FRA : journée de niche parlementaire de la France insoumise - Paris, 4 juin 2020. ENG :

Limiter les impacts négatifs de la publicité : entretien avec la députée insoumise Sabine Rubin

Entretien exclusif de l’insoumission avec Sabine Rubin, députée France Insoumise de Seine-Saint-Denis, rapporteure de la proposition de loi pour limiter les impacts négatifs de la publicité qui sera portée le 6 mai 2021 dans le cadre de la niche parlementaire des insoumis.

Bonjour Sabine Rubin. Pourquoi cette proposition de loi ?

Nous sommes tellement noyés de messages publicitaires que nous ne nous en apercevons même plus ! Chaque jour, ce sont 1 200 à 2 200 réclames qu’on nous inflige, à la télévision, à la radio, dans la rue, sur Internet, du matin au soir… Ce sont 30 milliards d’euros qui sont dilapidés chaque année, en grande majorité par d’immenses multinationales, pour nous manipuler ; autant de ressources qui ne financent pas l’investissement et la transition écologique. Pire, la publicité nous incite à un consumérisme débridé, nuisible pour notre santé et pour la planète, quand ce n’est pas la publicité elle-même qui pollue. Je pense notamment aux panneaux numériques : pour 2㎡ d’affichage, ils ont la même consommation annuelle qu’un foyer avec enfant !

Que proposez-vous ?


Il s’agirait d’interdire, comme y est favorable une majorité de français, la publicité pour des produits nuisibles pour la santé ou pour l’environnement. Prenons la nourriture par exemple : c’est un véritable enjeu de santé publique dans un pays où un adulte sur deux est en surpoids et où un sur six est obèse. Je pense notamment aux enfants et adolescents, qui sont particulièrement vulnérables aux publicités pour la malbouffe. Quant à l’environnement, il est révoltant qu’on puisse encore nous pousser à renouveler des voitures ou des téléphones encore fonctionnels, quand on sait le coût écologique de leur production ! Nous proposons aussi d’interdire toute publicité numérique ou lumineuse, pour mettre un terme au gaspillage d’énergie et à la pollution lumineuse qui menace la biodiversité. Enfin, nous voulons interdire la publicité dans les gares, aéroports, et stations de transports publics, autant d’espaces collectifs aujourd’hui saturés.

Quelle différence avec les mesures prévues par LREM dans la loi « climat et résilience » ?


J’aime bien la formule de mon collègue Loïc Prud’homme, qui a parlé de « combattre des requins avec un pistolet à bouchons ». Le gouvernement et la majorité affectent de croire qu’on peut s’en remettre à la responsabilité individuelle des publicitaires, des producteurs, et in fine des citoyens, envisagés seulement comme consommateurs. Ces politiques volontaristes d’autorégulation sont inefficaces. Qu’on pense à la loi Évin : si nous ne sommes pas abreuvés de publicités pour le tabac et l’alcool, nous le devons aux interdictions claires qui ont été votées en 1991. C’est notre tour de prendre une position ferme pour protéger l’environnement, notre santé, et celle de nos enfants.