrage), Françoise Fressoz, Carine Bécard et Alexandra Bensaid ont ainsi enchaîné les questions accusatrices contre les candidats… sauf Yannick Jadot.

Sandrine Rousseau s’entend ainsi dire que son positionnement encourage les luttes communautaristes. Eric Piolle est interpellé sur son bilan à Grenoble, auquel les Français seraient peu sensibles. Delphine Batho est interrogée sur son manque de crédibilité, et interrogée : “ne craignez-vous pas, au fond, de faire peur ?”.

Pendant ce temps, nous apprenons que Yannick Jadot prône “une écologie ouverte et majoritaire”, au point que Fressoz lui demande : “pourquoi prendre le risque de vous rétrécir dans une primaire qui à ce jour ne rassemble que 35 000 votants ?”. Une charge violente dont l’eurodéputé n’a failli jamais se remettre… et qui nous a rappelé les terribles interrogatoires subis par Emmanuel Macron en 2017.

Au rendez-vous de l’extrême-droite

Les journalistes semblaient ainsi avoir choisi la cible sur laquelle ne pas taper. Révoltant ? Dans le fond, oui. Mais on s’y attendait un peu… question d’habitude.

Pire encore : en pleine période de poussée de l’extrême-droite, le débat n’a pas échappé au climat délétère.

Marine Le Pen sans cesse dédiabolisée et grande favorite pour affronter Macron au second tour, Eric Zemmour habilement mis en avant par tous les médias à la ligne éditoriale de droite radicale (Valeurs Actuelles, CNews, Europe 1…) … on aurait pu attendre de ce débat une bouffée d’oxygène offerte par le service public. Un débat de fond sur l’écologie, une discussion passionnante autour de l’urgence climatique.

Rien de cela ne s’est produit. À la place, 10 minutes sur le blasphème, et trois thèmes incontournables : laïcité, crop-top et voile. Naufrage du service public, incapable de servir autre chose que l’habituelle soupe identitaire de l’extrême-droite, pourtant déjà rabachée à longueur de temps sur toutes les ondes.

Tant pis pour les questions sociales. L’explosion du chômage ? Les 10 millions de pauvres ? La précarité galopante dans le pays ? Rien de cela n’a pas semblé intéresser les journalistes en plateau. Zemmourisation médiatique ? Sûrement.

Alors que le deuxième débat se tiendra ce mercredi soir, une question se pose : les écolos vont-ils enfin parler d’écologie ?