Marseille
View of the North districts of Marseille, south of France on October 2013. Photo by Philippe Laurenson/ABACAPRESS.COM

14 assassinats à Marseille : l’État doit garantir la sûreté publique dans nos quartiers

Depuis le début de l’année, 14 morts par balle ont été enregistrées dans les cités de Marseille et de sa banlieue dont six dans des « règlements de comptes ». Les habitants se sentent abandonnés par l’État. Notre article.

Le jeudi 8 juillet peu avant minuit, à Septèmes-les-Vallons, au nord de Marseille, une jeune fille de 17 ans a perdu la vie. Deux individus ont tiré au fusil d’assaut et au canon scié sur une voiture stationnée en bas d’une cité. À l’intérieur, trois jeunes personnes. Une conductrice qui s’en sort miraculeusement, un jeune de 21 ans assis à l’avant touché à l’épaule, et une adolescente de 17 ans qui reçoit trois balles dans la tête.

Des habitants des quartiers populaires abandonnés par les pouvoirs publics

La sixième victime en à peine 12 jours à Marseille. Des « proportions pas vues depuis des années« , alerte un syndicat de police. Depuis plus de 30 ans, nous sommes face à un abandon des quartiers populaires par l’État. Un « séparatisme » de classe qui ne frappe pas uniquement Marseille, mais nombre de quartiers populaires du pays. À Stains, en Seine-Saint-Denis, le maire Azzedine Taibi a porté plainte contre l’État pour rupture d’égalité.

L’utilisation d’armes de guerre comme la kalachnikov es devenue tristement habituels pour les habitants. Ces armes sont utilisées pour tuer de sang-froid et les meurtres peuvent se produire en journée, près des écoles parfois. Le rajeunissement des victimes et des auteurs devrait alerter la classe politique pour qui l’abandon de la jeunesse du pays devrait être une préoccupation majeure !  

Les assassinats peuvent toucher tout le monde, jeunes et très jeunes, et des personnes qui n’étaient pas mêlées à des trafics. Et le plus choquant est peut-être ce silence des autorités publiques qui se sont habituées à ce chaos meurtrier. Les habitants des quartiers populaires se sentent abandonnés par les pouvoirs publics. Ils se voient comme des citoyens de seconde zone dont les vies ont moins de valeurs.

Les « règlements de compte » ? Des assassinats

Ces meurtres continuent à prospérer à une vitesse alarmante. Lorsque les médias évoquent « des règlements de compte », ils minimisent la gravité des faits en inscrivant dans l’imaginaire collectif le fameux : « ils se tuent qu’entre eux ! ». Pourtant le « eux », ce sont des vies arrachées et des familles endeuillées. Le « eux » ce sont aussi des enfants avec des parcours de vie souvent difficiles.

On ne se retrouve pas dealeur de cannabis parce qu’on en rêvait petit, mais bien parce que c’est la dureté de la vie qui nous mène sur ce chemin périlleux. Il doit y avoir une prise de conscience de la « préoccupation sociale en matière de prévention et de réinsertion d’une partie de ceux vivant du trafic, tant il est impossible d’ignorer les retombées du commerce illicite dans des quartiers où le chômage et la déscolarisation sont le dramatique terreau de ces comportements délinquants » comme l’écrit le député insoumis Éric Coquerel dans une tribune.

Cette violence doit cesser, et pour qu’elle cesse, il faut que l’État garantisse l’égalité républicaine dans nos quartiers. Cela passe par plus de service public, des moyens aux associations pour faire de la prévention… mais aussi le désarmement des cités !

Proposition de loi des insoumis à l’Assemblée

La France Insoumise est sur une autre politique que celle appliquée jusqu’à maintenant, une politique basée sur le duo prohibition-répression. Elle propose la légalisation du cannabis (80% du trafic) sous contrôle strict de l’Etat, de la production à la vente. Elle s’appuie sur une politique ambitieuse de prévention des risques et de santé. Au Canada, elle a permis de réduire le commerce illicite de cannabis de près de 60% en deux ans.

Le député Eric Coquerel a initié une proposition de loi transpartisane le 25 mai avec quinze autres parlementaires issus de plusieurs groupes de l’Assemblée nationale.  Cette proposition de loi « relative à la lutte contre le commerce illégal de drogues » vise à offrir plus de moyens pour investiguer et remonter les filières, tant pour la police, la justice que pour les enquêteurs fiscaux et la douane, et prévoit le retour d’une police de proximité.

Par Katia Yakoubi, Co-Referente du livret Quartiers Populaire de La France insoumise