En marche vers la casse de l’emploi

L’eurodéputée insoumise Leïla Chaibi publie, avec les Amis de la terre, une étude indépendante qui démontre que pour 1 emploi de e-commerce créé par une grande entreprise, 6 sont détruits dans les petites entreprises. L’expansion du e-commerce a ainsi détruit 81 000 emplois en France, 79 000 en Allemagne et 44 000 en Espagne en 10 ans.

Cette étude a été menée par Ano Kuhanathan, économiste membre du conseil scientifique de l’Institut Rousseau, et Florence Mouradian, consultante et ex-économiste de l’OCDE. Elle fait l’effet d’un couperet : non seulement l’expansion du e-commerce en France, en Allemagne et en Espagne n’a pas créé d’emplois, mais elle en a détruit massivement entre 2009 et 2018. En France, 81 000 emplois ont disparu dans le commerce non alimentaire du fait de l’expansion du e-commerce.

En effet, le recours croissant au e-commerce a engendré au total 114 000 destructions d’emplois dans le commerce non alimentaire en France entre 2009 et 2018 (soit 16,8 % des effectifs de 2018). L’étude démontre que ce sont les commerces de proximité qui sont les plus durement touchés. Concernant les secteurs, les pertes d’emplois les plus importantes ont eu lieu dans l’habillement. Ce que nous avons déjà pu constater avec les licenciements massifs chez Camaïeu (541 emplois concernés), André (188 emplois et qui a terme ne va seulement conserver que 55 magasins sur 288) ou encore Nafnaf (129 postes) pour ne citer qu’eux.

1 emploi de e-commerce créé dans une grande entreprise entraîne la destruction de 6 emplois dans le petit commerce

Les principales victimes du e-commerce en France, comme en Europe, se révèlent donc être les commerces de petite taille, avec 121 000 emplois détruits dans les PME de moins de 20 salariés, et 9 000 dans les entreprises de 20 à 250 salariés.

A contrario, la progression du e-commerce aurait ainsi favorisé la création d’environ 16 000 emplois dans les entreprises de plus de 250 salariés, bien loin donc de compenser les pertes !

Quant au transport de marchandises, souvent mis en avant par les plateformes comme un secteur où l’e-commerce crée de nombreux emplois, les économistes n’ont pu trouver de créations nettes dues au e-commerce dans les statistiques des pays étudiés. L’une des raisons probables : le recours massif à des travailleurs détachés de l’est de l’Europe dans le secteur du fret.

Les scénarios prospectifs des deux économistes, projettent entre 46 000 et 87 000 destructions supplémentaires d’ici 2028 en France, entre 118 000 et 152 000 en Espagne !

Ces résultats pourraient encore être accentués par les effets cumulés du COVID et de la pression à la rentabilité de l’actionnariat de la grande distribution.

Dans une autre étude, l’organisation ATTAC vient d’estimer que la place de marché d’Amazon avait fraudé 1 milliards d’euros de TVA en 2019. Au-delà de cet impact économique, il ne faut pas oublier l’effet désastreux du e-commerce sur la planète : augmentation du fret aérien et du transport du à la livraison, mais aussi artificialisation massive des terres via la construction de méga-entrepôts.

Alors qu’Emmanuel Macron et son gouvernement déroulent actuellement en France un véritable tapis rouge au e-commerce, et particulièrement à Amazon, leur faux argument du chantage à l’emploi tombe définitivement. Ce gouvernement ne peut continuer plus longtemps de favoriser en toute connaissance de cause l’expansion d’un modèle qui détruit massivement des emplois.

Comme de nombreuses associations, collectifs, politiques, mais aussi la Convention Citoyenne pour le Climat, Leïla Chaibi en appelle à la mise en place d’un moratoire sur la construction de nouveaux entrepôts de e-commerce.

Sans ce moratoire, de nouveaux entrepôts seront construits, s’ajoutant à la liste des quatorze sites Amazon déjà inaugurés depuis un an.

Ne laissons pas le e-commerce s’étendre au détriment de nos petits commerces.

Il est urgent d’agir !