Chine : premier cas humain de grippe aviaire H10N3

Une nouvelle dont on se serait bien passé. Après plus d’un an de pandémie mondiale de coronavirus, la Chine a rapporté ce mardi 1er juin 2021 un premier cas mondial chez l’être humain de grippe aviaire H10N3. Une pathologie frappant d’ordinaire les oiseaux. Le pays assure que « le risque de diffusion à grande échelle est extrêmement faible », mais comment ne pas repenser à Wuhan et au Covid19. Le lien entre notre modèle économique et la multiplication des virus est désormais acté. Notre article.

Le premier cas humain de grippe aviaire est un patient de 41 ans, originaire de la ville de Zhenjiang, a été hospitalisé le 28 avril dernier pour une fièvre. Les médecins ont conclu un mois plus tard qu’il était atteint de la grippe aviaire H10N3, a indiqué le ministère de la Santé chinois ce mardi 1er juin 2021. Une pathologie jusqu’ici réservé aux oiseaux.

Le Covid-19 a mis en évidence le lien entre destruction systématique de la nature et menace sur la santé humaine. Voilà la leçon qu’il faut tirer de l’année 2020. La directrice générale de WWF Véronique Andrieux et Isabelle Autissier, présidente de WWF France en font un résumé dans une tribune publiée par « Le Monde » le 13 janvier dernier. Leur diagnostic est conforme à la démonstration que faisait Jean-Luc Mélenchon au mois de mai 2020, le phénomène sanitaire est d’abord un fait écologique et celui-ci est d’abord un fait social : l’objectif du moindre cout du travail et de la production.

Les facteurs constitutifs des épidémies se sont aggravés. Tout d’abord, la déforestation s’accélère d’une façon vertigineuse. Le WWF tirait la sonnette d’alarme à ce sujet dans un récent rapport. La Terre, qui était couverte à 50 % de forêts il y a huit mille ans, ne l’est plus qu’à 30 %. Elle est la traduction concrète d’un modèle agro-industriel absurde qui consiste à faire pousser du soja à la place des arbres à un bout de la planète pour ensuite nourrir nos bêtes de l’autre côté de l’Atlantique.

Par ailleurs, la multiplication des élevages concentrationnaires de masse et leurs conditions terribles favorisent ensuite la multiplication de virus. Une fois transmis aux hommes, ceux-ci se propagent par les réseaux tentaculaires qui interconnectent les « bouillons de culture » humains appelés mégapoles. C’est bien par l’impact de l’activité humaine sur la biodiversité que tout démarre. Le lien entre érosion de la biodiversité et pandémies est désormais acté.

70 % des maladies émergentes (Zika, Ebola, Nipah, etc.) et presque toutes les pandémies connues (par exemple la grippe, le VIH, le Covid-19) ont pour origine des zoonoses, c’est-à-dire des maladies causées par des infections d’origine animale.

D’après les scientifiques, il existerait 1,7 millions de virus inconnus chez les mammifères et les oiseaux. Entre 540.000 à 850.000 d’entre eux auraient la capacité d’infecter les humains. On comprend que les pandémies risquent d’être plus fréquentes et plus meurtrières sans modification en profondeur de notre modèle de production, de consommation et d’échanges.

Le programme des insoumis, « l’Avenir en Commun », en propose justement les grandes lignes directrices, notamment la bifurcation écologique vers un modèle d’agriculture écologique et paysanne qui bannit les fermes-usines et accroît notre souveraineté alimentaire. Il y a urgence.