ArcelorMittal brise des vies, Macron et Bayrou capitulent en refusant la nationalisation

ArcelorMittal. Le 1er mai, des centaines de milliers de personnes ont déferlé dans les rues contre la guerre sociale d’Emmanuel Macron et François Bayrou. Dans les cortèges, la colère face à des patrons voyous était bien palpable. Parmi eux, Lakshmi Mittal. Depuis presque 20 ans, cet homme d’affaire indien s’est fait une mission de prendre […]

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ArcelorMittal. Le 1er mai, des centaines de milliers de personnes ont déferlé dans les rues contre la guerre sociale d’Emmanuel Macron et François Bayrou. Dans les cortèges, la colère face à des patrons voyous était bien palpable. Parmi eux, Lakshmi Mittal. Depuis presque 20 ans, cet homme d’affaire indien s’est fait une mission de prendre à la gorge les travailleurs français de l’industrie sidérurgique, jusqu’à cet énième plan social contre lequel travailleurs, syndicats et partis de gauche se mobilisent.

Annoncé en avril, il ferait disparaître 636 emplois, particulièrement sur le site de Dunkerque, l’un des derniers pôles de l’industrie sidérurgique en France. Face à ce projet inique qui, comme d’habitude, n’obéit à aucune nécessité sinon celle de la cupidité actionnariale, les rassemblements se sont multipliés ces dernières semaines. Rien que ce mardi 13 mai, des centaines de travailleurs se sont rassemblés devant le siège du groupe pour dire leur angoisse et leur rage. Les insoumis sont aux avant-postes du soutien à la lutte, comme Aurélie Trouvé qui a passé son 1er mai à Dunkerque avec les travailleurs menacés avec les députés insoumis Gabrielle Cathala et Aurélien Le Coq.

Comme d’habitude face à Mittal, le gouvernement a manifestement choisi la capitulation. De fait, le milliardaire indien aurait tort de se priver, puisque cela fait quasiment 20 ans qu’il peut compter sur une complicité passive et active des pouvoirs publics dans ses projets antisociaux. L’Insoumission vous livre un historique pour mieux comprendre.

Des décennies de capitulation face à Lakshmi Mittal, contre les travailleurs, contre la santé et pour les profits

Tout commence en 2006 quand Arcelor, fleuron industriel français, est victime d’une OPA hostile de la part de Mittal, avec une promesse : pas de restructurations ! Alors que tout le monde savait déjà à quoi s’en tenir sur la valeur à accorder à la parole d’un industriel notoirement dénué de scrupules, le gouvernement n’a évidemment rien fait pour empêcher ce qui ne fut rien d’autre qu’une spoliation de l’outil industriel français, préfigurant la violence sociale à venir.

Dès 2009, Mittal annonçait un plan social extrêmement violent en Moselle, à Gandrange, fermant le site et détruisant 595 emplois. Puis en 2012, Florange. Les hauts-fourneaux qui tournaient depuis des décennies s’arrêtèrent, 629 personnes subirent un nouveau plan social et les pouvoirs publics se contentèrent d’une vague promesse d’investissements de la part de Mittal. Dans la période qui suivit, les dirigeants du groupe firent la preuve de leur nocivité en s’illustrant dans différents domaines.

La mort des travailleurs sous leur responsabilité, d’abord. Puisqu’en 2015 il y eut 4 décès en un an de travailleurs sur les sites de Dunkerque et Fos, dans une indifférence totale, alors que le recours à des sous-traitances au rabais était dénoncé en vain. En matière écologique, encore, il y a le scandale de la Fos-sur-Mer, pour lequel ArcelorMittal a été mis en examen très récemment, sur lequel on doit s’arrêter quelques instants.

La gravité extrême de cette énième affaire Mittal est encore une fois inversement proportionnelle au traitement médiatique qui lui est consacré, d’une absolue discrétion. Pourtant l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a démontré que les habitants de Fos-sur-Mer et Port-Saint-Louis-du-Rhône souffrent davantage d’asthme, de diabète ou de cancer que la population française en moyenne, du fait des émissions polluantes, dont ArcelorMittal Méditerranée est soupçonnée d’être l’un des premiers responsables.

Depuis 2018 les riverains se battent pour faire reconnaître leur préjudice, ayant d’abord porté plainte contre X, devant affronter de multiples déconvenues, jusqu’à cette mise en examen du 19 mars pour mise en danger de la vie d’autrui, faux et usage de faux, et atteintes à l’environnement, ce qui ranime un peu d’espoir chez les victimes.

Sur le volet éco-sanitaire, on notera l’incroyable opération d’enfumage de Mittal et Macron qui, main dans la main, annoncèrent un grand plan de décarbonation de Dunkerque en 2022, un « plan vert », annonce soutenue par une belle campagne de communication politique. Jusqu’à ce que, fin 2024, ArcelorMittal annonce suspendre sa décision d’investissement de 1,8 milliard d’euros affectés à la décarbonation des hauts fourneaux de Dunkerque, en arguant de la non-compétitivité de l’acier produit en Europe.

Il faut dire qu’en même temps, depuis 2020, le groupe préparait le terrain pour détruire l’emploi à Dunkerque, en faisant baisser la capacité de production du site, en ralentissant les hauts fourneaux, en annonçant différentes mesures d’économie, jusqu’à ce que, finalement, il abatte son jeu avec ce plan social annoncé qui frappe maintenant le site de Dunkerque. Plan social, mais qui, attention, s’accompagne d’une promesse d’investissement de 1,2 milliard sur le site. Une promesse qui n’engage que ceux qui voudront bien la croire, en oubliant les promesses non tenues de 2006, de 2012, de 2022…

Pour aller plus loin : Aditya Mittal : l’héritier d’une multinationale climaticide gavée d’argent public

Des salariés au désespoir, mais des actionnaires prospères

Et pourtant. Le compte de résultat consolidé de 2024 d’ArcelorMittal nous révèle des bénéfices en hausse : 1,339 milliard de dollars contre 919 millions en 2023. L’ensemble des indicateurs financiers est jugé très satisfaisant par des investisseurs tout à fait satisfaits des performances du groupe.

D’ailleurs, au plan de la production, ArcelorMittal continue de profiter du labeur des ouvriers européens : 31,2 millions de tonnes d’acier brut produit en 2024, contre 14,3 pour ses usines brésiliennes, et 7,5 pour celles d’Amérique du Nord. Sur l’ensemble de la production annuelle de 2023, ArcelorMittal est allé vers une augmentation sensible, 57,9 millions de tonnes, contre 55,3 en 2023. Si le groupe est endetté, ce n’est pas à cause d’un manque de compétitivité, mais, notamment, du fait de sa politique actionnariale. En effet en 2024 c’est 1,7 milliard de dollars qui furent distribués aux actionnaires, dont 1,3 milliard sous forme de rachats d’actions !

Ce n’est pas tout. En 2023, ArcelorMittal reçut 300 millions d’euros d’aides publiques, en plus d’une promesse d’investissements publics de 850 millions supplémentaires ! Investissement dans quoi sinon dans les poches des actionnaires, on se le demande.

Finalement, nous sommes donc face à un groupe à la santé économique solide, rémunérant ses actionnaires de manière somptuaire, gavé d’argent public, qui ne cesse depuis 20 ans de mentir systématiquement pour commettre les pires violences sociales avec la complicité active du pouvoir en place.

Pourtant, il est des mesures qui pourraient être prises pour reprendre le pouvoir et arracher les travailleurs aux griffes de Mittal et de ses actionnaires. La nationalisation. C’est ce que réclament les insoumis aux côtés des syndicats et des salariés.

Pour aller plus loin : ArcelorMittal – Manuel Bompard exige la nationalisation, Bayrou refuse de répondre

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https://x.com/L_insoumission/status/1922602189458911563

Quand l’impuissance est un choix

Cette nationalisation se justifie à tous points de vue. D’abord, parce que même si la sidérurgie est un secteur sensible qui connaît des défis redoutables partout dans le monde, les opportunités existent. Les chantiers nécessaires pour faire bifurquer notre économie vers une transition écologique réelle imposeront des investissements d’infrastructure puissants, qu’il s’agisse de redensifier notre réseau ferroviaire ou de réindustrialiser les secteurs, d’investir dans l’acier bas-carbone pour la construction de logements sociaux ou même pour l’éolien.

Tout cela justifierait pleinement qu’une vraie vision stratégique soit enfin déployée sur une production nationalisée d’acier et, surtout, cela mettrait un terme à ce cycle infernal de privatisation des profits et d’étatisation des pertes à coups de subventions, le tout suivi de plans sociaux injustifiables.

Et puis, d’autres pays ont osé prendre des mesures fortes contre le prédateur Mittal ou ses compères, et même pas des nations dirigées par la gauche ! Ainsi, le lundi 19 février, la présidence du conseil italien a annoncé la nationalisation d’un site d’ArcelorMittal dans le sud du Pays, après un long bras de fer avec la firme qui s’engageait dans le même processus de saccage social qu’en France.

En Angleterre, c’était British Steel qui se voyait menacé par son propriétaire chinois Jingye, qui s’apprêtait à détruire 2.700 emplois. Les anglais, pourtant, forcèrent au maintien de l’activité sous peine de lourdes sanctions : résultat, British Steel capitula devant la puissance publique et renonça au plan de licenciement des salariés des deux hauts fourneaux anglais.

Il est possible, malgré le dogmatisme du pouvoir macronien et le culte de la libre entreprise, d’agir. L’impuissance est un choix et qu’il suffirait que l’État social secoue ses chaînes pour que les Mittal de tous pays reculent. Ce n’est pas à l’ordre du jour pour Macron qui a bien fait comprendre aux français que le drapeau blanc était déjà déposé aux pieds de Mittal. Aux côtés des salariés et des syndicats, les insoumis poursuivent la mobilisation pour exiger la seule mesure logique à même de sauvegarder l’outil industriel et les emplois : la nationalisation.

Par N.B.

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Les Crayons de L’insoumission, par Jean-Luc Dunis.

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