L’espace n’est pas un terrain de jeu pour milliardaires, la couche d’ozone ne se rachète pas

Jeff Bezos devrait décoller aux alentours de 15 heures ce mardi 20 juillet 2021. Direction l’espace. Pour 11 minutes. Outre le caractère ridicule de l’expédition, la menace écologique que représente cette conquête de l’espace par des milliardaires en mal d’occupations est bien réelle. L’espace doit être réservée à l’intérêt général. Notre article.

Le 11 juillet, le fondateur de Virgin Galactic et milliardaire fantasque Richard Branson s’est donc envoyé en l’air à la limite de l’espace à bord de l’avion-fusée SpaceShipTwo. La débauche de moyens publicitaires et le battage médiatique ont, sans surprise, valorisé l’esprit de conquête et d’avant-garde de ces pionniers du tourisme spatial réservé à quelques happy fews fortunés en mal de sensations fortes pouvant se permettre de débourser 200 000 à 250 000 dollars.

Et il en sera de même ce mardi 20 Juillet lorsque Jeff Bezos, le fondateur de Blue Origin s’enverra en l’air avec son frère. Les commentateurs et les « enthousiastes » de la guerre des égos dans l’espace seront obsédés ce jour-là par une performance qui, sur le plan technique du moins, n’a absolument rien de spectaculaire.

Le premier être humain à être allé dans l’espace le 12 avril 1961, Youri Gagarine, a fait bien mieux, avec un vol d’une durée d’1h48 minutes à 250 km d’altitude ! Finalement, tout ce tapage médiatique ne montre que l’impuissance des acteurs privés du New Space à faire aussi bien que l’Etat soviétique à l’époque… Il n’y a donc pas de quoi parader.

Il y a plutôt à s’interroger sur les fondements de ce commerce. Ces gesticulations mercantiles sont aussi obscènes qu’irresponsables. Ce divertissement pour VIPs fortunés fait fi des problèmes autrement plus pressants liés aux limites planétaires et à la gestion des conséquences du réchauffement climatique. En effet, une intensification de cette activité commerciale contribuera drastiquement à l’augmentation des émissions de CO2 et endommagera de façon irréversible la couche d’ozone.

Ce capitalisme suborbital est en rupture avec l’esprit d’exploration au bénéfice de l’intérêt général humain qui devrait animer l’aventure spatiale. Au lieu de cautionner en achetant des places pour réaliser des expériences, à l’instar des agences spatiales italienne et canadienne, il serait souhaitable que les agences spatiales gouvernementales rappellent la communauté spatiale à l’ordre de la décence et de la responsabilité.


L’exploration spatiale, du fait des enjeux stratégiques qui sont les siens et des ressources incroyables qu’elle demande, est une affaire trop sérieuse pour être laissée aux milliardaires, qui travestissent l’excellence et le dévouement humain des professionnel.le.s. Les activités de l’humanité dans l’espace doivent être le fruit de la concertation démocratique et guidées par l’intérêt général humain.

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