mercredi 23 avril

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Traitement politico-médiatique des mobilisations des cheminots : concerto de mensonges et de mépris 

Sur CNEWS, BFM, LCI, chaque année la même histoire. À chaque grève le même numéro : les cheminots passent de héros à zéros, de sauveurs à lâcheur, de travailleurs à fainéants et à preneurs d’otages. Dès que les cheminots font valoir leur droit inconditionnel et constitutionnel à la grève, c’est tout l’édifice médiatico-politique qui leur […]

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Sur CNEWS, BFM, LCI, chaque année la même histoire. À chaque grève le même numéro : les cheminots passent de héros à zéros, de sauveurs à lâcheur, de travailleurs à fainéants et à preneurs d’otages. Dès que les cheminots font valoir leur droit inconditionnel et constitutionnel à la grève, c’est tout l’édifice médiatico-politique qui leur tombe dessus.

En parallèle, le ministre des transports, Philippe Tabarot « fait le tour des plateaux télés avec sa proposition de loi pour encadrer le droit de grève. » a rappelé ce matin le député LFI Thomas Portes, le qualifiant comme « ministre anti-cheminots et anti service public ». Retour sur le traitement médiatique récent des mobilisations cheminotes. Notre article.

La grève : un droit constitutionnel dans le collimateur des médias bourgeois

Préambule de la Constitution de 1946, article 7 : “Le droit de grève s’exerce dans le cadre des lois qui le réglementent”.

Le préambule de la Constitution de 1946 a aujourd’hui valeur constitutionnelle, c’est-à-dire que les principes qu’il énonce ont le même poids dans la hiérarchie des normes que celui de la Constitution de la Vème République. Ainsi donc du droit de grève.

Cela n’empêche pourtant pas sa remise en cause constante sur les plateaux et les antennes des médias bourgeois. Ainsi récemment de l’avocate génocidaire Sarah Saldmann, coqueluche des médias de Bolloré et de certains députés-documentaristes, qui pleurnichait il y a quelques jours sur Europe 1 quant à la mobilisation à venir de cheminots pour la dignité de leurs conditions de travail. Comme d’habitude, c’est l’insupportable et insultante rhétorique de “preneurs d’otages” qui fleurit dans la bouche des bourgeois.

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Ainsi également de CNEWS le 5 janvier dernier, qui, par le biais de sa chroniqueuse Judith Waintraub, faisait l’apologie d’une remise en cause du droit de grève en proposant son encadrement pour les cheminots et en s’indignant d’un « scandale français que rien n’ait jamais été fait » sur le sujet,  rêvant ni plus moins que de ressusciter le régime de Vichy où Pétain avait interdit les syndicats et le droit de grève avec la charte du travail. Tout cela, bien évidemment, sous le regard approbateur des éditorialistes sur le plateau.

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Sur CNEWS c’est également Michel Onfray qui traînait dans la boue les syndicats de la SNCF au moment de leur refus de faire la publicité du livre de Jordan Bardella dans les gares. «  Je n’ai pas vu que la gauche de la SNCF ait refusé de conduire des trains qui conduisent les déportés dans les camps de la mort » a-t-il osé déclarer. De tels propos ne sont autres qu’une négation de l’histoire des cheminots qui ont écrit de leur sang l’histoire de la résistance française.

Comme l’avait alors notamment rappelé le député de la France insoumise Bérenger Cernon, cheminot, l’engagement des travailleurs du rail dans la résistance à l’occupant nazi fut réprimé par des milliers de morts, d’internements et de tortures.

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Mais l’acharnement de la presse bourgeoise-réactionnaire contre les cheminots ne se limite pas aux plateaux de Bolloré, et pas même à l’audiovisuel. Ainsi, du côté de la presse écrite, Le Figaro en a fait un fonds de commerce. 

On notera par exemple un numéro complet du Figaro Magazine de novembre 2024 intitulé “Le scandale des cheminots” où ne se mêlaient que fake news, haine des syndicats et du service public.

On notera également, le même jour, que les réseaux sociaux du Figaro ont annoncé des grèves cheminotes à venir en ne mentionnant exclusivement que les conséquences de cette mobilisation sur les usagers et le budget de la SNCF, sans mentionner par exemple que son bénéfice a été de 1,3 milliards d’euros en 2023, et de 1,6 en 2024.

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C’est plus largement toute l’architecture médiatique dominante, de BFM à LCI, de CNEWS  au service public qui cadre systématiquements ses reportages et témoignages sous l’angle rhétorique de la “prise d’otage”, des “privilégiés” de la SNCF et des pauvres bourgeois qui ne pourront pas profiter de leurs vacances à Deauville ou à Arcachon.

Suicide d’un cheminot le soir du réveillon, remise en cause du droit de grève : le mépris, les menaces et les mensonges du ministre des Transports

Mais bien-sûr, le mépris, les obsessions et les mensonges des médias dominants quant aux cheminots et à leurs mobilisations servent un discours plus large, celui des représentants du système politique libéral-réactionnaire. 

Ainsi ces derniers temps de l’actuel ministre des transports lui-même, Philippe Tabarot – par ailleurs visé par une enquête pour détournement de fonds public. Alors encore sénateur, Philippe Tabarot déposait au Sénat en avril 2024 une proposition de loi prévoyant un quota de trente jours par an durant lesquels les personnels de transport seraient privés de leur droit de grève, avec une limite de sept jours d’affilée par période d’interdiction. Si cette proposition de loi portant remise en cause du droit constitutionnel à la grève n’avait pas été examinée par l’Assemblée nationale, elle avait en revanche été adoptée au Sénat.

Pour aller plus loin : Financement du ferroviaire : les trains de la colère entrent en gare

De même Philippe Tabarot a récidivé ces derniers jours à l’occasion de l’annonce de la mobilisation de contrôleurs SNCF les 9, 10 et 11 mai prochain pour réclamer de meilleures conditions de travail. Là encore, le mépris de base contre les cheminots et les grévistes est de sortie, et là encore, c’est Philippe Tabarot qui s’y colle. Ainsi invente-t-il des augmentations de salaires dont personne n’a jamais entendu parler pour discréditer les revendications des cheminots, mettant leurs conditions de travail en comparaison de celles de “personnels pour qui la tâche et la pénibilité sont beaucoup plus importantes” sans bien sûr ni les nommer, ni les expliquer, ni, surtout, proposer des solutions pour lutter contre cette pénibilité.

Mais le fait d’arme le plus glaçant de Philippe Tabarot dans son mépris des cheminots réside probablement dans sa prise de position à la suite du suicide d’un cheminot le soir du réveillon de Noël. Sans un mot de compassion pour le cheminot décédé, sa famille et ses collègues, Philippe Tabarot a osé déclaré que “ça aurait pu être plus grave s’il avait voulu faire dérailler son train

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Cet épisode tragique avait par ailleurs été l’occasion de constater toute l’indignité du traitement médiatique ordinaire réservé aux cheminots.

Ainsi ce jour-là, en boucle sur les plateaux de télévision, BFMTV en tête, on enchaînait les reportages sur les “réveillons ratés” et les passagers qui mangeront la dinde froide. Au delà des reportages sensationalistes mais sans aucune information complémentaire, Le Figaro se vautrait quant à lui dans la honte la plus absolue en postulant que la cause du suicide de ce conducteur de train était son fils autiste. 

Face à l’indignité de ces déclarations et du traitement médiatique de l’évènement, le député de la France insoumise Béranger Cernon, cheminot, avait rappelé dans une intervention pleine de dignité et de gravité que “Le symbole de se jeter d’un train le 24 au soir n’est pas anecdotique”, et que la persécution systématique des cheminots par la presse bourgeoise, tantôts traités de terroristes ou de preneurs d’otages, impacte nécessairement leur vie privée. La mort d’une personne, quelle qu’elle soit, sera toujours plus tragique qu’un réveillon où l’on arrive en retard.

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La France insoumise en soutien des mobilisations cheminotes et de toutes les luttes sociales

Au-delà des exemples de Philippe Tabarot ou du Figaro, c’est l’ensemble de l’édifice bourgeois, des macronistes aux Républicains en passant par le Rassemblement national et Éric Zemmour qui lors de chaque épisode de mobilisation hurlent en chœur pour jeter les cheminots à la vindicte des plateaux de télévision.

Ce traitement médiatico-politique insupportable lorsque l’on connaît la réalité s’inscrit dans la longue tradition d’acharnement de la presse bourgeoise contre la SNCF et les cheminots, un acharnement dont la raison est sans doute à trouver dans la mobilisation historique des cheminotes et cheminots pour les droits des travailleurs, dans leur longue tradition de lutte sociale.

La France insoumise de son côté, à l’image notamment de ses députés Thomas Portes et Bérenger Cernon, tous deux cheminots de profession, sont chaque jour mobilisés pour combattre le mépris de la droite et de l’extrême droite face aux revendications légitimes des travailleuses et travailleurs du rail.

Défendant inlassablement le droit de grève, les travailleuses et les travailleurs en lutte, les insoumis sont de toutes les mobilisations et de tous les cortèges pour la défense et la conquête des acquis sociaux, comme ils le seront ce 1er mai à l’occasion de la journée internationale des droits des travailleuses et des travailleurs.

Dans une France capitaliste néolibérale où les grévistes sont considérés comme des fainéants et des preneurs d’otage, dans une France où le droit de grève est remis en cause, où le mépris constant envers les grévistes s’acharne sans relâche, la France insoumise entend rendre à la SNCF et aux cheminots la place et la reconnaissance qui doit être la leur dans l’histoire et pour l’avenir du pays. 

Pour aller plus loin : rendre le train moins cher, accélérer la bifurcation écologique des mobilités : la proposition de loi du député LFI Bérenger Cernon

Reconnaissance pleine et entière du rôle des cheminots dans la résistance à l’occupation nazie, arrêt de la mise en concurrence et du démantèlement du fret ferroviaire, affirmation du rôle fondamental du train pour la bifurcation écologique des mobilités, rendre le train accessible à tous les citoyens, renforcement des moyens de la SNCF : voilà ce que doit remplacer le mépris et les insultes contre les cheminotes et les cheminots.

Par Lubin Caulier

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