Le mal logement tue à Marseille

Le fléau du mal logement a encore frappé à Marseille. Trois personnes sont mortes dans la nuit de vendredi à samedi 17 juillet 2021 suite à l’incendie d’un bâtiment de la cité des Flamants, dans le 14ème arrondissement de la ville. La lassitude et la colère sont palpables chez les habitants. Le mal logement gangrène depuis bien trop longtemps les quartiers nord. Les insoumis par la voix de Jean-Luc Mélenchon ont déposé une proposition de loi visant à rendre effectif le droit au logement, ainsi que toute une série de propositions pour en finir enfin avec le logement indigne. Notre article.

Vers 5h30, dans la nuit du 16 au 17 juillet 2021, un drame lié au mal-logement a de nouveau frappé la cité phocéenne. Trois jeunes personnes d’une vingtaine d’années sont mortes en tentant d’échapper à un incendie dans un immeuble de la cité des Flamants, dans le 14e arrondissement de Marseille. Une maman s’est jetée dans le vide avec son bébé dans les bras qui seul a miraculeusement survécu à la chute, mais se trouve en urgence absolue. 11 autres personnes ont été blessées ou intoxiquées par les fumées dont 2 personnes en situation d’extrême urgence.

Trois morts dont la mère d’un nourrisson dans l’incendie d’un bâtiment de la cité Flamants, insalubre et voué à la destruction

Depuis 2018, ce bâtiment géré par le bailleur « social » 13 Habitat est voué à la destruction. Sur les 128 logements, 14 sont encore habités par des familles de locataires et tous les autres sont squattés par des migrants nigérians, albanais et serbes dont de nombreux demandeurs d’asile en attente de traitement de leur dossier.

Les logements sont insalubres et dangereux, les personnes n’ont pas accès à l’eau ni à l’électricité. De ce fait, ils doivent malgré eux faire des branchements artisanaux pour avoir le courant. Les 14 autres familles de locataires attendent une solution de relogement satisfaisante, et cela, depuis 2018 et vivent aussi dans des conditions déplorables avec une panne d’ascenseur depuis plus de 10 mois. Certains habitants ont même dû installer une poulie pour monter les courses.

Les migrants, des êtres humains que les collectivités et l’État abandonnent !

Depuis la découverte de deux départs de feux distincts, l’un au sixième étage et l’autre dans la cage d’escalier, l’enquête s’oriente vers la piste criminelle. Les migrants racontent qu’ils devaient payer tous les mois un loyer illégal aux trafiquants de drogues qui dealent dans l’immeuble, une taxe à hauteur de 200 à 300 euros à défaut de se voir humilier, frapper et menacer. 

Il y a 6 590 demandeurs d’asile domiciliés à Marseille sans aucun hébergement. Seulement 700 d’entre eux sont pris en charge par le 115. Les demandeurs d’asile, pour se loger et pour tout le reste, n’ont pour unique ressource que 225 euros d’ADA par mois. Ils ne peuvent alors ni accéder aux HLM, ni au parc locatif privé. Alors, les migrants passent de squat insalubre en squat insalubre sans que de solutions pérennes ne soient mises en place.

Kallisté, Parc Corot, Petit Séminaire, les Rosiers : les quartiers Nord de Marseille fracassés par le fléau du mal-logement

D’autres cités délabrées des quartiers Nord de Marseille sont concernées ; Kallisté, Parc Corot, Petit Séminaire, les Rosiers, pleins de copropriétés et de HLM qui sont squattées. En effet, les places d’hébergement d’urgence sont saturées et aucune politique d’ampleur digne concernant le mal logement ne se met en route.

Pour les mineurs non accompagnés qui se retrouvent dans l’obligation de squatter des logements pour ne pas être à la rue, le Conseil départemental dont la Présidente LR est Martine Vassal, refuse de prendre ses responsabilités. Pourtant, le tribunal administratif de Marseille, saisi en référé en mars 2021 par des associations de soutien aux jeunes migrants, avait ordonné au Département des Bouches-du-Rhône « d’assurer la mise à l’abri et l’assistance des seuls mineurs non accompagnés figurant sur (sa) liste d’attente. »

Des pouvoirs publics qui détournent le regard face à tant de souffrance quotidienne

Si le gestionnaire a le devoir de prendre en charge ses locataires, la ville de Marseille n’a pu ouvrir que deux gymnases à proximité pour accueillir 91 personnes dont des femmes enceintes et 27 enfants. Des associations et collectifs se sont vu utiliser les minces moyens à leurs dispositions pour de la mise à l’abri et l’aide alimentaire. Quand des solutions sont trouvées, elles sont limitées dans le temps à 15 jours maximum.

Dans les quartiers nord en particulier, les précarités s’accumulent et les politiques se renvoient la balle. Les pouvoirs publics laissent pourrir les situations par incompétence ou mépris. Ou bien par lâcheté. Plus facile de détourner le regard, que de regarder en face cette souffrance des enfants des quartiers nord et des migrants.

Un drame qui rappelle celui du 5 novembre 2018, l’effondrement d’un immeuble rue d’Aubagne

Des acteurs du monde social de la ville expriment leur solidarité aux victimes et familles des personnes décédées, mais aussi une colère à l’égard des institutions responsables de ce drame qui rappelle celui survenu le 5 novembre 2018, lors duquel huit personnes ont perdu la vie dans l’effondrement d’un immeuble à la rue d’Aubagne.

En effet, l’alerte sur le risque d’incendie et la non-accessibilité des issues de secours dans la cité des Flamants a été donné à plusieurs reprises, comme en témoigne l’une des nombreuses lettres des habitants, adressé le 16 décembre 2019 (il y a plus d’1 an et demi !) à Lionel Royer-Perreaut, président du bailleur social 13 Habitat et propriétaire de ce bâtiment.

Ainsi, il s’agit bien de la conséquence directe de décisions politiques, dont les seuls responsables sont le bailleur « social » 13 Habitat et sa collectivité de tutelle, le Conseil départemental mené par Martine Vassal.

Les questions concernant les places d’accueil pour les demandeurs d’asile et la décomplexification des démarches administratives devraient être alors des pistes de solutions à privilégier.

Proposition de loi de Jean-Luc Mélenchon visant à rendre effectif le droit au logement

Jean-Luc Mélenchon, député des Bouches-du-Rhône et président du groupe insoumis à l’Assemblée nationale, a déposé une proposition de loi visant à rendre effectif le droit au logement.

Cette proposition de loi tire son inspiration de plusieurs sources. D’abord, le programme de la France insoumise pour l’élection présidentielle, l’avenir en Commun. Ensuite, les contributions nombreuses et de très grandes qualités au débat public sur le logement des associations de défense des mal-logés ou des locataires comme le Droit Au logement (DAL), la Fondation Abbé Pierre, la Confédération nationale du logement (CNL) ou la Confédération syndicale des familles. Enfin, elle reprend plusieurs articles du travail d’un atelier des lois sur le logement indigne tenu à Marseille le 7 février 2019.

La France insoumise propose d’interdire les expulsions locatives sans relogement, de construire 200 000 logements publics par an pendant cinq ans aux normes écologiques, de mettre en place une garantie universelle des loyers pour favoriser l’accès de tous au logement par l’intermédiaire d’une caisse de solidarité alimentée par les bailleurs comme le défend la CNL, de lancer un plan d’éradication du logement insalubre, de renouvellement urbain et de construction de logements sociaux en renforçant les sanctions des communes trop faiblement dotées en parc social, d’imposer les hautes transactions immobilières par une taxe progressive, de soutenir les projets d’habitat participatif et coopératif, de lutter contre les marchands de sommeil, de faciliter la réquisition des bâtiments vides, etc.

La France insoumise présente ses sincères condoléances aux familles et proches des 3 personnes décédées.

Katia Yakoubi , co-référente du livret quartiers populaires