Depuis des annĂ©es, les habitants de Guadeloupe doivent vivre avec des coupures permanentes d’eau courante, parfois partielles, parfois totales. L’Insoumission a recueilli des tĂ©moignages sur cette situation « indigne de la France ».
Je n’ai pas d’eau du tout
« Moi, personnellement, j’ai pas d’eau du tout. J’ai pas une goutte d’eau qui arrive Ă mon robinet. On me facture l’abonnement. On me met sur ma facture : “0m3 consommĂ©s”. » nous confie ClĂ©ment N., habitant de Capesterre-Belle-Eau. « Donc je suis obligĂ© de tous les jours aller chercher de l’eau. Non seulement de l’eau pour la lessive et tout ce qu’il y a Ă faire dans la maison, mais je dois acheter encore de l’eau pour boire.«Â
Freddy Beny, porte-parole depuis 2016 du mouvement de contestation citoyen sur cette thĂ©matique, contextualise : « La commune de Capesterre, il faut le rappeler, c’est la commune oĂą est produite la majeure partie de l’eau distribuĂ©e en Guadeloupe, et paradoxalement, nous avons de gros soucis de distribution d’eau. Aujourd’hui voilĂ plus de 10 ans, voire mĂŞme plus que le problème dure.«Â
En cause : des infrastructures vétustes laissant s’échapper tout ou partie de l’eau.
« Tout le monde le sait, les rapports sont déjà sortis là -dessus, nos réseaux d’eau sont pourris ! Il faut repartir avec du neuf. » relate Sylvain Souchit, un habitant.
Les municipalités et le département tentent de pallier au problème en installant des citernes pour la population, y compris dans les écoles primaires et maternelles. Problème : l’eau contenue dans ces citernes n’est pas potable.
M. Souchit déplore « C’est malheureusement la réalité, en 2020, dans un département français, dans l’école de la République. On est obligés de placer des citernes pour permettre à nos enfants de pouvoir se laver les mains dans cette situation de crise sanitaire que nous connaissons. »
Refaire les canalisations Ă neuf
Les GuadeloupĂ©ens manifestent depuis des annĂ©es pour alerter sur une situation indigne de la France. Freddy Beny nous dĂ©crit son combat : « Nous avons, Ă partir de 2016 et jusqu’à aujourd’hui, rencontrĂ© plusieurs reprĂ©sentants de l’État : des prĂ©fets, des secrĂ©taires d’État, des ministres de l’Outre-mer, … Les problèmes aujourd’hui ne sont pas rĂ©glĂ©s et au vu de comment se dĂ©roulent les choses, nous pensons que ces problèmes vont encore perdurer pendant un certain temps.«Â
RĂ©cemment, la liquidation prĂ©vue de l’entreprise privĂ©e dĂ©tenant 80% du rĂ©seau d’eau de Guadeloupe a entraĂ®nĂ© de nouvelles pĂ©nuries et coupures d’eau, dĂ©clenchant des manifestations sur l’île. Les habitants excĂ©dĂ©s exigent une action de l’État, via un plan d’investissement. ClĂ©ment N. martèle : « La tuyauterie est vĂ©tuste. Il faut qu’ils refassent toutes les canalisations, reprendre le tout Ă neuf. Sans quoi, on aura les mĂŞmes problèmes.«Â
Des travaux qui coĂ»teraient… trois fois moins que ce que rapportait l’ISF chaque annĂ©e
« Qui est mieux placĂ© que l’État aujourd’hui pour prendre en main cette problĂ©matique ? » conclut Sylvain Souchit. « Il y a lieu aujourd’hui qu’il y ait une mobilisation de la puissance publique en mettant des moyens financiers consĂ©quents pour rĂ©gler cette problĂ©matique de l’eau en Guadeloupe.«Â
Dans un rapport de 2018, la Cour des comptes chiffrait ce plan à 1 milliard d’euros, soit 30% de ce que rapportait l’Impôt de Solidarité sur la fortune supprimé par Macron.