Scandale : mort d’un nouveau né après une intervention policière dans le Nord-Pas-de-Calais

Rwpak, une jeune femme exilée originaire du Kurdistan irakien, a perdu son bébé suite à une intervention policière dans la nuit du 2 septembre 2020 sur une plage située entre Calais et Dunkerque. Les policiers arrivés sur place pour empêcher la famille de traverser la Manche n’auraient pas prêtés assistance à la jeune femme enceinte, qui a ensuite perdu son bébé à l’Hôpital. La famille a porté plainte contre les forces de l’ordre le 19 février pour « violences volontaires sur une femme en état de grossesse ayant possiblement causé le décès de son enfant à la naissance ». Récit.

Âgée de 35 ans, Rwpak est originaire du Kurdistan Irakien qu’elle a fui avec son mari Hazhar (40 ans) et leurs deux enfants (Anas, 9 ans et Eilarya, 2 ans).
La nuit du 2 septembre 2020, cette famille tente, pour la troisième fois, depuis One-Plage (une plage située entre Calais et Dunkerque) de traverser la Manche afin de rejoindre l’Angleterre.
Enceinte à un stade très avancé, Rwpak est pressée d’atteindre la rive opposée de la Manche, dans l’espoir d’accoucher en Angleterre et que ses enfants puissent aller à l’école à la rentrée prochaine.

Alors que la famille tente, accompagnée de 6 autres personnes de monter à bord d’un bateau, des gendarmes en patrouille apparaissent. Ils s’emparent du moteur du pneumatique et interpellent l’ensemble du groupe de migrants qu’ils emmènent plus loin, au bord de la route, pour confisquer leurs gilets de sauvetage.

Quelques instants plus tard, Rwpak perd les eaux. Selon elle, elle en aurait informé les gendarmes. Ils auraient prévenu leur supérieur en disant à la famille d’attendre, mais ne lui auraient pas porté assistance. Le groupe aurait été retenu par les gendarmes sur place, dans le froid, pendant de longues heures. Malgré les tentatives de Rwpak et de son mari d’expliquer la situation et de demander secours, les gendarmes auraient refusé de leur venir en aide. Seul un agent aurait tenté de le faire mais celui-ci n’avait pas d’autorité sur le reste de la patrouille.
Des agents de la PAF, appelés sur place pour venir interpeller deux hommes du groupe soupçonnés d’être des passeurs, auraient eux aussi refusé à Rwpak toute aide.

À 7h du matin, les gendarmes quittent les lieux et laissent la famille sur place. Celle-ci regagne un arrêt de bus et y allume un feu pour se réchauffer. C’est alors qu’une autre patrouille de gendarmerie les aurait repérés et aurait appelé une ambulance qui aurait emmené la mère – toute seule – au centre hospitalier de Calais.

Les examens réalisés sur la nouvelle née, Aleksandra, révèlent de graves problèmes respiratoires et neurologiques. Le nourrisson fait un arrêt cardiaque, et du sang s’est logé dans ses poumons. Après trois jours de réanimation, en vain, la petite fille est extubée et décède dans la foulée. Les médecins auraient indiqué à Rwpak que si elle avait été prise en charge quelques instants plus tôt, l’issue n’aurait pas été la même.

La version de la préfecture, elle, est complètement différente : celle-ci prétend qu’au moment de l’interpellation, aucune des personnes présentes sur les lieux n’aurait « fait état de difficultés particulières », ni aux gendarmes, ni aux agents de la PAF et que le groupe aurait été relâché dans la foulée.

Epaulés par une avocate, Rwpak et Hazhar ont déposé plainte contre les forces de l’ordre le 19 février pour « violences volontaires sur une femme en état de grossesse ayant possiblement causé le décès de son enfant à la naissance ».


Une enquête a été ouverte par l’IGPN qui dit « prendre très au sérieux » cette affaire mais doit encore déterminer si elle est compétente. Le lieu exact de l’interpellation doit lui être encore être établi afin d’identifier le parquet compétent.

Dans l’attente d’une avancée dans ce dossier qu’ils savent long, Rwpak et Hazhar ont finalement réussi une quatrième traversée et ont rejoint Londres où ils attendent d’obtenir le statut de réfugiés.